UKRAINE Jour 730: visio de l’association Pour l'Ukraine, pour leur liberté et la nôtre

Publié le 23 Février 2024

UKRAINE Jour 730:  visio de l’association Pour l'Ukraine, pour leur liberté et la nôtre

UKRAINE Jour 730

Voici l'intervention que j'avais prévu hier soir pour la visio de l’association Pour l'Ukraine, pour leur liberté et la nôtre


🔸 Résumé rapide du conflit.
- Année 2022 : urgence et court-termisme.
Une résistance inespérée (Kyiv en 3 jours).
Sanctions rapides mais avec de nombreuses failles. Mobilisation de 300 000 hommes en septembre, Nomination de Sourovikine en octobre, création d’une ligne solide. Evacuation des zones difficiles à défendre (Kherson)

- Année 2023 : Consolidation et structuration de l’aide. Consolidation russe aussi avec la nomination du général Guerassimov, chef d’état-major des armées russe en janvier. Rebellion Wagner écrasée en juin.

- Année 2024 : Attente de 2025 : Tenir. S’enterrer et attendre de pouvoir palier la carence de munition.
Flottement qui constitue une chance pour la Russie qui espère gagner la guerre (prise de Bakhmout et Adviivka)

Et effectivement l’Ukraine ne peut plus attaquer désormais. Donc elle ne peut pas gagner sauf à espérer que la Russie implose ou s’écroule sous le poids des sanctions (qu’elle contourne), des dépenses (qu’elle compense encore par le gaz et le pétrole) ou sous la saignée démographique (sauf qu’elle a un réservoir mobilisable 4 fois supérieur à celui de l’Ukraine).


🔸 L'évolution russe

La Russie a évolué. Ses premières erreurs lui ont couté très cher 1450 chars, 450 pièces d’artillerie, 70 hélicoptères, 65 avions, Une bonne partie de sa flotte de la Mer Noire et surtout des centaines de milliers de morts et de blessés.

🔸 Le mythe des lignes rouges

Nous avons un problème de représentation de l’armée russe qui a trop souvent occasionné l’existence de « lignes rouges » inutiles voire nuisibles.

Ces lignes rouges repose sur les mythes de l’armée qui bat Napoléon (alors que le typhus a tué 30% de ses soldats) et Hitler (grâce aussi et surtout au prêt bail des USA). L’autre point repose sur la dissuasion nucléaire. Là aussi, on a oublié les règles du jeu de la guerre froide où il n’était pas rare qu’USA et URSS se confrontent par pays interposés (Vietnam, Corée etc.)

L’image de son armée est sérieusement écornée. A tel point que la propagande russe joue parfois dessus pour montrer qu’elle n’aurait pas les moyens d’une autre guerre ailleurs. Il faut d’ailleurs sans doute relativiser l’importance et la qualité de l’industrie militaire russe. Ses matériels sophistiqués sont en échec (Armata, T-90, Su-57) et ses ressources se consomment vite (voire sont attaquées comme les raffineries en ce moment). Et malgré tout, ses alliés sont rares et n’auront sans doute pas des stocks inépuisables.

L’image des « peuples frères » qui les accueilleraient à bras ouverts ne convainc plus personne non plus. L’idée des « petits frères » Ukrainiens incapables de faire le poids aussi.

🔸 Évolution de l'armée Ukrainienne
L’armée Ukrainienne a évolué et s’est considérablement modernisée depuis 2014 et cette modernisation s’est encore accentuée depuis 2022. Certains éléments novateurs en 2022 sont aujourd’hui déjà obsolètes (comme le Bayraktar). Elle se retrouve toujours dans un défi logistique incroyable en cumulant du matériel soviétique et du matériel OTAN. Cette transition vers du matériel occidental n’est toujours pas achevée pour les pays d’Europe orientale qui ont rejoint l’OTAN il y a quinze ans et représente déjà un effort colossal de formation, d’appropriation et d’approvisionnement en temps de paix.

🔸L'attrition
La question se pose de savoir pour qui l’attrition est la plus difficile. C’est le cœur de la suite des évènements. Il faudrait un rapport de perte de 1 à 5 au minimum pour que l’Ukraine en sorte gagnant. Ce qui est impossible avec le rapport de feu actuel. Même si les armes sont plus précises.

Et surtout la Russie est une dictature. Elle peut se permettre d’avoir 150 000 morts. Pour l’Ukraine – même si la guerre est existentielle – c’est plus difficile. D’autant plus que le parlement n’arrive pas à élargir la mobilisation pour l’instant.

🔸Impasse technique
Il y a aussi une impasse technique. Aujourd’hui le front est surveillé de très près. Il est impossible de masser des troupes pour créer une brèche. Paradoxalement cela aide plutôt la tactique russe de « rouleau compresseur ».

🔸L'occident
L’occident a un réel problème structurel. Il y a une coalition de 54 état incapables de répondre à la production Russe additionnée à celle de la Corée du Nord et de l’Iran. Seule la Corée du Sud se montre capable de répondre au défi car elle est en guerre elle-même. La Pologne aussi mais elle privilégie désormais son propre équipement. La défaillance des USA est un énorme problème pour l’Ukraine – et par ricochet – pour nous aussi.

L’opinion publique occidentale tient le coup mais le soutien s’érode. Les élections Européennes semble se cristalliser sur ce dossier (refus du NPA de rejoindre LFI pour cette raison aujourd’hui par exemple) mais aussi sur le dossier agricole (et par ricochet donc sur les produits ukrainiens). L’influence des bots russes reste forte et met toujours en péril nos démocraties.

🔸Les stocks
Nos stocks de munitions sont faméliques. Nous devons à la fois les remplir, fournir l’Ukraine et monter la production. Pour l’instant nous en sommes incapables (nous avons promis 1 million d’obus que nous n’avons pas été capable de fournir). Même la production totale des Etats-Unis par mois en 2022 ne correspondait pas aux munitions nécessaires par jour dans le conflit.
La Corée du Nord a fourni à elle seule plusieurs millions d’obus. Et le problème ne se pose pas que pour les munitions mais aussi pour le reste du matériel. Nous n’avons que 200 chars. La Russie en a perdu autant pour la seule bataille d’Adviivka.
Les chaines de production sont à reconstruire. C’est long (2 à 4 ans). Et pour certaines nous n’avons même pas commencé.
Nous avons raté l’étape des drones. La protection de la mer Rouge par nos frégates a montré la difficulté à tirer des missiles de plus d’un million contre des drones a quelques dizaines de milliers d’euros. Nous avons oublié la masse et le faible coût. Nous faisons de l’artisanal de luxe hors de prix.

🔸Et ensuite ?
D’ici début 2025, la Russie n’a donc aucun intérêt à un quelconque cessez-le-feu, bien au contraire. Les USA et l’UE ne proposent pas de stratégie claire. Et un conflit qui s’éternise (ou pire qui est gelé) serait un frein très net au développement de l’UE.

Quelle stratégie d’élargissement dans les Balkans ? Quid de la Géorgie ? de l’Arménie ? de la Moldavie ? Et les autres conflits gelés (Transnistrie, Abkhazie, Ossétie du Sud).

🔸Que faire ?

EDUCATION

En occident nous avons eu beaucoup de mal à prendre conscience du danger. On juge Poutine sur nos critères occidentaux. Sa rationalité n’est pourtant pas la même que celle d’un pays démocratique. Comme cela a déjà été dit, notre armée était globalement pro-russe. On a cherché trop longtemps à négocier. Comme pour la Géorgie en 2008 par exemple. On paye une méconnaissance de l’Europe Centrale et Orientale (que trop encore appelle « Europe de l’Est »… Regardez où sont la Rep Tchèque ou encore la Slovénie sur une carte pour voir cette erreur.

VIGILANCE

On s’est pris aussi dans des éléments de Propagande pure : Celle de la Russie éternelle par exemple, des « peuples frères », du Donbass « pro russe », le récit des « exercices le long de la frontière ». Plus proche de nous on a mis sur un pied d’égalité les versions sur la rupture du barrage de Nova kakhovka par exemple. Ou encore le fait que la guerre à « deux ans ». Elle a 10 ans en fait.

Trop souvent sur les plateaux télé ça ne choque personne d’inviter un pro-russe et un pro-Ukrainien. Chacun doit penser que la vérité est « quelque part entre les deux ». C’est un relativisme insupportable.

ACTION

On accepte encore aujourd’hui que des anciens comme Maurice Leroy travaille à Moscou. Et que dire des complices directs de Moscou comme Thierry Mariani, Régis de Castelnau, Xavier Moreau, Régis le Sommier.
Sanctionner les personnalités comme Ségolène Royal qui ont délibérément menti comme sur le bombardement de la maternité de Marioupol par exemple.

Réquisition des 300 milliards gelés. Ou au moins utilisation de leurs intérêts dans un premier temps.

Fermer le ciel bien sûr. En cas d’impossibilité diplomatique assurer une zone de sécurité le long des frontières orientales de l’UE (Pologne, Roumanie).

Prendre des décisions en excluant la Hongrie du jeu. Hors UE si nécessaire.

Voter. Mine de rien il y a 50% d’abstention aux Européennes.

Rédigé par M. Orain

Publié dans #Ukraine

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article