Publié le 18 Octobre 2023

🔸 La saison des pluies arrive et avec elle les boues et la neige. L’offensive d’été est terminée. Ne tournons pas autour du pot, l’offensive d’été Ukrainienne est globalement un échec. Non seulement de grands objectifs comme Marioupol, Berdiansk ou la Crimée ne sont pas repris mais les objectifs intermédiaires comme Tokmak ou Enerhodar non plus.


Reste à comprendre et tirer les leçons de cet échec.  (Merci au passage à Clément Molin pour certains éléments d’analyse).

Tout d’abord le lieu de l’offensive n’était sans doute pas le bon. Les 3 axes d’attaques étaient les axes les plus défendus par l’armée russe et les plus probables. Contrairement aux offensives précédentes il n’y a pas eu d’opération de diversion alors que la longueur du front le permettait.  Certes il y a bien eu quelques attaques sur le Dnipro, les incursions à Belgorod et une contre-offensive à Bakhmout mais les moyens étaient beaucoup trop limités pour faire croire à une « vraie » offensive.
Bien sûr c’est toujours plus facile de le dire sur son siège à l’abri. Mais justement, si on tient à la santé de ses hommes on évite de les lancer dans l’endroit le plus miné avec 3 lignes de défense installées.

Ensuite les modalités. Les généraux Ukrainiens ont choisi d’attaquer avec des blindés plutôt légers  (Maxxpro, des Kirpi, des Husky, AMX-10RC et quelques T72/T64 des bataillons blindés ) sans réellement déminer le terrain. Difficile donc de progresser.  

Quelques villages sont pourtant pris et le front est percé. La 36ème BiMa prend Levadne mais se trouve dans l’incapacité de pousser jusqu’à Pryytune et Stepove à cause de ses pertes. 23ème Mec s’empare de Nvodarivka mais ne pousse pas plus loin (pour une raison que l’on ignore encore). La 31ème échoue devant Rivnopil.  Plus à l’Est les 35ème BiMa 68 Jager et 93 Mec percent au Sud de Velika Novosilka et un mouvement de panique s’amorce chez les forces russes. De nombreux prisonniers sont faits. Mais ils échoueront à s'emparer rapidement de Makarivka puis Staromaiorske.

Enfin la 37ème BiMa lance une bonne partie de son équipement à l'assaut de Novodonetske et de Blahodatne. Malgré l'absence de chars, elle perce et fonce sur Kremenchyk et Urozhaine.
La grande erreur (qui est aussi celle des russes en ce moment sur Adviivka, on y reviendra) vient du front d’Orikhiv où les 33ème, 47ème, 65ème et 118ème Brigades Mécanisées lancent un assaut général en direction de Tokmak. 6 colonnes sur 8km de large équipées de Bradley et Léopard. C’est un fiasco. Une précédente opération de reconnaissance dans la même zone l’avait été aussi.

Trop de mine, pas assez d’artillerie, pas de maîtrise du ciel. Cela faisait beaucoup trop sans doute pour réussir cette offensive dont on attendait beaucoup. Néanmoins l’Ukraine n’a pas entamé de manière irrémédiable ses forces. C’est déjà ça.

🔸 ATACMS
La nouveauté des ces derniers jours c’est notamment ma première frappe avérée des MGM-140 ATACMS. L’Ukraine a reçu la version M39 Block 1 (la plus ancienne qui date de 1996, leur portée maximale est de 165 km).
Ces armes sont très utiles pour certaines cibles : 
- Stockages de munitions et de carburant
- Plateformes logistiques.
- Véhicules légèrement blindés et aériens. C’est justement ce qui s’est produit à  à Berdiansk où 9 hélicoptère (kh-52 et Mi-28 ?) auraient été détruits.
L’Ukraine dégrade l’artillerie et l’approvisionnement russe de manière consciencieuse. L’armée russe réplique par un approvisionnement Nord-Coréen (elle vient de recevoir pour deux mois de munitions) et par la construction d’une nouvelle route le long du littoral de Marioupol (plsu éloigné donc des frappes Ukrainiennes).
Malgré ces efforts la liaison directe entre Djankoy et Melitopol est toujours interrompue. Donc les Russes déchargent plus loin et prennent plus de risques.

Jour 603: «Bilan de l’offensive d’été et perspectives»Jour 603: «Bilan de l’offensive d’été et perspectives»

🔸 Adviivka :

Adviivka est la cible de l’offensive russe actuelle. Cette offensive avait été voulue par Poutine. Elle a donc lieu. 
C’est une ville de 35 000 habitants avant la guerre. Sans doute quelques centaines aujourd’hui seulement sans doute. Elle se trouve aujourd’hui quasi encerclée par les forces russes mais résiste depuis 2014. Elle est donc particulièrement bien défendue. Elle est un maillon essentiel avec Marinka notamment pour desserrer l’étau autour de Donetsk. 
Sur le front sud, les forces Ukrainienne ont cédé en 2022 et 2023 les villages de Vodyane, Pisky et d’Optyne (situées au Nord de l’aéroport de Donetsk). Ce la forme un saillant qui peut se refermer avec l’offensive russe au Nord de la ville. Les Russes ont ainsi choisi d’encercler la ville plutôt que de la prendre directement (après 10 ans d’échecs bientôt). 
Malgré quelques succès au départ (notamment autour de Krasnohorivka), l’attaque russe a été un fiasco impressionnant. Des centaines de blindés ont été détruits. La tactique d’envoyer des colonnes se faire détruire une à une ne cesse de me laisser perplexe. Une colonne a même été filmée en train de battre en retraite après avoir échoué à passer le pont de Vodyane. Les ATGM et équipes de drones ukrainiens ont fait la différence et ont stoppé l’assaut russe dans son élan. Malgré cet échec retentissant il reste une inquiétude pour Adviivka. Car la « pince » peut se refermer assez vite. Entre le saillant sud et Nord il n’y a que 7 km. Le village de Sjeverne au Sud paraît fragile. Les forces Ukrainiennes semblent l’avoir compris en envoyant des renforts sur zone (36ème brigade d’ifnaterie, 53ème brigade mécanisée et 110ème mécanisée au Nord).
Finalement les forces russes semblent avoir gaspillé des ressources essentielles à sa défense dans une attaque stérile.

Jour 603: «Bilan de l’offensive d’été et perspectives»Jour 603: «Bilan de l’offensive d’été et perspectives»
Jour 603: «Bilan de l’offensive d’été et perspectives»Jour 603: «Bilan de l’offensive d’été et perspectives»


🔸 Antonivka :


Un compte pro-russe hautement douteux (Rybar) a fait part d’une traversée du Dnipro à hauteur du pont ferroviaire d’Antonivka. Ce pont a été détruit par la retraite russe le 22 novembre dernier. Ce compte annonce la prise du village de Poima par les forces Ukrainiennes (35e et 36e brigades de marine) et la bataille pour la ville de Pischanivka. Si c’était vrai ça serait une réussite exceptionnelle des forces Ukrainiennes (mais une fois de plus cela me semble douteux).
Car cet endroit est peu propice à une traversée. Le sol est marécageux, le pont est inutile et il n’y a aucune grande route pour accéder à cet endroit.
Une éventuelle prise de Poima serait un point d’appui important pour attaquer Oleshky et établir une vraie tête de pont au sud du Dnipro. A voir donc.
 

Jour 603: «Bilan de l’offensive d’été et perspectives»
Jour 603: «Bilan de l’offensive d’été et perspectives»
Jour 603: «Bilan de l’offensive d’été et perspectives»
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Autres fronts. Merci à Poulet volant pour ses sublimes cartes
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Rédigé par M. Orain

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Publié le 15 Octobre 2023

Vers un conflit régional ?

Vers un conflit régional ?

La situation au Moyen-Orient est très inquiétante. Le jeu des dominos se met en place tranquillement sans que rien ne paraisse en mesure de l’arrêter. 

Le Hamas sort – pour l’instant – victorieux de cette séquence. Son action terroriste par son ampleur a remis la question Palestinienne au centre de l’actualité alors qu’elle était consciencieusement oubliée depuis de longues années. Israël se sentant à l’abri derrière le mur et le dôme de fer. La communauté internationale de son côté ne voyant pas d’issue possible s’arrangeait très bien de ce statuquo pourtant intenable. La population Gazaouie de son côté restait enfermée dans un espace minuscule et sous le joug d’un régime tyrannique et corrompu.

Le gouvernement Netanyahou gagne un répit lui aussi. Les manifestations massives contre son régime se sont transformées en unité nationale (temporaire). 

- Et maintenant ?

Plusieurs logiques vont s’affronter. Certains évènements sont prévisibles, d’autres le sont beaucoup moins. 
L’armée israélienne va envahir le Nord de la bande de Gaza. Puis certainement le sud. Cette opération militaire est difficile car en zone urbaine mais très largement accessible à Tsahal. Cette zone ne fait que 365km². C’est-à-dire 17 fois plus petit que le Loir-et-Cher (mais 7 fois plus peuplé). 

- Les premiers dominos

Logiquement l’Iran va venir en soutien au Hamas. Et l’Iran domine aujourd’hui l’Irak, une partie de la Syrie et le Liban sud (avec le Hezbollah). 
L’armée israélienne aura l’appui des USA (qui a envoyé deux porte-avions sur zone, chose exceptionnelle) et du Royaume-Uni

- Les voisins directs

La suite est beaucoup plus difficile à prévoir. 

Pour les voisins direct, la Jordanie va certainement rester neutre. Ce pays réussi avec brio a tenir un équilibre fragile. Il va continuer. 

L’Egypte, elle est dans une situation critique. Elle est en effet la seule à avoir une frontière avec Gaza. Elle joue un double jeu. Elle envoie une aide humanitaire importante tout en fermant sa frontière. Cette situation est intenable. Surtout quand la masse de réfugié arrivera à Rafah. Deux solutions pour elle. Ouvrir sa frontière et voir potentiellement 2 millions de réfugiés sur son sol ou la fermer et montrer la limite de la solidarité entre pays Arabes. Depuis 1978, l’Egypte a eu un grand avantage économique a être le premier pays Arabe à signer la paix avec Israël. Le Maroc est en train de suivre le même chemin aujourd’hui (avec en échange la reconnaissance de sa conquête du Sahara Occidental).
Au passage, cette solidarité n’a jamais réellement existé. L’Egypte et la Jordanie ne se sont pas gêné pour prendre en Gaza en 1948 et annexer la Cisjordanie en 1950 alors qu’ils auraient très bien pu mettre en place un état palestinien indépendant. 

- Les incertitudes

Certaines puissances importantes vont être décisives par leurs choix. 
Quel sera le positionnement géostratégique de l’Arabie Saoudite
Les informations sont contradictoires. Ex-ennemi juré de l’Iran elle devrait logiquement se placer en opposition à ce pays qui tend à devenir hégémonique au Moyen-Orient malgré les sanctions internationales. 
Mais ce pays est en froid avec Biden (qui voulait sanctionner Mohammed Ben Salman pour le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi). Et malgré les efforts de Biden, la rupture paraît consommée. L’Arabie Saoudite soutenant les efforts Russes pour maintenir le cours du pétrole au plus haut se positionne clairement contre les USA et leurs itnérêts.
A la surprise générale, l’Arabie Saoudite a  réussi – en même temps – à se rapprocher de l’Iran et d’Israël en 2023 de manière spectaculaire. Bien évidemment ce pays devra faire un choix. Et il sera sans doute décisif. L’Arabie reste marquée par l’intervention Américaine au Koweït et en Irak. La présence de troupes Américaines sur son sol restant une humiliation tenace. 

La place de la Chine dans le rapprochement avec l’Iran est décisive.  Pour rappel l’Arabie Saoudite et l’Iran sont opposés par la langue, l’ethnie (Arabe/Persan), la religion (Sunnite/Chiites), les frontières (limites dans le Golfe Persique) et la guerre (Au Yemen et en Syrie où ils soutiennent des camps opposés). 

La Turquie devrait rester neutre. Elle garde depuis la seconde guerre mondiale cette stratégie d’équilibre qui lui réussit plutôt bien. Cela lui permet de faire un chantage efficace à toutes les parties et vendre des armes à tout le monde.

Son allié proche, l’Azerbaïdjan va soutenir Israël. Ses deux pays sont liés par leur opposition à l’Iran. Au détriment de l’Arménie qui  a dû s’appuyer sur l’Iran (étant sa seule porte de sortie avec la Géorgie).

Le basculement ?

Reste le cas Russe. On sait depuis hier que des fonds ont été transférés depuis la Russie pour financer l’attaque du Hamas. L’alliance entre la Russie, la Corée du Nord, la Syrie et l’Iran permet de maintenir la Russie à flots pour l’instant. Reste à savoir si Poutine va aller jusqu’au bout de la logique en soutenant l’Iran contre Israël. L’Ukraine elle a déjà choisit son camp en soutenant Israël.  
Il est probable qu’Israël pousse sa logique jusqu’à intervenir contre les intérêts Iraniens au Liban, en Syrie voire en Iran même. Peut-être le début d’un domino géopolitique dont l’issue sera une recomposition totale des 
 

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Rédigé par M. Orain

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Publié le 29 Septembre 2023

Le point sur la situation actuelle


Tout d’abord j’aurai un message. Il ne pas désespérer de la situation. Le temps médiatique n’est pas le temps militaire (la reconquête sera longue et la saison se termine, elle va donc prendre une autre forme), économique (le déclin de l’économie russe va s’accélérer) ou encore diplomatique. Ce sont les évolutions qui comptent. Je suis inquiet du discours médiatique qui ne correspond pas forcément aux sondages d’opinion.

1- La bataille de l’opinion

Il n’y a pas de rupture dans le soutien ni même de lassitude réelle.
Certes il y a bien une érosion de l’image (notamment liée aux demandes répétées d’armes) et un désintérêt progressif (il suffit de regarder la télé pour s’en convaincre) mais il n’y a pas pour autant d’embellie de l’opinion vis-à-vis de la Russie.
En France
Il y a un clivage net entre les partis politiques. Chacun a son histoire et je ne rentrerai pas dans le détail ici par manque de temps. Il y a peu de surprise sur les résultats je pense pour vous.
Il y a aussi un clivage selon l’âge et selon les revenus. Plus on est riche et plus on est âgé plus on soutient l’Ukraine.

2- La bataille de l’opinion en Europe


Il ne faut pas sur interpréter la tension avec la Pologne, qui est très liée à un contexte électoral local, et je pense que les Polonais reviendront dans un soutien un peu plus ferme après l’élection présidentielle d’octobre. Le vrai risque vient des USA et de la future élection présidentielle. L’Ukraine ne peut, dans la durée, se mobiliser davantage qu’elle ne le fait aujourd’hui. Donc, son arrière, c’est nous ! C'est à nous d'avoir une mobilisation croissante pour faire face à la mobilisation croissante des Russes. Sinon, à l’horizon de deux ans, il y a un vrai risque de voir l’armée russe reprendre l’ascendant sur le champ de bataille. Sauf si son économie s’effondre.
L’image de l’Ukraine reste très positive. Et même quand elle décline, celle de la Russie ne progresse pas.
Les Occidentaux ont puisé dans leurs stocks collectivement pour fournir beaucoup de canons, beaucoup de chars, beaucoup de véhicules blindés, surtout. Et tous ces véhicules ont une durée de vie limitée parce que la guerre use les matériels. D'abord, il y a les pertes au combat, il y a les pannes, car on utilise les véhicules dans des conditions très difficiles. Et puis, souvent, il s’agit de véhicules qui datent des années 1970 ou 1980 et donc, qui n’avaient déjà plus beaucoup de potentiel.
Cela veut dire que l'Ukraine aura usé ce potentiel qu'on lui a donné d’ici un ou deux ans. Et si en Europe, on ne fait rien pour produire la nouvelle génération qui va remplacer ce matériel, l'Ukraine va perdre la guerre.

Il est de l'intérêt de tout le monde que l'Ukraine gagne rapidement. Calibrer le soutien occidental pour éviter l’effondrement de la fédération de Russie entraînerait un chaos plus dangereux et imprévisible que d’achever le conflit rapidement. Plus on traîne moins la Russie voudra arrêter cette guerre où elle a beaucoup investit. Le risque escalatoire n’existe pas (rappelez-vous qu’il a été évoqué pour les blindés, puis les chars, les HIMARS les avions, puis les missiles notamment). Autre rappel nécessaire, il est utopique de vouloir négocier avec Poutine. Il ne respecte pas les traités qu’il signe. Poutine est la menace que nous devons combattre. Il faut l’affronter.

 

Adhésion à l’UE

Si les Ukrainiens veulent intégrer l’Union européenne, leurs efforts diplomatiques devront se concentrer sur le couple franco-allemand, dont les populations apparaissent aujourd’hui les plus réticentes à cette perspective (et opinion favorable est en baisse).

Objectif militaire : Créer une brèche

Un temps très rapide sur le sujet, je fais une chronique régulière et je n’ai pas le temps de donner tous les détails (ça serait laborieux).
Sur le terrain les forces Ukrainiennes s’emploient en ce moment à créer une brèche dans la ligne Sourovikine.
Ils cherchent dans le même temps à disloquer le dispositif russe en menaçant directement la Crimée. Il n’est plus question de surprise et d’attaque massive, mais une pression constante au même endroit pour éroder cette digue. Cela déçoit les commentateurs mais il est difficile d’imaginer un nouveau « 6 juin 44 » sans avions.
Autre point d’intérêt, Bakhmout
Le véritable intérêt de la bataille de Bakhmut est de fixer et d’abîmer des unités russes qui sinon renforceraient le front principal situé en réalité autour de Robotyne, plus au sud dans la région de Zaporijia
Le front se stabilise avant la période des boues (Raspoutitsa)
Le bilan peut paraître maigre. Il est trompeur. Mais ça peut poser problème aux gouvernements occidentaux pour la continuité de leur aide.

Nouveaux matériels mais pas de « game changer »
1) GLSBD
2) ATACMS
3) F16
4) Abrams

Étonnamment pour mieux comprendre l’Ukraine il faut d’abord essayer de comprendre son agresseur : La Russie
Le conflit en Ukraine est surtout la conséquence de l’évolution du régime russe. L’agresseur dans ce conflit n’est pas la Russie mais la Russie de Poutine. Il faudra toujours le signaler car si on objecte souvent qu’il faut bien faire avec la Russie qui est « éternelle » (ce qui est faux au passage), Poutine ne l’est pas lui (il va fêter ses 71 ans le 7 octobre prochain).

Vieillissement de la population.
Le déclin de la population est l’une des obsessions de Vladimir Poutine, depuis son arrivée au pouvoir. Vieillissement progressif du régime, sa radicalisation idéologique au fur et à mesure de l'évolution sociologique. On peut ainsi tout à fait penser que si l'objectif de recréer l'empire était constant, les moyens ont évolué, et que Poutine aurait été très satisfait d'un "empire soft" avec des Etats croupions à la botte de dirigeants soumis à Moscou dans sa périphérie. C’est d’ailleurs ce qu'il a tenté d'établir (Biélorussie, Arménie, Géorgie, Kazakhstan…) et pas qu'en Ukraine, mais que justement face à l'échec de cette politique, le choix des *instruments* a évolué: l'Ukraine refusant de se vassaliser volontairement, il fallait désormais la soumettre par la force.

Augmentation artificielle de la population

En juillet, le nombre de naissances a été ramené à celui de 1945 en Russie.
Il faut lire et écouter Poutine.« Le destin de la Russie et ses perspectives historiques dépendent d’une chose : combien nous sommes et combien nous serons. » Depuis l’annexion de septembre 2022, 1,5 million d’habitants des « nouveaux territoires », comme les désigne Moscou, auraient reçu un passeport russe.
800 000 et 900 000 personnes, appartenant aux couches les plus actives et éduquées de la population ont fuit la Russie depuis le début de la guerre.
S’agissant des pertes militaires, le réservoir d’hommes est encore immense – bien plus important qu’en Ukraine.
La population de l’Ukraine est elle passé de 42 à 38 millions. Une émigration essentiellement féminine et infantile, car la loi martiale interdit aux hommes valides âgés de 18 à 60 ans de quitter le territoire national.

La société russe (A partir des travaux du sociologue Grigori Yudin)

on peut diviser la société russe en trois catégories. Le premier groupe soutient la guerre. Il est composé de personnes émotionnellement impliquées et parfois même militarisées. Ils soutiennent l’armée avec des ressources. Beaucoup demandent plus de brutalité, plus d’agressivité. Il s’agit d’une minorité — je dirais 15 à 20 % — mais qu’on entend beaucoup en raison de la distorsion de la sphère publique. Leurs voix sont incroyablement amplifiées. C’est même plus ou moins la seule voix que l’on peut entendre. Je rangerais à l’autre bout une autre minorité. Celle qui ne perçoit pas cette guerre comme juste, qui est dégoûtée par la guerre et qui la considère également comme une erreur fatale qui va entraîner beaucoup de souffrances pour la Russie. Ce n’est qu’une estimation, mais je dirais tout de même que cette minorité est légèrement plus importante que la précédente. Le troisième groupe se situe au milieu. Il est composé de personnes qui essayent de ne pas suivre ce qui se passe, de le repousser. C’est dans cette dernière catégorie que se trouve l’écrasante majorité. Ce groupe intermédiaire est fondamentalement prêt à accepter tout ce qui se passe. C’est l’attitude dominante, car la capacité d’influencer la situation est presque nulle.
La guerre est soutenue par les personnes âgées qui veulent bien du monde que les élites russes proposent. La perception de la guerre et de la situation est très différente d’une génération à l’autre.
Le deuxième clivage est celui des revenus. Ce n’est pas seulement une guerre des vieux, c’est aussi une guerre des riches. Fondamentalement, c’est une guerre de ceux qui ne vont pas y mourir. Les personnes âgées sont pour la mobilisation totale, mais ils n’iront pas à la guerre, ils y enverront leurs enfants. Il en va de même pour les revenus. Les riches ne vont pas se faire tuer. Ils enverront simplement les pauvres. Ces clivages créent de nombreuses tensions.
la guerre offre une ascension sociale aux Russes les plus modestes. Une manne financière + un statut + des perspectives d’avenir pour soi et pour ses proches. Et ne marche qu’en raison du dénuement d’un nombre important de Russes. Le retour des cercueils s’accompagne d’argent; le retour des combattants sera, lui, accompagné de violence. Et une fois les vétérans retombés dans la misère, le climat pourrait bien changer.
 

L’occident à sa part de responsabilité dans cette évolution.
L’aveuglement et la succession de mauvais choix de l’Occident ont entraîné la Russie dans le Chaos dans les années 90 (3ème voie et libéralisation du secteur économique à outrance). L’écart entre les pays d’Europe Centrale accompagnés par l’UE et l’est du continent est flagrant.
La corruption est institutionnalisée.
Le tournant des années Eltsine a été raté et a fait de cette décennie des années 90 des années noires pour la Russie. Ce désastre a entraîné un certain soulagement populaire la « remise en ordre » autoritaire par Poutine. Si la corruption n’a pas disparue (loin de là) elle s’est institutionnalisée permettant ainsi de fixer des règles claires compréhensibles par tous. L’obligation pour les conscrits russes d’acheter leur propre équipement militaire en étant un des nombreux avatars aujourd’hui.
Les truands sont devenus oligarques (c'est-à-dire la même chose en plus riches) et ont pu garder leur empire en se soumettant totalement à Poutine.
Le contrat était simple. Tu ne t’occupes pas de politique et tu pourras vivre dans une société où l’ordre est assuré. Mais ce contrat social est brisé aujourd’hui. Les Russes se sont bien désintéressés de la politique mais elle, elle s’est intéressée à eux de près.
Une corruption organisée des élites en France et ailleurs.
Peu d’échos fait à la tentative d’assassinat de Vladimir Ossetchkin en France
Sarkozy, Fillon, Maurice Leroy, Mariani, Charles d’Anjou, Régis de Castelnau, Regis le Sommier, Anne Laure Bonnel, Ségolène Royal, Dominique Delawarde, Antoine Martinez, Christian Piquemal, Jean-Bernard Pinatel, Jean Maurin, Xavier Moreau, Bernard Berrera, Aymeric Chauprade, Caroline Galactéros, Thomas Flichy de la Neuville, Yves Pozzo di Borgo, Bernard Squarcini, André Bercoff, Erwan Castel etc.

Retour en arrière pour comprendre

Les Accords de Khassaviourt (1996) mettent fin à la première guerre de Tchétchénie (1994-1996) et entérinent l'humiliation de l'armée russe
Une série de cinq attentats en Russie en 1999 contre des immeubles d'habitations entre le 31 août et le 16 septembre 1999 dans plusieurs villes de l'ouest du pays font au moins 290 morts et un millier de blessés.
Ces attaques commises à l'explosif et à la voiture piégée sont officiellement attribuées par les autorités russes à des indépendantistes Tchétchènes. Cependant, plusieurs observateurs indépendants prétendent au contraire que les autorités russes auraient organisé ces attentats pour justifier le déclenchement de la seconde guerre de Tchétchénie.

Nikolaï Patrouchev, qui vient de succéder à Poutine à la direction du FSB, annonce que la tentative d'attentat était en fait un exercice de lutte antiterroriste préparé par le FSB. La Douma rejette en 2000 deux motions demandant une enquête parlementaire sur cet incident et met au secret les documents relatifs à celui-ci pour les 75 prochaines années. Guennadi Selezniov, président de la Douma, annonce en effet publiquement le 13 septembre, quelques heures après l'explosion de Moscou (du 13 septembre) qu'une explosion a eu lieu à Volgodonsk. Or cette explosion n'a pas eu lieu à Volgodonsk, mais à Moscou. L'explosion à Volgodonsk a lieu trois jours plus tard (le 16 septembre)
A partir de 2001, une fois Grozny tombée, le président russe change de stratégie. Les attentats du 11-Septembre lui fournissent le moyen d'assimiler la répression de la rébellion tchétchène à la guerre contre le terrorisme global.
2008 Géorgie
2014 Crimée et Donbass
2015-2023 Syrie

- Préparation par des exercices grandeur nature
- Bombardement massifs des civils.
- Recours à la torture
- Utilisation des mercenaires (Wagner)
- Premiers tirs de missiles de croisière de type Kalibr depuis des sous-marins
- Qualificatif de "guerre sainte" par l'église orthodoxe Russe.
- Conflit avec l'OTAN (SU-24 abattu par un F-16 à la frontière Turque.

La fin de l’Empire et de l’illusion de son retour

Aujourd’hui de nombreux pays échappent à la suzeraineté de la Russie : L’Arménie tout récemment, la Géorgie (malgré une partie du territoire occupé), la Moldavie (malgré la Transnistrie). Seule la Biélorussie reste soumise malgré la révolte de 2020-2021. Le Kazakhstan dont le régime avait été sauvé par Poutine en 2022 se tourne désormais vers la Chine et l’Occident.

La guerre est donc déjà perdue pour la Russie. Plus elle attend, plus elle perd de l’influence.
Pour les Russes leur culture n’est pas comparable à celle de l’Ukraine. Une étudiante me racontait une anecdote intéressante à ce sujet. Elle devait s’inscrire à l’université de Moscou (avant 2022). Elle a eu des difficultés à le faire en tant qu’Ukrainienne car le secrétaire de l’université ne comprenait pas que l’Ukraine était un pays (malgré une indépendance de 30 ans). Cette vision est à peu près la même sur la langue Ukrainienne. Quand on écrit « sérieusement » on le fait en Russe.
Poutine ramène toujours les conflits actuels à la chute de l’URSS. Il n’a pas tort. C’est lié. La blessure d’orgueil est immense. Mais il en a tiré les mauvaises conclusions. Et par sa politique il va contribuer à accentuer la chute de la Russie.

Ainsi quand on regarde les flux de population, la Russie ne joue plus le même rôle qu’auparavant. Il était assez naturel pour les Ukrainiens d’aller poursuivre leurs études en Russie. Quand on recherchait un métier plus qualifié, une formation de meilleure qualité la Russie était une opportunité pour s’élever socialement. Depuis la révolution de Maidan les choses se sont inversées. De nombreux russes sont venus chercher en Ukraine un espace de liberté et des opportunités de progrès social. L’Ukraine est gangrenée par la corruption et une pauvreté importante mais elle lutte contre. En Russie elle fait partie du système mis en place.

Poutine met en avant un nouveau modèle de société qui ne séduit pour l’instant que des dictatures sanguinaires (Corée du Nord, Syrie), des obligés (Mali, Zimbabwe) ou des archaïsmes (Hongrie). Elle ne représente pas une alternative idéologique comme pouvait l’être le régime communiste.

La paix impossible

Poutine n’est pas Hitler mais il partage cette indifférence totale par rapport aux règles établies. Il a bafoué de nombreux traités et la parole de la Russie en tant qu’état n’a plus de valeur. Signer avec la Russie en forçant l’Ukraine à concéder des territoires (Crimée ? Donbass ? Ligne de front actuelle ?) c’est lui donner carte blanche pour recommencer plus tard. C’est ce qui s’est passé avec les accords de Minsk mais c’est aussi ce qui se passe en Ossétie du Sud, en Abkhazie, en Transnistrie par exemple. Au moins nous gagnerions un conflit gelé pendant quelques temps. Le temps que la Russie se prépare à nouveau à repousser ses limites. Nos donnerions l’assurance que les règles internationales ne sont pas valables pour tous et que la loi du plus fort est une fatalité. Comme le disait Churchill justement « nous aurions le déshonneur et la guerre à force de vouloir l’éviter ».

L’occident tétanisé.

J’ai l’impression que l’occident a peur de la chute de Poutine en pensant qu’il serait remplacé par pire. C’est oublier que ceux qui s’expriment avec un discours plus dur (comme Kadyrov ou Medvedev) ne le font qu’avec l’assentiment du Kremlin et pour permettre à Poutine de passer pour un « modéré ». Prigojine est l’exemple flagrant du fait que les bornes ne doivent pas être dépassées.
Deux mondes coexistent avec de plus en plus de difficulté. Le monde fantasmé par Poutine dans ses discours et celui de la réalité du terrain militaire.
Poutine a mis en avant un discours de lutte civilisationnelle mélangeant beaucoup de choses. Le tout avec un cynisme certain. Reprocher à l’occident son colonialisme et étant le dernier grand Empire colonial au moment même où on veut annexer son voisin ne manque pas de culot. Agiter le spectre des bombes d’Hiroshima et Nagasaki quand on fait un chantage permanent à la bombe aussi. Qualifier l’occident de régime autoritaire quand on connaît le régime Russe laisse sans voix. Poutine ose tout. Et c’est à ça qu’on le reconnaît. Poutine nie l’existence même de l’état Ukrainien. Il va même jusqu’à nier la disparition de l’URSS en souhaitant la recréer.

il ne faut pas s’y tromper cette vision réactionnaire et révisionniste du monde a de nombreux partisans en occident. Trump ou Bolsonaro en sont des exemples. Quelle aurait été la politique française si Fillon avait gagné la présidentielle de 2017 ? Maurice Leroy travaille toujours pour la mairie de Moscou sans être inquiété le moins du monde. Sarkozy reprend sans trembler les éléments de langage russe (et accepte les millions de dollars pour ses conférences en Russie)… Le financement des partis politiques par la Russie était fait pour faire basculer nos pays comme la Hongrie a pu le faire par exemple. L’exemple de Méloni en Italie montre que désormais cette extrême-droite s’éloigne elle aussi malgré tout de la tutelle russe.

Domino géopolitique

La nature a horreur du vide et le déclin Soviétique (puis Russe) a entraîné un jeu d’influence qui s’accentue avec la guerre en Ukraine. Ce jeu de domino est complexe mais il est important de comprendre ce qui se passe en ce moment dans ces régions du monde et le positionnement de l’UE (et de la France) va devoir être clair. Le « en même temps » n’étant pas possible.
L’URSS (puis la Russie) avait naturellement une position forte dans toutes les républiques soumises au temps de l’URSS et ensuite avec notamment la CEI (Communauté des états indépendants) puis OTSC. Si les pays Baltes ont fui cette influence rapidement pour rejoindre l’UE au plus tôt (dès 2004), le Bélarus, l’Ukraine, la Moldavie n’ont pas eu la possibilité.
Depuis la guerre en Ukraine, le jeu d’influence semble stabilisé sur ce front. Le destin de l’Ukraine et de la Moldavie se tourne vers l’UE, celui du Bélarus à la soumission à la Russie depuis l’échec de la révolution de 2020-2021 matée avec l’aide du pouvoir Russe.
Mais quand on regarde les autres marges de l’Empire, la situation est loin d’être aussi fixée.
Le Caucase est constitué de trois pays : Géorgie, Arménie, Azerbaïdjan.
Le régime Kazakh qui a vu sa survie liée à l’intervention russe après les émeutes de janvier 2022 se détourne ostensiblement de son ex-allié Russe.
Si un leader anti-occidental existe dans le monde il n’est pas Russe mais Chinois. La Russie n’étant qu’un supplétif dont l’armée n’effraie plus grand monde désormais (sauf les politiques européens acheté par le Kremlin).
Cela explique le grand désarroi rencontré chez les russes qui ont dû fuir à Belgorod sous la pression de l’armée Ukrainienne. Un d’eux a dit à la journaliste qui l’a interviewé : « Il n’est pas possible que l’on perde, cela voudrait dire que l’on a fait tout ça pour rien ».
C’est la dernière barrière du déni avant la chute.

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Rédigé par M. Orain

Publié dans #Ukraine

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Publié le 22 Septembre 2023

 Techno-régression compétitive, l’alliance étonnante de trois mitrailleuses Maxim pour lutter contre les drones kamikaze Shahed.

Techno-régression compétitive, l’alliance étonnante de trois mitrailleuses Maxim pour lutter contre les drones kamikaze Shahed.

🔸Tout le monde connaît la fable de la grenouille. Si l'on plonge subitement une grenouille dans de l'eau chaude, elle s'y échappera d'un bond ; mais si on la plonge dans l'eau froide et qu'on porte très progressivement cette eau à ébullition, alors la grenouille s'engourdit ou s'habitue à la température pour finir ébouillantée.


Si l’expérience réelle est discutable (les chercheurs Fridrich Goltz et Stanley Hall s’y sont essayé) elle semble fonctionner avec la Russie en Crimée et en Mer Noire.
Ainsi aujourd’hui le quartier général de la flotte russe de la mer Noire à Sébastopol a été détruit. C’était à priori le bâtiment le mieux protégé de toute la Crimée. Le tout dans une quasi indifférence générale. Il a été frappé par un Storm Shadow comme ont pu l’être la cale sèche de Sébastopol et un sous-marin de classe Kilo dans la même ville encore récemment.

Jour 577 : «La grenouille dans l’eau chaude»

Nul doute qu’une attaque massive aurait eu un impact important. Et c’est justement ce qui a été évité volontairement par les forces Ukrainiennes. En effet, la Russie « marque le coup » quand elle reçoit une frappe médiatique. En général une pluie de missiles s’abat sur les grandes villes Ukrainiennes. A l’inverse, ce supplice imposé par petites touches mais de manière continue dissuade des grandes répliques (même si Lviv a encore été touchée récemment). Pour autant la tactique du « casse-brique » est en pleine action. La Russie perd ses moyens opérationnels. Elle a perdu des plateformes stratégiques en Mer Noire, elle a perdu sa cale sèche, des lanceurs S-400, ses principaux radars, son quartier général, elle ne contrôle plus la mer et ses flux logistiques sont sous tensions.  

Jour 577 : «La grenouille dans l’eau chaude»
Jour 577 : «La grenouille dans l’eau chaude»

🔸 La Crimée est en voie de « neutralisation », ce qui a un impact important car elle est une pièce maîtresse de l’alimentation du front avec près de 200 installations militaires russes. En tant que presqu’ile les voies d’accès sont limitées et fragiles. Le pont de Kerch pour y entrer et les voies d’Armyansk, de Medvedivkaet le nouveau bras de Strilkove aménagé récemment pour y sortir. C’est une flèche sableuse (flèche d'Arabat)
Elle est située à une place stratégique de contrôle de la Mer Noire (et de la Mer d’Azov). Ce qui explique les nombreux conflits pour se l’approprier. C’est aussi la province qui était la mieux défendue. Longtemps hors de portée elle servait de base marine mais aussi de « porte-avion » terrestre.  C’est enfin une base de lancement de missiles (Kalibr, Iskander, Bastion…) 


C’est aussi et surtout un symbole fort car c’est sans doute la dernière province à devoir revenir dans le giron Ukrainien et la seule occupée à 100%. Cette place forte russe pourrait donc souffrir de ses atouts. A tout concentrer sur un petit espace on peut devenir vulnérable. D’autant plus que cet espace est sous la surveillance constante de l’OTAN qui transmet ses renseignements à l’Ukraine et contre lequel la Russie ne peut rien. 


L’atout peut donc devenir un piège. 

En Bref : 


- 🔸 Russie : Hier, un bombardier Soukhoï Su-34 s'est écrasé dans la région de Voronej.
Le Ministre russe des Affaires Étrangères, Sergueï Lavrov, a affirmé à l'ONU que « les risques de conflit mondial augmentent ».
Les forces russes mènent des actions offensives dans les régions de Donetsk et de Louhansk. L'armée ukrainienne a mené 26 combats avec les forces russes au nord-est de Hryhorivka, près d'Andriyivka, Maryinka et Krasnohorivka, Mykilske de la région de Donetsk, Mala Tokmachka et Robotyne de la région de Zaporizhzhia


- 🔸 Ukraine : « Si nous n'obtenons pas d'aide, nous perdrons la guerre. » - Volodymyr Zelensky.
Selon Volodymyr Zelensky, « le retrait complet des troupes russes et des formations militaires, y compris la flotte de la mer Noire, de tous les mercenaires sur le territoire ukrainien et le plein rétablissement du contrôle ukrainien sur la totalité de la frontière de l’Etat et de sa zone économique exclusive » pourront conduire à « une cessation des hostilités ».
Selon le renseignement militaire ukrainien, « les ressources de la guerre de la Russie pourraient s'épuiser dans 2 ou 3 ans », ajoutant que la Russie « ne dispose d'aucune réserve stratégique ».

🔸 Front Nord
- Chernihiv: L'aviation russe a mené des frappes aériennes sur Hremyach
- Sumy : L'aviation russe a mené des frappes aériennes sur Tchernihiv ; Dihtyarne 
- Kharkiv : L'aviation russe a mené des frappes aériennes sur Ohirtseve, Kopanky

🔸 Front Est
- Kupiansk : L'aviation russe a mené des frappes aériennes sur Berestove
- Svatove:   L'aviation russe a mené des frappes aériennes sur Shyykivka, Nevske
- Siversk : L'aviation russe a mené des frappes aériennes sur Dibrova
- Bakhmout: L'aviation russe a mené des frappes aériennes sur Andriyivka, Minkivka, Klischiyivka, Pivnichne, Arkhanhelske, Près de Klishchiivka, de violents combats se poursuivent dans le secteur de la voie ferrée
- Adviivka : L'aviation russe a mené des frappes aériennes sur Arkhanhelske
- Donetsk / Marinka : 13 personnes ont été blessées suite à un bombardement à Kourakhove. L'aviation russe a mené des frappes aériennes sur Vuhledar, Yelyzavetivka

Jour 577 : «La grenouille dans l’eau chaude»
Jour 577 : «La grenouille dans l’eau chaude»
Jour 577 : «La grenouille dans l’eau chaude»

🔸 Front Sud
- Vuhedar/ Pavilivka (occupée): L'aviation russe a mené des frappes aériennes sur Bilohirya, Mala Tokmachka, Robotyne
- Velyka Novosilka / Staromaiorske/Urozhaine/Zavitne Bahzhannia (occupée) :  L'aviation russe a mené des frappes aériennes sur Zolota Nyva,  Urozhayne, Staromayorske 

- Orikhiv /Robotyne/Novoprokopivka/Ilchenkove/Verbove (occupée) : 
- Kamianske/Lobkove/Zherebianky/ Luhove (occupée) : 
- Dnipropetrovsk : La défense aérienne a abattu un drone russe au-dessus de la région de Dnipropetrovsk
- Kherson: L'aviation russe a mené des frappes aériennes sur Lvove, Olhivka, Tyahynka. Dommages aux maisons d'habitation à la suite des bombardements russes à Kherson.
- Odessa :  Des explosions ont été signalées à Bilhorod-Dnistrovskyi, apparemment à la suite d'une frappe de drone.

Jour 577 : «La grenouille dans l’eau chaude»
Jour 577 : «La grenouille dans l’eau chaude»
Jour 577 : «La grenouille dans l’eau chaude»
Jour 577 : «La grenouille dans l’eau chaude»


🔸 Non alignés :
- ONU : Selon Antonio Guterres, le Secrétaire Général de l'ONU, la guerre en Ukraine « aggrave les tensions et les divisions géopolitiques, accroît la menace nucléaire et crée de profondes fissures dans notre monde de plus en plus multipolaire ».
- Arménie : Hier, l'Arménie a accusé Moscou d'avoir échoué dans ses « fonctions de maintien de la paix ». Le Premier Ministre, Nikol Pashinyan, assure ne peut « pouvoir fermer les yeux sur l'échec du contingent de maintien de la paix au Nagorny Karabakh ».
- Chine : Lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine, le MAE chinois, Wang Yi, affirme que Pékin et Moscou vont renforcer leur coopération stratégique multilatérale face à une situation mondiale complexe et un monde qui évolue rapidement vers la multipolarité.
- Turquie : « En termes de production céréalière, la Russie est l'un des rares pays au monde. On ne peut pas ignorer un pays comme celui-ci. » - Président turc Erdogan.
Le Président turc Erdogan s'est engagé à « intensifier ses efforts diplomatiques » dans le but de « mettre fin à la guerre » en Ukraine. Selon lui, la guerre n'aura aucun vainqueur et la paix aucun perdant.


🔸 Camp Pro-Russe : 
- Iran : Ebrahim Raïssi a accusé les États-Unis de « jeter de l'huile sur le feu » et « d'attiser les tensions » dans le conflit en Ukraine. L'objectif selon le Président iranien ? Affaiblir les pays européens.
Le Ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, s'est rendu en Iran afin de renforcer les relations entre la Russie et l'Iran et de « mettre en œuvre l'ensemble des activités prévues, malgré l'opposition des États-Unis et des Occidentaux ».
- Biélorussie : « L'Ukraine n'est qu'un début, ce sont les fleurs. Des baies pourraient nous attendre à l'avenir, si nous ne nous mobilisons pas et ne leur montrons pas que cela ne suffira pas. Nous sommes surtout alarmés par la Pologne. » - Alexandre Loukashenko.


🔸 Camp pro-Ukrainien :
- OTAN : Selon le Secrétaire Général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, la guerre en Ukraine est une « guerre d'usure », affirmant que les pays membres de l'OTAN doivent augmenter l'aide militaire, humanitaire et financière à l'Ukraine.
- USA : Selon Fox News, citant des responsables américains, l'Ukraine ne recevra pas les missiles ATACMS réclamés par Volodymyr Zelensky. Le Conseiller à la Sécurité Nationale des États-Unis, Jake Sullivan, affirme que Joe Biden a décidé qu'il ne fournirait pas de missiles ATACMS à l'Ukraine. Selon lui, la possibilité qu'une telle livraison arrive à l'avenir n'est pas exclue. La formation des pilotes ukrainiens sur les F-16 aux États-Unis aura lieu, même si le gouvernement américain ferme ses portes.
Les États-Unis vont fournir d'importants moyens de défense antiaérienne à l'Ukraine selon la Maison Blanche.
Hier, Joe Biden a rencontré les Présidents du Kazakhstan, du Kirghizistan, du Tadjikistan, du Turkménistan et de l'Ouzbékistan lors du tout premier sommet Présidentiel « C5 - 1 ». Au programme ? Sécurité, commerce, investissements et connectivité régionale.
- Pologne : « La Pologne effectue uniquement les livraisons de munitions et d'armements convenues antérieurement, y compris celles résultant des contrats signés avec l'Ukraine. » - Piotr Müller, porte-parole du gouvernement polonais. 
Le Président polonais, Andrzej Duda, affirme que les paroles de son Premier Ministre ont été « interprétées de la pire manière qui soit », ajoutant qu'il souhaitait plutôt dire que la Pologne ne transfèrerait pas son nouvel armement à l'Ukraine.
- Canada : Le Premier Ministre canadien, Justin Trudeau, a déclaré que son pays continuera à se tenir aux côtés de l'Ukraine aussi longtemps qu'il le faudra.
- Suède : La Suède a livré à l'Ukraine 10 chars Stridsvagn 122. Ces chars suédois sont sur la base d'un Leopard 2 allemand.
- Belgique : Selon la chaîne belge VRT, le Premier Ministre belge, Alexander De Croo, a annoncé que la Belgique envisageait d'explorer la possibilité de livrer des avions de combat F-16 en Ukraine.
- Allemagne : Le Ministère allemand des Affaires Étrangères ne soutient pas la demande de Volodymyr Zelensky consistant à retirer le droit de veto de la Russie au Conseil de Sécurité de l'ONU.
D'après des rapports du Spiegel, l'Ukraine a refusé 10 chars allemands Leopard 1 allemands en raison de leur état nécessitant parfois des réparations majeures. Certains auraient été « très usés après l'entraînement des forces ukrainiennes ».
- France : « C'est bien une guerre qui nous concerne tous. C'est la raison pour laquelle nous ne faiblissons pas. [...] Seule une poignée d'État, et quels États, soutient les choix catastrophiques de la Russie. » - MAE française, Catherine Colonna.
La Ministre française des Affaires Étrangères, Catherine Colonna, affirme que les tensions diplomatiques entre l'Ukraine et la Pologne au sujet de l'importation des céréales ukrainiennes sont « regrettables ».
Des rumeurs naissent sur les réseaux concernant la livraison éventuelle de Mirage 2000 à l'Ukraine par la France. Plusieurs médias relaient l'article d'Intelligence Online qui affirme que « la livraison d'avions français prend désormais forme ». D’autres sources indiquent que ces avions seraient refusés par l’Ukraine car obsolètes.

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Rédigé par M. Orain

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Publié le 8 Septembre 2023

Le programme

Axe 1 : Fondements et expériences de la démocratie

Questionnement : quels sont les principes et les conditions de la démocratie ?

Ces principes et ces conditions sont envisagés à travers l’étude d’au moins deux domaines parmi les domaines suivants :

 Les origines historiques de la démocratie : modèles antiques (démocratie et res publica) ; république et monarchie parlementaire.

 La souveraineté du peuple : droit de suffrage ; séparation des pouvoirs ; protection des libertés ; État de droit.

 La démocratie et les élections : la participation, l’abstention et le vote blanc ; les campagnes électorales et l’information des citoyens ; les partis politiques.

 La laïcité : la réduction du pouvoir de la religion sur l’État et la société ; l’autonomie du citoyen et la coexistence des libertés ; la protection de la liberté de croire ou de ne pas croire.

 La transformation des régimes politiques : les transitions démocratiques ; les basculements autoritaires et totalitaires ; les mises en question de la démocratie libérale.

 La protection des démocraties : sécurité et défense nationales ; lutte contre le terrorisme ; état d’urgence et législation d’exception ; cybersécurité.

 La construction européenne et la démocratie : principes et institutions politiques et judiciaires ; l’Europe comme espace de production du droit ; citoyenneté européenne.

Notions à acquérir / à mobiliser :

 République et monarchie parlementaire.

 Autoritarisme / totalitarisme.

 Souveraineté du peuple, État de droit, séparation des pouvoirs.

 Représentation parlementaire et pouvoir exécutif.

 Laïcité. Objets d’enseignement possibles :

 La démocratie athénienne, la République romaine, un exemple européen de monarchie parlementaire.

 Les penseurs du politique (Aristote, Rousseau, Tocqueville, Arendt…).

 Tolérance, liberté religieuse, laïcité.

 La charte de la laïcité.

 Règles et rituels du vote.

 Comportement électoral, sondages et médias.

 La démocratie en Amérique et en Europe.

 Les transitions démocratiques en Europe du Sud et de l’Est, en Afrique du Sud et en Amérique latine.

Axe 2 : Repenser et faire vivre la démocratie

Questionnement : comment construire l’avenir de la démocratie dans un monde d’incertitudes ?

Les transformations contemporaines de la démocratie peuvent être envisagées à travers l’étude d’au moins deux domaines parmi les domaines suivants :

 Les conditions du débat démocratique : médias, réseaux sociaux, information, éducation, éthique de vérité.

 Démocratie, exemplarité et transparence : les politiques de lutte contre la corruption ; les mesures concernant l’exigence de transparence financière des acteurs politiques et le financement des campagnes électorales ; les mesures visant la moralisation de la vie publique.

 Le citoyen et la politique sociale : le droit du travail, la représentation des salariés, le dialogue social.

 Les formes et les domaines de l’engagement : politique, associatif et syndical ; social, écologique, humanitaire, culturel…

 Les nouvelles aspirations démocratiques : démocraties délibérative et participative ; représentation et / ou démocratie directe ; les nouvelles formes de mouvements sociaux.

 Conscience démocratique et relations internationales : la défense des droits de l’Homme ; le développement du droit pénal international (le droit applicable aux génocides, aux crimes de masse et aux violences extrêmes).

Notions à acquérir / à mobiliser :

 Citoyen/citoyenneté.

 Corruption et crise de confiance.

 Sphère privée / sphère publique à l’ère du numérique.

 Représentation politique ; débat ; décision publique.

 Information et désinformation.

 Politiques publiques.

 Justice internationale.

 L’invention et la transformation de l’État-Providence.

 La responsabilité environnementale.

 Objets et grandes figures de l’engagement.

 Les politiques de lutte contre la corruption.

 La presse, liberté d’opinion et liberté d’expression.

 L’action des organisations non gouvernementales.

 Les lanceurs d’alerte.

 Les conventions internationales de protection des droits de l’Homme.

 Les questions bioéthiques contemporaines.

Capacités attendues

 Savoir exercer son jugement et l’inscrire dans une recherche de vérité ; être capable de mettre à distance ses propres opinions et représentations, comprendre le sens de la complexité des choses, être capable de considérer les autres dans leur diversité et leurs différences.

 Identifier différents types de documents (récits de vie, textes littéraires, œuvres d’art, documents juridiques, textes administratifs, etc.), les contextualiser, en saisir les statuts, repérer et apprécier les intentions des auteurs.

 Rechercher, collecter, analyser et savoir publier des textes ou témoignages ; être rigoureux dans ses recherches et ses traitements de l’information.

 S’exprimer en public de manière claire, argumentée, nuancée et posée ; savoir écouter et apprendre à débattre ; respecter la diversité des points de vue.

 Développer des capacités à contribuer à un travail coopératif / collaboratif en groupe, s’impliquer dans un travail en équipe et les projets de classe.

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Rédigé par M. Orain

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