Publié le 21 Août 2021

Thème 3 : La Troisième République avant 1914 : un régime politique, un empire colonial (5-7 heures)

Chapitre 3. La Troisième République avant 1914 : un régime politique, un empire colonial

 

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La Troisième République avant 1914 : un régime , un empire colonial

Introduction

Colonie: C'est un territoire dominé par un autre (occupation et administration)  dans le but de l'exploiter.

Contexte: En 50 ans (de 1870 à 1920 environ) quelques états (surtout européens) vont se partager la planète entière (Russie, Japon et Etats-Unis exceptés)
Ils vont ainsi coloniser toute l'Afrique (sauf  le Libéria), toute l'Océanie et une bonne partie de l'Asie. Et  quand ils échouent (comme en Chine et au Moyen-Orient) ils se partagent les territoires en "zone d'influences" (Chine) ou en protectorat (Moyen-Orient dans les années 1920).

En 1870 l'Empire colonial Français est le deuxième au monde derrière celui du Royaume-Uni. Il est composé de 5,5 millions d'habitants sur une superficie d'un million de kilomètres carrés. En 1914 il est passé à 48 millions d'habitants su r11 millions de kilomètres carrés.

Partie I: L'Empire colonial Français

A -  La conquête de territoires par différentes méthodes

1- La "tâche d'huile"

L'expansion de ports commerciaux Comme Dakar au Sénégal.

Métropole et colonies

2- L'exploration scientifique ou culturelle

Il y a des explorations vers toutes les parties mal connues de la planète (essentiellement en Afrique, dans l'Asie centrale et aux pôles). Ces expéditions cachent bien souvent d'autres ambitions.

Un exemple d'exploration culturelle: Le voyage d'Eugène Delacroix au Maroc

Eugène Delacroix accompagne la mission diplomatique française auprès du sultan Abd Al-Rahman en 1832. Au fil du voyage, il emplit ses carnets de croquis et d'aquarelles. Le voyage de sept mois, effectué entre janvier et juin 1832, au Maghreb et en Andalousie est un événement majeur de la vie du peintre.

Ce mouvement culturel est appelé Orientalisme. C'est un mouvement artistique où l'Orient est fantasmé source d'imagination et de curiosité. 

Dessin de Delacroix, un jeune femme juive assise, Tanger, 1832

Dessin de Delacroix, un jeune femme juive assise, Tanger, 1832

Un famille juive de Tanger, 1832

Un famille juive de Tanger, 1832

"Fanatiques de Tanger",tableau peint Vers 1837-38

"Fanatiques de Tanger",tableau peint Vers 1837-38

Le Sultan du Maroc et son entourage,1845

Le Sultan du Maroc et son entourage,1845

" Le pittoresque abonde ici. A chaque pas, il y a des tableaux tout faits qui feraient la fortune et la gloire de vingt générations de peintres [...] C'est un lieu fait pour les peintres […] le beau y abonde, non le beau si vanté dans les tableaux à la mode, mais quelque chose de plus simple, de plus primitif, de moins fardé."   Dans son journal, le peintre revient sans cesse sur cette noblesse naturelle des peuples du Maghreb, une beauté pure, violente, mais sans affectation: "   Ils sont plus près de la nature de mille manières […] La beauté s'unit à tout ce qu'ils font. Nous autres, dans nos corsets, nos souliers étroits, nos gaines ridicules, nous faisons pitié! La grâce se venge de la science. "

" Le pittoresque abonde ici. A chaque pas, il y a des tableaux tout faits qui feraient la fortune et la gloire de vingt générations de peintres [...] C'est un lieu fait pour les peintres […] le beau y abonde, non le beau si vanté dans les tableaux à la mode, mais quelque chose de plus simple, de plus primitif, de moins fardé." Dans son journal, le peintre revient sans cesse sur cette noblesse naturelle des peuples du Maghreb, une beauté pure, violente, mais sans affectation: " Ils sont plus près de la nature de mille manières […] La beauté s'unit à tout ce qu'ils font. Nous autres, dans nos corsets, nos souliers étroits, nos gaines ridicules, nous faisons pitié! La grâce se venge de la science. "

La vision des scientifiques et de artistes est Européocentrée, c'est à dire que l'ensemble des études sont faites à partir d'un point de vue Européen. 

France, Paris, la pagode d'Angkor conçue pour l'exposition universelle de 1889

France, Paris, la pagode d'Angkor conçue pour l'exposition universelle de 1889

Le protectorat français répond à des multiples causes (volonté de contrôler le Mékong, évangélisation, ouverture à la Chine intérieure, lobbying des missions étrangères...)

Le protectorat français répond à des multiples causes (volonté de contrôler le Mékong, évangélisation, ouverture à la Chine intérieure, lobbying des missions étrangères...)

Ce sont donc de multiples causes qui  "justifient" l'installation d'un protectorat Français au Cambodge en 1863.

Le Cambodge est intégré en 1887 à l'Indochine française. 

En novembre 1949, il devient État associé de l'Union française.

En 1953, pendant la guerre d'Indochine, le roi Norodom Sihanouk proclame l'indépendance.

1954: Indépendance.

 

3- Par la force

Les troupes coloniales imposent aussi leur pouvoir par la force. Plus la pression internationale est forte plus on emploie ce genre de moyen.

Métropole et colonies

Parfois la France impose la création d'un protectorat comme au Maroc ou en Tunisie. (Échec au Liban ou en Jordanie)

Etude de cas: Le partage du Maroc

En 1901, l’assassinat d’un négociant oranais sur la côte rifaine entraine l’intervention du ministre français des Affaires étrangères Théophile Delcassé. Un accord est conclu, qui autorise la France à « aider au maintien de l'ordre » l'administration marocaine dans les régions incontrôlées du Maroc oriental.

Après la conférence d'Algésiras en 1906, la France et l'Espagne se partagent l'occupation du territoire marocain, l'Espagne prenant le nord du Maroc sous sa domination à l'exception de Tanger, la ville du détroit de Gibraltar étant une ville internationale, la France quant à elle, colonise le centre du Maroc.

Métropole et colonies

Massacres et déplacements de population:
1890-1894: Dahomey
1883-1895: Madagascar 

Conclusion
Les moyens sont variés, mais les objectifs restent les mêmes...


 

 

B - Rivalités et "mission civilisatrice"

1- Invention d'une idéologie

Objectif officiel: Répandre la civilisation occidentale. Les Européens imaginent apporter la civilisation à des "barbares". En fait cette oeuvre civilisatrice sert surtout de prétexte à une domination économique. Ainsi on envoie des missions pour "sauver l'âme des petits noirs" avec l'aide de l'Eglise (acculturationProcessus par lequel une personne ou un groupe assimile une culture étrangère à la sienne. ) 

 

Exercice type Bac, analyse de documents

Etude de documents: Comparez ces deux documents et montrez en quoi ils représentent une vision dominatrice de la civilisation occidentale sur les civilisations colonisées ? Comment légitiment ils la colonisation ?

Couverture du Petit Journal, le journal le plus populaire au début du XXème siècle.

Couverture du Petit Journal, le journal le plus populaire au début du XXème siècle.

G.Dascher, couverture d'un cahier scolaire, 1900

G.Dascher, couverture d'un cahier scolaire, 1900

Une bande dessinée contemporaine, Tintin au Congo. 

L'affirmation d'une domination coloniale jugée nécessaire pour les Africains eux-mêmes.

Attention, La parution de cet album de Tintin est postérieure à la chronologie de fin de chapitre (1931 contre 1914). Pour autant elle reflète bien les mentalités du moment)

L'enfant est humilié. Il s'exprime mal. Il parle à Tintin mais c'est Milou qui lui répond (avec un langage plus élaboré)  Milou le raisonne. Il semble avoir plus d'aptitudes intellectuelles que l'enfant.   Paternaliste, il rappelle à l'enfant qu'il se trouve entre de bonnes mains, celles du colonisateur. Il ne peut donc rien lui arriver de mauvais.

L'enfant est humilié. Il s'exprime mal. Il parle à Tintin mais c'est Milou qui lui répond (avec un langage plus élaboré) Milou le raisonne. Il semble avoir plus d'aptitudes intellectuelles que l'enfant. Paternaliste, il rappelle à l'enfant qu'il se trouve entre de bonnes mains, celles du colonisateur. Il ne peut donc rien lui arriver de mauvais.

Une conséquence de ce sentiment de supériorité.

Les colonisateurs sont donc forcément aux postes de commandements car ils sont jugés comme les seuls à être intellectuellement aptes.

Les colonisateurs sont donc forcément aux postes de commandements car ils sont jugés comme les seuls à être intellectuellement aptes.

Il y aura de réels progrès de l’hygiène et de la médecine. Ces innovations intéressaient aussi les colonisateurs pour leur propre santé. Des enquêtes sont menées sur les épidémies, les découvertes dans la lutte contre le paludisme ou la maladie du sommeil, permettent en outre de légitimer la colonisation.

Il y aura de réels progrès de l’hygiène et de la médecine. Ces innovations intéressaient aussi les colonisateurs pour leur propre santé. Des enquêtes sont menées sur les épidémies, les découvertes dans la lutte contre le paludisme ou la maladie du sommeil, permettent en outre de légitimer la colonisation.

Idée que "l'Africain" est naturellement oisif (paresseux)

Idée que "l'Africain" est naturellement oisif (paresseux)

Tintin est celui qui trouve la solution au problème en remorquant, grâce à une belle automobile européenne, la locomotive fatiguée.  Il se montre plus intelligent, plus débrouillard.  Son ingéniosité et sa débrouillardise interpellent les indigènes lui proposent de rencontrer le chef local

Tintin est celui qui trouve la solution au problème en remorquant, grâce à une belle automobile européenne, la locomotive fatiguée. Il se montre plus intelligent, plus débrouillard. Son ingéniosité et sa débrouillardise interpellent les indigènes lui proposent de rencontrer le chef local

D'après ces documents il est logique que l'indigène doit soumis.  Il se tourne automatiquement vers un  blanc, comme si il avait intégré son incapacité à trouver une solution à ses problèmes. 

Officiellement les colonies française ont une  politique d'assimilation (politique visant à intégrer les peuples colonisés à la communauté française. Elle suppose l'adoption de la langue, des valeurs et de la culture de la métropole). L'Afrique ne serait ainsi que le prolongement de la France.

Dans les faits c'est plutôt une politique d'association (politique coloniale qui respecte les coutumes locales et laisse les indigènes se gouverner eux-même) 

2- La revanche de 1870

Après la défaite contre l'Allemagne en 1870, les conquêtes coloniales sont un moyen "facile" de flatter l'orgueil national. D'autant que cette conquête s'appuie sur les restes du premier Empire colonial (Réunion, Guadeloupe, Martinique, comptoirs en Inde...)

L'école devient notamment un lieu privilégié de diffusion de l'idée coloniale Naissance de l'idée d'une mission civilisatrice de la métropole vis-à vis des indigènes notamment par Jules Ferry. Les lois Ferry 1881-1882 permettent la diffusion de cette idéologie. On crée dans le même temps des bataillons scolaires.

1892: Création du Parti Colonial (groupe d'influence qui vise à promouvoir le colonialisme). C'est Eugène Étienne par exemple qui fut à l'origine de la colonisation de Madagascar, de l'Entente cordiale et du protectorat sur le Maroc. 

Carte de l'Empire colonial français en 1914

Carte de l'Empire colonial français en 1914

3- Le partage de l'Afrique

PPO 1898 – Fachoda, le choc des impérialismes.

Exercice type Bac, analyse de documents

Document 1 et 2: Étudiez les raisons de l'opposition entre la France et l'Angleterre.

Document 3 et 4: Comment la presse représente l'incident de Fachoda ?

Montrez comment la rivalité Franco-Britannique dépasse le seul enjeu de Fachoda.

Etude du livre scolaire sur Fachoda

Métropole et colonies
 

C - Administrer le territoire.

1- L'exploitation économique

Sous des aspects "humanitaires", la colonisation est un objectif égoïste dont les théories vont servir ensuite de fondement à des notions dangereuses comme celle de "l'espace vital" nécessaire à une notion développée par Hitler dans "Mein Kampf" (mon combat) dans les années 1930.

Jules Ferry légitime ainsi l'exploitation économique par une mission civilisatrice de l'occident qui se "rembourse de ses efforts par l'exploitation économique du continent.. 

« Mais il y a une autre forme de colonisation, c'est celle qui s'adapte aux peuples qui ont, ou bien un excédent de capitaux, ou bien un excédent de produits.[...] Les colonies sont pour les pays riches un placement de capitaux des plus avantageux.[...] Dans la crise que traversent toutes les industries européennes, la fondation d'une colonie, c'est la création d'un débouché… ».

(Extrait du bulletin officiel du 28 juillet 1885).

« Les supérieurs ont le droit sur les inférieurs ». Jules Ferry, 28 juillet 1885

« Les supérieurs ont le droit sur les inférieurs ». Jules Ferry, 28 juillet 1885

2- La mise en place des infrastructures

Les investissements français vont surtout les ports et les chemins de fer. Point commun, toutes ces infrastructures vont vers les ports tournés vers la métropole.  Ces investissements permettent d'exploiter les matières premières dont la métropole à besoin. 
Productions: hévéa, vanille, girofle, riz, vigne, agrumes etc. 

Carte murale scolaire de l'Afrique Occidentale et équatoriale Française

Carte murale scolaire de l'Afrique Occidentale et équatoriale Française

L'administration coloniale construit aussi des écoles. Les missionnaires servent de relais à l'État. La loi de séparation de l'Église et de l'État ne s'applique pas aux colonies.

Les missionnaires propagent le christianisme. Leur action est aussi sociale : rachat d’esclaves, fondation d'orphelinats et d'hospices, combat pour la monogamie. Ils partagent avec l’administration coloniale l’enseignement et l’action médicale. Ils participent donc au mouvement d'acculturation.

Les missionnaires propagent le christianisme. Leur action est aussi sociale : rachat d’esclaves, fondation d'orphelinats et d'hospices, combat pour la monogamie. Ils partagent avec l’administration coloniale l’enseignement et l’action médicale. Ils participent donc au mouvement d'acculturation.

L'école sert donc à faire passer une vision du monde. Comparaison des deux planches de Tintin au Congo de 1931 et de 1946.

L'école sert donc à faire passer une vision du monde. Comparaison des deux planches de Tintin au Congo de 1931 et de 1946.

Etude de cas, le Bagne de Cayenne: Le cas d'Augustin Orhant (1807-1860)

Disponible uniquement sur la version Smart Notebook.

3- L'exploitation des autochtones.

Les populations autochtones sont présentées comme belliqueuses. Elles passent leur temps à s'entre déchirer en d'interminables guerres civiles.   Seuls les européens peuvent ramener la paix. L'occupation du territoire se double donc d'une réquisition de la force de travail des autochtones pour "canaliser" cette énergie.

Les populations autochtones sont présentées comme belliqueuses. Elles passent leur temps à s'entre déchirer en d'interminables guerres civiles.  Seuls les européens peuvent ramener la paix. L'occupation du territoire se double donc d'une réquisition de la force de travail des autochtones pour "canaliser" cette énergie.

Travail forcé: Réquisition de main d'oeuvre sur une période limitée. Souvent marquée par des conditions de travail très difficiles. Il engendre une surmortalité.

Cela entraîne des mouvements de population et des famines. 

Justifier le travail forcé

Étude des deux versions de "Tintin au Congo" (1931 et 1946)

Expliquez comment Tintin Justifie la mise au travail des Africains ? Qu'y a-t-il de choquant dans cette scène ?

Les colonisateurs justifièrent l'emploi du travail forcé par la nécessité de civiliser les Africains.

Les colonisateurs justifièrent l'emploi du travail forcé par la nécessité de civiliser les Africains.

En réalité ce travail forcé n'est ni plus ni moins que de l'esclavage sans rien de "civilisationnel"

En réalité ce travail forcé n'est ni plus ni moins que de l'esclavage sans rien de "civilisationnel"

Partie II: La mise en place d'une société injuste.

A - Une discrimination par le statut.

Toutes les possessions de l'Empire Français n'ont pas le même statut.

1-  Les colonies

Elles représente la grande majorité de l'Empire colonial Français. L'Algérie est la seule colonie de peuplement (l'objectif est de coloniser durablement en envoyant une de la population de métropole, en Algérie ils ont été appelés "pieds-noirs"). Le décret Crémieux (1870) permet même aux juifs d'Algérie d'être naturalisés.

Métropole et colonies

2- Les protectorats

Les protectorats ont une forme d'autonomie et son moins nombreux. Tunisie (1881), Maroc (1912), Laos-Annam-Cambodge (Cochinchine puis Indochine). Les français y sont extrêmement minoritaires. Plus que dans les colonies. 

Algérie: 14,,3 %, AEF et AOF 0,2%, Indochine 0,1%

Les fonctionnaires sont donc peu nombreux.  Le métissage est rare mais existe (des dizaines de milliers en Indochine). Les protectorats ne sont pas soumis au code de l'indigénat (voir PPO)

 

3- Etude de cas, Saïgon, ville coloniale. PPO

Saïgon est un grand port. Elle devient la capitale économique de l'Indochine et concentre les investissements publics. Considérée par les Français comme la « perle de l’Extrême‑Orient », elle est l’expression du triomphe colonial.
 

Métropole et colonies

Saïgon passe de 33 000  habitants en 1898 à 67 000 habitants en 1913.

L'Indochine n'a jamais été une colonie de peuplement et les données du 1er recensement méthodique de 1937 fournissent de précieuses informations.

Ces données et commentaires sont extraits de l'ouvrage

Combien sont ils ?

Les "européens" n'étaient que 24.000 environ en 1913, 25.000 en 1921 et 42.345 en 1937.

Données issues de "L'évolution économique de l'Indochine Française" par Charles Robequain, professeur à la Sorbonne (1939).

Données issues de "L'évolution économique de l'Indochine Française" par Charles Robequain, professeur à la Sorbonne (1939).

L'Indochine Coloniale Plan de la ville Guide Madrolle vers 1928

L'Indochine Coloniale Plan de la ville Guide Madrolle vers 1928

Plan de Saïgon en 1893 (le livre scolaire)

Plan de Saïgon en 1893 (le livre scolaire)

- Timothée Piard-Corne, Le patrimoine bâti de Hô Chi Minh-Ville Fonctions et usages des villas de l’époque coloniale, page 29

- Timothée Piard-Corne, Le patrimoine bâti de Hô Chi Minh-Ville Fonctions et usages des villas de l’époque coloniale, page 29

 

Référence artistique.

Œuvre-phare de la bibliographie de Marguerite Duras, l'Amant a été écrit en 1984. Il s'agit d'un livre largement autobiographique reprenant la trame de son enfance en Indochine. Il a été retravaillé 7 ans plus tard sous le nom de L'amant de la Chine du Nord, un autre livre lui ressemblant beaucoup. Il est à noter qu'un livre reprenant la même trame avait déjà été écrit (Un barrage contre le Pacifique)

Couverture du livre l'Amant

Adapté en film par Jean-Jacques Annault.

Etude de vidéo: Montrez quelle est la perception de la culture locale du point de vue du narrateur.

 

Présentation de l'Indochine Coloniale en 1940

Tâche complexe:  Vous êtes journaliste dans un quotidien de métropole. Réalisez un reportage sur la ville coloniale de Saïgon. Votre article doit illustrer la vie quotidienne dans la capitale.

 

Le système des concessions favorise les abus. 

Les concessions sont des droits d'exploitation concédés par l'Etat à des sociétés privées sur un territoire donné.

B - Perceptions et réalités

1- La perception du colonisé, l'exemple de "chocolat" 

Chocolat — nom de scène de Rafael — est un clown né entre 1865 et 1868 à Cuba, et mort le  à Bordeaux. Star exotique du spectacle français de la Belle Époque, cet artiste noir a sombré dans l'oubli avant que des œuvres artistiques et livres ne le remettent en lumière, surtout à partir des années 2010.

Chocolat est un film biographique français réalisé par Roschdy Zem, sorti en 2016. Il s'inspire du livre Chocolat, clown nègre : l'histoire oubliée du premier artiste noir de la scène française de Gérard Noiriel, publié par Bayard en 2012. Le film s'écarte sensiblement de l'histoire réelle du Clown Chocolat.

Henri de Toulouse-Lautrec évolue dans sa perception de Chocolat certainement après leur première rencontre. Toulouse-Lautrec souffrant d'un lourd handicap lié à une maladie génétique, la  pycnodysostose, il était lui aussi mis en marge de la société.

Henri de Toulouse-Lautrec évolue dans sa perception de Chocolat certainement après leur première rencontre. Toulouse-Lautrec souffrant d'un lourd handicap lié à une maladie génétique, la pycnodysostose, il était lui aussi mis en marge de la société.

Etude de document: 

Quelles sont les difficultés pour l'historien pour faire des recherches sur  l'histoire de Rafael. Comment a-t-il réussi finalement à écrire cette histoire ?

 
[…] Comment écrire l’histoire d’un inconnu ? Je n’ai retrouvé aucune trace de lui dans les archives publiques. […] Cette invisibilité de la personne était aggravée, paradoxalement, par la profusion des documents sur le personnage, avec lequel on l’a constamment confondu. Chocolat reflétait le regard que les Français portaient alors sur les Noirs. […]

Regardez cette caricature de Toulouse‑Lautrec parue dans le supplément de la Revue blanche en 1895 [document n°1]. C’est la première représentation du clown Chocolat publiée dans la presse. Elle montre Foottit, le clown blanc, qui botte le cul du clown nègre, affublé d’une tête de singe […] Cette caricature a joué un grand rôle dans la diffusion du stéréotype du pauvre nègre « battu mais content » […].

Toutes les connaissances que j’avais rassemblées sur l’enfance et l’adolescence de Rafael provenaient d’une seule source : Les Mémoires de Footit et Chocolat, un livre pour enfants publié par le journaliste Franc‑Nohain en 1907. L’intérêt de cet ouvrage tient au fait qu’il s’appuie sur les souvenirs que le clown noir a confiés au journaliste. Mais les préjugés raciaux de l’auteur, sa méconnaissance des lieux évoqués par Rafael, les erreurs liées au passage de l’oral à l’écrit m’avaient d’abord incité à ne pas prendre ce livre au sérieux. Faute de source, il fallut que je le relise ligne à ligne en confrontant ces affirmations avec les travaux récents sur l’histoire de l’esclavage à Cuba. […] À cette époque, le cirque occupait encore une place très importante dans la société du spectacle. Les journaux publiaient chaque semaine les programmes des représentations. Toute cette presse est aujourd’hui numérisée et disponible dans Gallica, la bibliothèque électronique de la BNF. Grâce à cette ressource merveilleuse, j’ai pu reconstituer semaine par semaine toute la carrière de Chocolat et démontrer que les rôles stéréotypés dans lesquels la postérité l’a enfermé n’ont représenté qu’une toute petite partie de son répertoire. […]

Comment expliquer le contraste entre l’image de Chocolat donnée dans [le document 2] et celle que le même artiste avait dessinée un an plus tôt dans la Revue blanche ? Mon hypothèse est que la rencontre entre les deux artistes a eu lieu après la publication de la première caricature. Au cours de leurs soirées nocturnes bien arrosées, Toulouse‑Lautrec a découvert l’homme derrière le personnage. Sans doute s’est‑il senti coupable, lui qui souffrait aussi terriblement du regard des autres, d’avoir contribué à la stigmatisation de Chocolat. […]
 
Gérard Noiriel, « Comment écrire l’histoire d’un homme sans nom ? », conférence aux Rendez‑vous de l’Histoire à Blois, 9 octobre 2016.

2- La réalité d'une loi injuste, Le code de l'indigénat (PPO)

Le code de l'indigénat est un ensemble de règlement qui permettent aux administrateurs des colonies d'appliquer des peines aux autochtones sans procès.

1875: Code de l'indigénat mis en place en Algérie
1881: Extension à l'Indochine (suppression en 1903).
1887: Généralisation à toutes les colonies françaises.
1946: Abolition.

Ces peines restreignent les libertés (suppression de la liberté de circulation par exemple), entraîne des confiscation des terres, limite le droit de vote (1/5, puis 1/3 seulement des conseils municipaux en Algérie par exemple).

 

Le commandant de cercle peut punir les indigènes sans procès contradictoire pour des infractions spéciales, variables dans le temps et l’espace, que la loi ordinaire ne punit pas sans appel possible

Le commandant de cercle peut punir les indigènes sans procès contradictoire pour des infractions spéciales, variables dans le temps et l’espace, que la loi ordinaire ne punit pas sans appel possible

Emploi du code de l'indigénat

- Réquisition de main-d’œuvre (pression, intimidation, voire répression sont exercées principalement par les gardes de cercles et les agents recruteurs, mais le recrutement peut aussi se faire par l'intermédiaire des chefs indigènes qui apportent leur autorité et leur influence morale).

- La prestation est un impôt consistant en jours de travail au profit de chantiers publics d'intérêt local : travaux des routes, pistes et terrains d'aviation.

- La deuxième portion du contingent militaire est une forme de travail forcé dérivée de la législation militaire sur le recrutement des tirailleurs, avec des recrutements par tirage au sort.

- La main-d’œuvre pénale consiste à utiliser les prisonniers pour divers travaux urbains ou suburbains.

- L'obligation de cultiver consiste à imposer aux agriculteurs certaines cultures industrielles.

Travail forcé : la construction du chemin de fer de Guinée par des «sujets» africains de l'AOF, c.1904. La plupart des grands projets d'Afrique française à cette époque (routes, mines ou plantations) sont réalisés par le travail forcé. Il est parfois payé mais une part importante du travail forcé est obtenue par les prisonniers purgeant des peines spéciales arbitraires. Le taux de recrutement forcé atteint parfois des sommets. En 1906, 14 181 ouvriers sont recrutés à Savalou et Savè (Dahomey) pour une population totale de 39 822 (dont 13 682 hommes), soit 35 % de la population ou 100 % des hommes.

Travail forcé : la construction du chemin de fer de Guinée par des «sujets» africains de l'AOF, c.1904. La plupart des grands projets d'Afrique française à cette époque (routes, mines ou plantations) sont réalisés par le travail forcé. Il est parfois payé mais une part importante du travail forcé est obtenue par les prisonniers purgeant des peines spéciales arbitraires. Le taux de recrutement forcé atteint parfois des sommets. En 1906, 14 181 ouvriers sont recrutés à Savalou et Savè (Dahomey) pour une population totale de 39 822 (dont 13 682 hommes), soit 35 % de la population ou 100 % des hommes.

Document: Le Code de l’indigénat en Algérie (1875)


Une liste de 27 infractions spécifiques aux indigènes est établie en 1874. Elles sont sanctionnées par des peines spéciales : amendes, corvées, réquisitions, emprisonnement, etc.


Art. 1. Sont considérés comme infractions spéciales à l’indigénat et, comme telles, passibles des peines édictées par les articles 465 et 466 du Code pénal, les faits et actes ci‑après déterminés, savoir : […]


5) Négligence à se présenter devant l’administrateur ou le maire de la commune, après convocation remise par un agent de l’autorité administrative.


6) Acte irrespectueux ou propos offensants vis‑à‑vis d’un représentant ou agent de l’autorité, même en dehors de ses fonctions […]


7) Propos tenus en public dans le but d’affaiblir le respect dû à l’autorité […]


10) Refus de fournir, contre remboursement, aux prix du tarif établi par arrêté du préfet, les vivres, les moyens de transport ou les agents auxiliaires (gardiens de nuit, jalonneurs, guides) aux fonctionnaires ou agents dûment autorisés. […]


13) Négligence habituelle dans le payement des impôts et dans l’exécution des prestations en nature, manque d’obtempérer aux convocations des receveurs lorsqu’ils se rendent sur les marchés pour percevoir les contributions. […]


15) Infractions aux instructions portant règlement sur l’immatriculation des armes. […]


17) Départ du territoire de la commune sans avoir, au préalable, acquitté les impôts et sans être munis d’un permis de voyage. […]


Arrêté général sur les infractions de l’indigénat, préfecture d’Alger, 9 février 1875.

3- L'exploitation de l'image et du corps

Les colonisateurs utilisent l'image pour montrer leur domination. Les colonisés intègrent aussi leur infériorité supposée.

Saartjie Baartman, parfois prénommée Sarah Baartman, de son vrai nom Sawtche, née vers 1788-1789 dans le Cap-Oriental (Afrique du Sud) et morte le  à Paris, est une femme khoïsan réduite en esclavage et exhibée en Europe pour son large postérieur, où elle était connue sous le surnom de « Vénus hottentote ».

Son histoire, souvent prise pour exemple, est révélatrice de la manière dont les Européens considéraient à l'époque ceux qu'ils désignaient comme appartenant à des "races inférieures"

 ». Elle symbolise également la nouvelle attitude revendicative des peuples autochtones quant à la restitution des biens culturels et symboliques ainsi que des restes humains qui figurent dans les musées du monde entier.

C - Contestations

1- Les résistances locales

Les premières résistances ont lieu dès la conquête française avec par exemple le Roi Béhanzin au Dahomey ou encore Samory Touré en Afrique Occidentale.

La bataille d'Isly est le dernier affrontement de l'Expédition de la France contre le Maroc qui se déroula le 14 août 1844 à la frontière algéro-marocaine. Elle vit la victoire du Maréchal Bugeaud sur Moulay Abd al-Rahman, sultan du Maroc, qui soutenait Abd El-Kader.

La bataille d'Isly est le dernier affrontement de l'Expédition de la France contre le Maroc qui se déroula le 14 août 1844 à la frontière algéro-marocaine. Elle vit la victoire du Maréchal Bugeaud sur Moulay Abd al-Rahman, sultan du Maroc, qui soutenait Abd El-Kader.

Puis les résistances se font surtout contre le travail forcé et l'application du code de l'indigénat. 

En Afrique équatoriale française, le travail forcé constitue l'une des causes de la guerre du Kongo-wara, de 1928 à 1932.

Les résistances se font aussi contre les expropriations foncières, la pression fiscale.
- Révolte d'El Mokrani en Algérie (1871) ou des kanaks de Nouvelle-Calédonie (1871).

Contrairement au mythe de la « conquête des cœurs », les révoltes contre le colonisateur sont nombreuses, particulièrement en Indochine où elles sont permanentes.

La reine Ranavalona III (1861-1917). Dernière souveraine de Madagascar, elle règne à partir de 1883. Son pays est alors en lutte contre les forces françaises. Madagascar devient une colonie française sous l’autorité du général Gallieni. La reine, déchue en 1895, est contrainte à l’exil à La Réunion, puis à Alger où elle meurt en 1917. Ses restes sont rapatriés à Madagascar en 1938.

La reine Ranavalona III (1861-1917). Dernière souveraine de Madagascar, elle règne à partir de 1883. Son pays est alors en lutte contre les forces françaises. Madagascar devient une colonie française sous l’autorité du général Gallieni. La reine, déchue en 1895, est contrainte à l’exil à La Réunion, puis à Alger où elle meurt en 1917. Ses restes sont rapatriés à Madagascar en 1938.

2- Les résistances politiques en métropole

Une opposition économique: Des économistes libéraux dénoncent les coûts financiers de la colonisation

Métropole et colonies

- La dénonciation de la violence et du racisme: Ces opposants sont surtout représentés dans une partie de la presse, des milieux artistiques, politiques et intellectuels .(Les « indigénophiles »).

Document : La genèse d’une pensée anticoloniale

En Algérie, il n’y a qu’une petite élite de Français qui classe dans l’humanité la race arabe. Pour les étrangers, les fonctionnaires, les israélites*, les colons, les trafiquants, l’arabe, moins considéré que ses moutons, est fait pour être écrasé. Le refouler dans le désert pour s’emparer de ce qu’on ne lui a pas encore pris, tel est le rêve […]. Les arabes, qui forment presque la totalité des habitants du pays, ne sont pas, ou ne sont que dérisoirement représentés, dans les assemblées qui ont pour but de s’occuper des intérêts de l’Algérie. Inutile de dire qu’ils ne peuvent défendre avec profit les intérêts de leurs mandants, aussi ne cessent‑ils de réclamer contre l’injustice des vainqueurs. Pourquoi les arabes, qui représentent par leur nombre le dixième des habitants de la France, n’auraient‑ils pas leur place au Parlement ? […] Leur exclusion politique, en les rabaissant socialement, les écrase économiquement.


Hubertine Auclert, Les Femmes arabes en Algérie, 1900.

*. Juifs.

Une opposition politique: L’Internationale socialiste condamne la colonisation et considère l’impérialisme, comme le « stade suprême du capitalisme » .

«Nous la réprouvons, parce qu’elle gaspille des richesses et des forces qui devraient être dès maintenant appliquées à l’amélioration du sort du peuple; nous la réprouvons, parce qu’elle est la conséquence la plus déplorable du régime capitaliste, qui resserre sur place la consommation en ne rémunérant pas tout le travail des travailleurs, et qui est obligé de se créer au loin, par la conquête et la violence, des débouchés nouveaux; nous la réprouvons, enfin, parce que, dans toutes les expéditions coloniales, l’injustice capitaliste se complique et s’aggrave d’une exceptionnelle corruption : tous les instincts de déprédation et de rapines, déchaînés au loin par la certitude de l’impunité, et amplifiés par les puissances nouvelles de la spéculation, s’y développent à l’aise; et la férocité sournoise de l’humanité primitive y est merveilleusement mise en oeuvre par les plus ingénieux mécanismes de l’engin capitaliste.»

Jean Jaurès, «Les compétitions coloniales», La Petite République, 17 mai 1896.

Reproches politiques aussi chez les nationalistes.

Peur de l'oubli de la reconquête de l'Alsace Lorraine.

 

Cette opposition s’atténue peu à peu, à mesure que l’empire devient une réserve d’hommes, de main d’œuvre et de soldats. 

La conscription est étendue aux indigènes en 1912.

La conscription est étendue aux indigènes en 1912.

3- L'éveil du nationalisme chez les colonisés.

Il y a une résistance culturelle et religieuse. Les injustices, le rejet des cultures locales sont exacerbées par la diffusion des idées coloniales et le sentiment de supériorité occidental.
Au Maghreb notamment, ce rejet est alimenté par la foi islamique.

Métropole et colonies

Slimane Azem: “Ffegh ay ajrad tamurt iw”  (1955)


"Criquet sort de ma terre"

J'ai un jardin clôturé
où abondent tous fruits
de la pêche à la grenade
je le travaillais sous la canicule ardente
j'y avais même planté le basilic
Il a fleuri et apparaissait au loin.
Voilà qu'arrive le criquet en hâte
Il a mangé à satiété
dévorant jusqu'aux racines

Criquet quitte mon pays;
Les richesses que tu y trouvas jadis sont épuisées,
le caïd t'a vendu ma terre dis-tu?
Exhibe les actes, s'ils sont authentiques.
Criquet tu as mangé le pays
Je me demande pour quelle raison
Tu l'as  brouté jusqu'à la porte 
Tu as dévoré l'héritage que je tiens de mon père
Que tu deviennes perdrix
L'estime est finie entre toi et moi

Tu tombes du ciel comme neige
entre crépuscule et nuit
Tu as mangé le grain et la paille
Choisissant avec soin la pitance
A moi tu as laissé le son
Tu me prenais pour une bête

Criquet comprends de toi-même
et sache bien ce que tu vaux
tu peux apprêter tes ailes
tu retourneras d'où tu es venu
sinon tu porteras seul le poids de tes péchés
et tu paieras ce que tu auras mangé

Tu m'as éreinté criquet
en moi tu laisses un mal incurable
tu te multiplies à foison
voulant laisser enraciner une descendance
mais c'est trop tard: le scribe est déjà passé
et ma chance éveillée est guérie

- La lutte pour l'égalité 

Une nouvelle génération d’élites indigènes, formées dans les écoles françaises, parfois même en métropole, revendiquent une égalité des droits.

ils entendent moderniser le pays et la société et forment des mouvements réformistes (Jeunes Algériens). 

Khaled El-Hassani Ben El-Hachemi Ibn Hadj Abdelkader, dit émir Khaled  (1875-1936)l'instigateur d'un mouvement politique appelé khalédisme

Khaled El-Hassani Ben El-Hachemi Ibn Hadj Abdelkader, dit émir Khaled (1875-1936)l'instigateur d'un mouvement politique appelé khalédisme

 

 

Conclusion

Malgré les prétextes humanistes l'objectif principal des colonisateurs est d'exploiter les ressources (matérielles et humaines)

Certains des ces résultats peuvent avoir un intérêt pour les colonisés (soins, routes, chemin de fer, écoles...) mais ils ne sont jamais associés aux projets de développement et leurs anciennes structures sociales disparaissent. Une politique de ségrégation injuste a été mise en place.

Les colonies n'ont pas, rapporté d'argent à la Métropole (déficit de 70 milliards de francs or estimé soit trois fois le plan Marshall pour la France selon Jacques Marseille)

Mais la colonisation a apporté à la France des ressources (en personnel, minerais, hydrocarbures) nécessaires au développement son économie.

Elle a apporté aussi une influence politique encore existante (exploitation de l'uranium au Niger par Areva, du pétrole et du gaz algérien par Total par exemple).

Métropole et colonies

Exercice type Bac, répondre à une question problématisée:

- Quelle est la politique coloniale de la IIIème République

- Comment fonctionne les sociétés coloniales dans l'Empire ftançais de 1870 à 1914 .

 

Sources:

- Manuel le livre scolaire.

- Belle Indochine 

Marguerite Duras

- Timothée Piard-Corne, Le patrimoine bâti de Hô Chi Minh-Ville Fonctions et usages des villas de l’époque coloniale

- Gérard Noiriel, « Comment écrire l’histoire d’un homme sans nom ? », conférence aux Rendez‑vous de l’Histoire à Blois, 9 octobre 2016.

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Rédigé par M. Orain

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Publié le 21 Août 2021

Thème 2 : Les transformations politiques et sociales de la France de 1848 à 1870 (5-7 heures)

Chapitre 1. Politique et société en France sous la Deuxième République et le Second Empire.

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Politique et société en France sous la Deuxième République et le Second Empire
Partie I: La seconde République et ses avancées démocratiques.
A -  Liberté politique et suffrage universel masculin

1- Une victoire du peuple.

Le gouvernement provisoire. Le 24 février 1848, la foule parisienne obtient l’abdication du roi Louis‑Philippe. La République est proclamée et un gouvernement provisoire constitué. Le suffrage universel masculin est institué sous l’impulsion d’Alexandre Ledru‑Rollin et d’Alphonse de Lamartine. Les délits d’opinion et la censure des journaux, des arts et des spectacles sont supprimés.

2- Une effervescence démocratique.

Des arbres de la liberté, bénis par des prêtres, sont plantés partout en France pour célébrer la révolution. De nombreux débats politiques ont lieu au sein de clubs et de salons. Ils sont relayés par les journaux, qui se multiplient dès le début du printemps. Des revendications en faveur de l’émancipation féminine se font entendre, portées notamment par le journal La Voix des femmes fondé par Eugénie Niboyet.

3- Une première assemblée sans majorité claire.

L’Assemblée constituante. Élue le 23 avril 1848, elle est dominée par les républicains modérés, qui l’ont emporté sur les républicains radicaux et les socialistes. De nombreux députés conservateurs et monarchistes ont néanmoins été élus.

B - Une égalité encore à conquérir

1- L'abolition de l'esclavage

Préparé par Victor Schœlcher, le décret abolissant l’esclavage au nom des principes de liberté, d’égalité et de fraternité est signé par le gouvernement provisoire le 27 avril 1848. Les esclaves affranchis deviennent citoyens, obtiennent officiellement un nom et sont inscrits à l’état civil. Cependant, pour ménager les colons, un contrôle sévère continue d’être exercé sur les anciens esclaves.

2- Les revendications des femmes

Les féministes contestent l’exclusion des femmes de la vie politique et demandent à être des citoyennes à part entière. Elles s’expriment dans des pétitions, dans la presse et dans les clubs. Cependant, elles ne trouvent aucun relais parmi les dirigeants politiques, même progressistes. Le Code civil, qui fait d’elles des mineures, n’est jamais remis en question. Dès juillet 1848, l’accès aux clubs et aux réunions publiques leur est interdit.
C -Une République sociale ?

1- Des ouvriers au gouvernement.

Le mouvement ouvrier a joué un rôle décisif dans la révolution de février et est représenté au gouvernement provisoire, notamment par le socialiste républicain Louis Blanc et par le représentant du mouvement ouvrier Albert Martin. Louis Blanc obtient par un décret du 25 février que le gouvernement s’engage à « garantir l’existence de l’ouvrier par le travail ».

2- Les ateliers nationaux

Ils sont créés dès le 26 février pour donner du travail aux 184 000 chômeurs parisiens et à ceux de plusieurs autres grandes villes. Confiés au républicain modéré Pierre Marie de Saint‑Georges, ils sont mal organisés et s’avèrent rapidement un échec : le travail manque, de nombreux ouvriers sont désœuvrés.

Partie II: Agonie de la seconde République (juin 1848 - décembre 1851)
A - la déception des ouvriers

1- Des tensions accrues entre modérés et ouvriers.

Après les élections d’avril 1848, le mouvement ouvrier organise des manifestations massives pour mettre l’Assemblée sous pression. Les députés républicains modérés et conservateurs dénoncent les Ateliers nationaux comme inutilement coûteux et comme des foyers de subversion politique.

2- La répression des journées de juin

Le 21 juin, un décret pris par la Commission exécutive, sans consultation de l’Assemblée, prépare la dissolution des Ateliers nationaux. En réaction, 400 barricades sont dressées dans Paris le 23 juin. L’Assemblée charge le ministre de la Guerre, Eugène Cavaignac, de mener une violente répression, des centaines d’insurgés sont tués sur les barricades, des milliers exécutés sommairement à la suite des combats ou emprisonnés. Les principaux dirigeants ouvriers sont arrêtés ou contraints à l’exil. Les liens entre la République et les mouvements ouvriers et socialistes sont rompus

B - L'élection de Louis-Napoléon Bonaparte

1- Une nouvelle constitution

Les députés adoptent une Constitution démocratique fondée sur une stricte séparation des pouvoirs (doc. 3). L’Assemblée nationale et le président de la République sont élus au suffrage universel masculin direct. En cas de conflit, aucune de ces institutions ne peut s’imposer à l’autre. Aucun droit politique n’est accordé aux femmes.

2- Une élection sur le prestige.

Louis‑Napoléon Bonaparte, neveu de l’empereur Napoléon Ier, se présente face à Cavaignac, le candidat des républicains modérés. Bonaparte a peu d’expérience politique, mais il bénéficie du prestige de son nom et parvient à rallier une partie des conservateurs et des libéraux. L’élection du 10 décembre 1848 est un triomphe pour Bonaparte, qui obtient 74 % des voix.

C - Ordre, réaction et limitation de la démocratie.

1- Le retour des conservateurs

Les élections législatives des 13 et 14 mai 1849 sont remportées par les conservateurs. Les républicains radicaux et socialistes font une percée importante (35 % des voix) tandis que les modérés, en net recul, se rallient peu à peu au parti de l’Ordre. Celui‑ci limite les libertés et réprime les opposants politiques : la socialiste Jeanne Deroin est par exemple emprisonnée en mai 1850.

2- La restriction du suffrage universel.

Inquiet de la montée en puissance des radicaux et des socialistes, le parti de l’Ordre restreint les conditions d’inscription sur les listes électorales : il faut désormais résider à un endroit fixe depuis trois ans, payer des impôts et ne jamais avoir été condamné par la justice. La plupart des ouvriers et les paysans pauvres sont ainsi écartés des scrutins.

Partie III
A -  Le Césarisme, quand un dictateur s'appuie sur le peuple

1-  Le coup d'état

Le 2 décembre 1851, la Constitution l’empêchant d’être réélu président, Louis‑Napoléon Bonaparte dissout l’Assemblée nationale. Des soulèvements ont lieu contre le coup d’État, mais ils sont réprimés par l’armée. L’année suivante, Louis‑Napoléon Bonaparte fait approuver par plébiscite le rétablissement de l’Empire : il est proclamé empereur le 2 décembre 1852 sous le nom de Napoléon III.

2- La personnalisation du pouvoir

La nouvelle Constitution, approuvée par plébiscite en décembre 1852, concentre tous les pouvoirs entre les mains du chef de l’État : il a seul l’initiative des lois et il nomme les ministres. Les députés, qui siègent au sein du Corps législatif, sont tenus de prêter un serment personnel à l’empereur. Le Sénat, composé de membres de droit ou nommés par l’empereur, peut annuler les votes du Corps législatif.

3- Un régime plébiscitaire

Le suffrage universel direct masculin est rétabli pour l’élection des députés et les plébiscites. Ceux-ci témoignent de la popularité du chef de l’État, qu’il entretient par des voyages officiels dans le pays. Le Second Empire est un césarisme démocratique : « l’appel au peuple » auquel a recours Napoléon III vise à légitimer la politique menée, mais le système de la candidature officielle, l’absence de liberté de la presse et la répression des opposants au régime interdisent tout pluralisme.

B - Un État fort au service du régime

1- Recrutement de fonctionnaires

Leur nombre passe de 477 000 en 1851 à près de 700 000 en 1870. Tous les fonctionnaires sont tenus de relayer la propagande bonapartiste, en particulier au moment des élections, de maintenir l’ordre et de surveiller leurs collègues et les administrés. Un serment personnel à l’empereur est imposé.

2- Des préfets aux ordres

Les « empereurs au petit pied » Cette expression désigne les préfets qui, en plus de leurs missions traditionnelles de maintien de l’ordre et d’exécution des lois, reçoivent des pouvoirs considérables dans leur département.

3- Les limites du régime

Pour la plupart, les préfets et les fonctionnaires ne sont pas remplacés après le coup d’État de 1851. Ce ne sont pas des bonapartistes convaincus mais d’anciens républicains ou monarchistes qui acceptent le nouveau régime, sans toutefois y adhérer pleinement.

C - Des ambitions économiques et politiques importantes

1- Le développement économique

Napoléon III favorise le développement d’infrastructures, en particulier l’extension du réseau ferré. Il entend stimuler l’industrie par une politique de libre‑échange, en particulier avec le Royaume‑Uni (traité de 1860).

2- Mettre en scène la grandeur de la France et de l'Empire

Napoléon III entend redonner à la France une place prépondérante dans le concert des nations européennes et mène une politique extérieure active (guerre de Crimée en 1854, unification italienne en 1860, expédition au Mexique de 1862 à 1867).

Conclusion:

Napoléon III met en place un régime qui  contrôle de la vie politique
- Par la répression. 
L’arsenal répressif mis en place dès 1850 par le parti de l’Ordre est renforcé et les effectifs de la police augmentent fortement. Pendant toute la durée du régime, des milliers de personnes, dont un grand nombre d’opposants politiques, sont arrêtées ou envoyées au bagne à Cayenne et en Algérie. Après l’attentat manqué d’Orsini contre l’empereur en 1858, la répression se durcit encore.

- Par le contrôle de la presse. Une censure rigoureuse est mise en place afin de veiller au respect de la morale et de l’ordre social. Le système de l’avertissement, qui permet la suspension voire l’interdiction des journaux indociles, empêche toute critique du pouvoir. Cependant, une littérature contestataire est diffusée en secret : c’est par exemple le cas du pamphlet de Victor Hugo, Napoléon le Petit (doc. 2).

De nombreuses personnes n'ont donc le choix qu'entre l’exil ou la prison. À l’image de Victor Hugo, Edgar Quinet et Jeanne Deroin... 

À l’étranger, ils contribuent à alimenter l’opposition au régime. 

L'opposition ouverte au régime est donc de plus en plus fréquente

À partir du début des années 1860, la politique impériale suscite des critiques de plus en plus nombreuses parmi les soutiens de Napoléon III. L’Église attaque la politique italienne de l’empereur, défavorable au pape ; les conservateurs contestent la politique de libre‑échange, les mesures sociales prises en faveur des ouvriers ou encore le coût de la politique extérieure.

L’opposition parlementaire. Lors de l’élection législative de 1863, 17 candidats républicains et 15 candidats libéraux sont élus : ils demandent une libéralisation du régime. L’opposition progresse mais reste cependant très divisée.

Un régime libéral

Face à la montée des contestations, Napoléon III concède plusieurs réformes. En 1867, il accorde au Corps législatif le droit d’interpellation. Le système de l’avertissement est supprimé, même si la presse reste en réalité très surveillée. Les réunions publiques sont autorisées en 1868, à condition qu’elles ne portent pas sur des sujets politiques ou religieux.

Les élections législatives de 1869 sont un échec pour le pouvoir, qui perd un million de voix. En réaction, Napoléon III accepte une évolution parlementaire du régime : les ministres seront désormais responsables devant les députés. Le plébiscite du 8 mai 1870, portant sur cette libéralisation du régime, est un succès pour le pouvoir impérial. 

Mais, quelques semaines après, la défaite française de Sedan entraîne la déchéance de l’empereur, prisonnier des Prussiens, et la proclamation de la IIIe République le 4 septembre 1870.

Etude de cas  Le Creusot de la famille Schneider

Les salaires et les conditions de vie s’améliorent grâce aux luttes ouvrières, à la législation et à l’action de grands patrons paternalistes, comme les Schneider au Creusot.

 

Fiche d'étude sur le Creusot de la famille Schneider 

Vous êtes Eugène II Schneider (1868-1942). Vous dirigez les établissements Schneider et Cie Vous succédez donc à votre père (Eugène I) et votre Grand-père (Charles). Vous êtes maire du Creusot depuis 1896. Nous sommes en 1899. Vous rencontrez Jules Adler (1865-1899) qui peint la grève des ouvriers de votre usine du Creusot. Vous essayez de défendre votre bilan à la tête de l’entreprise Schneider et Cie et à votre mairie du Creusot. Pour cela vous devrez exposer les arguments de vos opposants à votre politique paternaliste.

Jules Adler La grève au Creusot (1899)

Jules Adler La grève au Creusot (1899)

2- Des conditions de travail précaires

La crise économique de la fin du siècle entraîne cependant une forte hausse du chômage et de la précarité.

Les journées de travail sont longues : dix heures par jour en 1912, six jours par semaine (le jour de repos est, pour la grande majorité des salariés, le dimanche). 

Les conditions d’hygiène et de sécurité ne font pas partie des préoccupations dans les usines (voir document ci-dessous: « odeurs nauséabondes », chaleur (« des filets de vapeur »), bruit permanent (« ses cylindres tournent à l’infini) voire même accidents de travail (« un bras brisé par une courroie »)).

 

 Dans cette papeterie rurale, comme dans bien d’autres industries, l’ouvrier travaille pour le compte du directeur de l’usine. Il perçoit un salaire de 2 Francs pour 10 heures de travail. Lorsqu’il change de poste, son salaire est augmenté de 25 centimes par jour de travail. C’est donc son temps de travail qui définit sa paie.

Dans cette papeterie rurale, comme dans bien d’autres industries, l’ouvrier travaille pour le compte du directeur de l’usine. Il perçoit un salaire de 2 Francs pour 10 heures de travail. Lorsqu’il change de poste, son salaire est augmenté de 25 centimes par jour de travail. C’est donc son temps de travail qui définit sa paie.

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Rédigé par M. Orain

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Publié le 21 Août 2021

HISTOIRE

« Construire une nation démocratique dans l’Europe des monarchies et des empires : la France de 1789 aux lendemains de la Première Guerre mondiale »

 

Thème 1 : L’Europe bouleversée par la Révolution Française  (5-7 heures)

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Louis XVI, roi de France ; 1754–1793. – “Procès et Jugement de Louis XVI” (11 décembre 1792 – 20 janvier 1793 ; discours de Louis XVI le 26 décembre 1792). Grav. sur cuivre, coloriée, 1802, de Daniel Vrijdag (1765–1822) d’ap. peinture de William Miller. Paris, Musée Carnavalet.

Louis XVI, roi de France ; 1754–1793. – “Procès et Jugement de Louis XVI” (11 décembre 1792 – 20 janvier 1793 ; discours de Louis XVI le 26 décembre 1792). Grav. sur cuivre, coloriée, 1802, de Daniel Vrijdag (1765–1822) d’ap. peinture de William Miller. Paris, Musée Carnavalet.

L'Europe bouleversée par la Révolution française (1789-1815)

 

Introduction:

Au XVIIIe siècle, la société d’ordres est fragilisée par de lentes mutations sociales et économiques qui favorisent l’affirmation de la bourgeoisie. S’y ajoute une grave crise économique, liée à la dette publique.

Face aux difficultés, le roi Louis XVI convoque les états généraux en janvier 1789. Les députés des trois ordres, réunis à Versailles à partir de mai, s’appuient sur les cahiers de doléances pour relayer les revendications des Français.

 

Problématique: En quoi la Révolution française a-t-elle provoqué une rupture en France et en Europe?

 

PPO n°1: Madame Roland, une femme en révolution:

Notion de révolution

Partie I:  La naissance d'une France nouvelle.

Notions: Egalité en droit, Souveraineté nationale, Nation

Activité N°1 

Frise chronologique à compléter  Cours sans document 

La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation
La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation
 

A -  Qui rompt avec l'Ancien Régime...

1- La fin des privilèges

Activité 1

Le contexte est très tendu. Les Parisiens cherchent des armes et de la poudre, puis attaquent les invalides en prennent la Bastille le 14 juillet.

La Bastille ressemble à un château-fort. La forteresse a perd sa fonction défensive  pour servir désormais de prison et de réserves à munition. La Bastille est défendue par une garnison de 82 invalides et de 32 gardes suisses.  il y avait 7 prisonniers le 14 juillet 1789 : 4 faussaires, 2 fous et 1 noble interné à la demande de sa famille .

La Bastille ressemble à un château-fort. La forteresse a perd sa fonction défensive pour servir désormais de prison et de réserves à munition. La Bastille est défendue par une garnison de 82 invalides et de 32 gardes suisses. il y avait 7 prisonniers le 14 juillet 1789 : 4 faussaires, 2 fous et 1 noble interné à la demande de sa famille .

Dans les campagnes la "Grande Peur" s'installe. Les paysans refusent de payer les dîmes et les droits seigneuriaux, certains s'attaquent aux châteaux.  L'Assemblée vote alors le 4 août la suppression des dîmes et de certains droits seigneuriaux, ainsi que les privilèges d'ordres. Elle supprime également les privilèges des provinces et des villes.

La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation

Document : l'abolition du privilège, nuit du 4 août 1789.

Versailles, 7 août 1789. 
Monsieur, la séance du mardi au soir, 4 août, est la séance la plus mémorable qui se soit tenue jamais chez aucune nation. [...] Mr le Vicomte de Noailles fit une motion, et demanda que les droits de banalité, rentes nobles foncières, droits de minage, exclusifs de chasse, de fuie, colombier, cens, redevances, dîmes, rachats, tous droits qui pèsent sur le peuple, et sont la source des déprédations des justices subalternes, des vexations des officiers, pussent être rachetés à un taux fixé par l’Assemblée Nationale. Plusieurs membres de la haute noblesse se joignirent à lui. Les ducs d'Aiguillon et du Châtelet proposèrent que, dès cet instant, la noblesse et le clergé prononçassent le sacrifice de leurs privilèges pécuniaires.
Les circonstances malheureuses où se trouvent la Noblesse, l’insurrection générale élevée de toutes parts contre elle, les provinces de Franche-Comté, de Dauphiné, de Bourgogne, d’Alsace, de Normandie, de Limousin, agitées des plus violentes convulsions, et en partie ravagées ; plus de cent cinquante châteaux incendiés ; les titres seigneuriaux recherchés avec une espèce de fureur, et brûlés ; l’impossibilité de s’opposer au torrent de la Révolution, les malheurs qu’entraînerait une résistance même inutile ; la ruine du plus beau royaume de l’Europe, en proie à l’anarchie, à la dévastation ; et, plus que tout cela, cet amour de la patrie inné dans le cœur du Français, amour qui est un devoir impérieux pour la Noblesse, obligée par état, et par honneur, à dévouer ses biens, sa vie même pour le Roi, et pour la Nation, tout nous prescrivait la conduite que nous devions tenir ; il n’y eut qu’un mouvement général. Le Clergé, la Noblesse se levèrent et adoptèrent toutes les motions proposées. Les témoignages les plus flatteurs de reconnaissance furent prodigués. Mais c’était le moment de l’ivresse patriotique. 
Différentes motions se succédèrent avec rapidité. L’un demande la justice gratuite ; et les communes se hâtent d’applaudir ; un autre propose la réduction des pensions, gouvernements, charges des gens de la Cour ; elle est reçue avec acclamation. Les curés offrent le sacrifice de leur casuel. Quelques-uns vont même jusqu’à proscrire la pluralité des bénéfices, et remettent ceux qu’ils ont. Les députés de Paris renoncent pour la capitale à ses privilèges ; ceux des villes de Bordeaux, Lyon, Marseille suivent le même exemple ; les députés des provinces privilégiées, la Bretagne, la Bourgogne, le Dauphiné, l’Artois, la Franche-Comté, la Provence, le Languedoc, le Boulonnais, la principauté d’Orange, le Cambrésis, l’Alsace, le pays de Dombes, s’avancent tour à tour au bureau, et prononcent solennellement, au nom de leurs provinces, la renonciation formelle à tous droits, privilèges, exemptions, prérogatives, demandant d’être assimilés aux autres provinces de France. Vous jugez de l’enthousiasme avec lequel ce généreux abandon dut reçu. Je n’essaierai point de vous peindre les transports, la joie ; une foule immense de spectateurs la partageait ; des cris, des « Vive le Roi », des battements de mains ! » 

Lettre du marquis de Ferrières [député de la noblesse de Saumur, Anjou] à son ami le chevalier de Rabreuil. 

2- La volonté d'unir la Nation

Les privilèges ont été abolis. L'Ancien Régime n'existe plus. Place à une nation de citoyens.

Mais le citoyen "actif" est un homme d'au moins 25 ans, domicilié et payant une contribution d'une valeur supérieure à trois journées de travail. Les hommes qui ne remplissent pas ces critères sont exclus des scrutins, tout comme les femmes, malgré les demandes de Condorcet ou Olympe de Gouges. (Suffrage censitaire : élection réservée aux citoyens les plus riches).

 

Voter est un devoir, tout comme défendre le pays.

Les "soldats-citoyens" forment l'armée chargée de défendre le royaume d'éventuelles agressions étrangères. Elle reste dirigée par les officiers de l'Ancien Régime, souvent rétifs au changement.

La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nationLa Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation

Les "citoyens-soldats" sont les gardes nationaux organisés à partir de l'été 1789 en province. Il s'agit de citoyens actifs qui s'engagent à maintenir l'ordre intérieur, en ville et à la campagne. Leur action est alors ambiguë: réel soutien à l'oeuvre révolutionnaire, ils peuvent aussi parfois sévir contre les citoyens mécontents qui protestent contre le prix du pain.

Citoyens soldatsCitoyens soldats

Citoyens soldats

Ces gardes nationaux sont à l'honneur lors de la fête de la Fédération à Paris, le 14 juillet 1790.

Ces gardes nationaux sont à l'honneur lors de la fête de la Fédération à Paris, le 14 juillet 1790.

B - ... Et pose les grands principes de la modernité politique...

1- La souveraineté nationale

Le 17 juin 1789, les élus du Tiers-Etat se désignent comme députés des "communes" comme en Angleterre. Ils ont été rejoints par des curés et se transforment en Assemblée nationale.

Le 20 juin 1789, dans la salle du Jeu de paume à Versailles, ils prêtent serment de ne pas se séparer avant d'avoir doté le pays d'une constitution et de l'avoir affermie sur des bases solides.

La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation

Le 9 juillet 1789, l'Assemblée se dit "constituante". Après quelques atermoiements, le roi a plié, au moins en apparence.

 

L'une des réformes les plus symboliques et les plus durables de l'Assemblée constituante concerne l'organisation du territoire national. L'objectif était de faire disparaître les provinces, leurs privilèges et leurs administrateurs; mais aussi de rationaliser le découpage administratif.

 

L'Assemblée crée ainsi 83 départements, subdivisés en districts. Le département sera désormais géré par un "conseil général" élu. A son chef-lieu est établi le tribunal criminel, dont les juges sont élus. Ce cadre territorial s'impose aussi à l'Eglise: il y a un évêque par département et il est élu par les citoyens.

La France en 1788 et en 1789La France en 1788 et en 1789

La France en 1788 et en 1789

La nation est désormais souveraine: elle exerce le pouvoir législatif par l'intermédiaire d'une assemblée élue, et elle choisit par l'élection ses députés, ses administrateurs, ses juges, ses ecclésiastiques. Elle est composée de citoyens égaux en droits, car les privilèges sont abolis.

Gravure : Assemblée nationale, époque du 4 février 1790 Archives Nationales AE-II-3878.Gravure : Assemblée nationale, époque du 4 février 1790 Archives Nationales AE-II-3878.

Gravure : Assemblée nationale, époque du 4 février 1790 Archives Nationales AE-II-3878.

2- De nouveaux droits

Les droits de l'Homme et du citoyen sont proclamés dans une déclaration solennelle, adoptée le 26 août 1789. En dix-sept articles, les députés justifient la Révolution par le rétablissement de droits "naturels" un temps oubliés: la liberté, la propriété, la sûreté, la résistance à l'oppression. Par des principes jugés universels, ils définissent les bases de la modernité politique. Le principe de liberté y occupe la première place, et entraîne le droit de s'exprimer, d'adhérer à la religion de son choix, de contribuer à la gestion de son pays, d'être protégé par une loi commune à tous, etc.

Document : la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen (26 août 1789).

Les Représentants du Peuple Français, constitués en Assemblée Nationale, considérant que l'ignorance, l'oubli ou le mépris des droits de l'Homme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des Gouvernements, ont résolu d'exposer, dans une Déclaration solennelle, les droits naturels, inaliénables et sacrés de l'Homme, afin que cette Déclaration, constamment présente à tous les Membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs ; afin que les actes du pouvoir législatif, et ceux du pouvoir exécutif, pouvant être à chaque instant comparés avec le but de toute institution politique, en soient plus respectés ; afin que les réclamations des citoyens, fondées désormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la Constitution et au bonheur de tous.

En conséquence, l'Assemblée Nationale reconnaît et déclare, en présence et sous les auspices de l'Etre suprême, les droits suivants de l'Homme et du Citoyen.

Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.

Art. 2. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l'oppression.

Art. 3. Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d'autorité qui n'en émane expressément.

Art. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.

Art. 5.  La Loi n'a le droit de défendre que les actions nuisibles à la Société. Tout ce qui n'est pas défendu par la Loi ne peut être empêché, et nul ne peut être contraint à faire ce qu'elle n'ordonne pas.  

Art. 6. La Loi est l'expression de la volonté générale. Tous les Citoyens ont droit de concourir personnellement, ou par leurs Représentants, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse. Tous les Citoyens étant égaux à ses yeux sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité, et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. 

Art. 7. Nul homme ne peut être accusé, arrêté ni détenu que dans les cas déterminés par la Loi, et selon les formes qu'elle a prescrites. Ceux qui sollicitent, expédient, exécutent ou font exécuter des ordres arbitraires, doivent être punis ; mais tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la Loi doit obéir à l'instant : il se rend coupable par la résistance. 

Art. 8. La Loi ne doit établir que des peines strictement et évidemment nécessaires, et nul ne peut être puni qu'en vertu d'une Loi établie et promulguée antérieurement au délit, et légalement appliquée.  

Art. 9. Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi.  

Art. 10. Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi.

Art. 11. La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

Art. 12. La garantie des droits de l'Homme et du Citoyen nécessite une force publique : cette force est donc instituée pour l'avantage de tous, et non pour l'utilité particulière de ceux auxquels elle est confiée.

 Art. 13. Pour l'entretien de la force publique, et pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable : elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs facultés.

Art. 14. Tous les Citoyens ont le droit de constater, par eux-mêmes ou par leurs représentants, la nécessité de la contribution publique, de la consentir librement, d'en suivre l'emploi, et d'en déterminer la quotité, l'assiette, le recouvrement et la durée. 

Art. 15. La Société a le droit de demander compte à tout Agent public de son administration.

Art. 16. Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n'est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n'a point de Constitution.

Art. 17. La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n'est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l'exige évidemment, et sous la condition d'une juste et préalable indemnité.

Pour autant, ces principes suscitent des débats. Ainsi, des députés démocrates (Robespierre) protestent contre la distinction entre des citoyens "actifs" disposant du droit de vote parce qu'ils paient un minimum d'impôts, et des "non actifs" ou "passifs". De même, des députés sont conscients que l'esclavage dans les colonies contredit l'article 1 de la DDHC.

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3- La naissance d'une culture politique dans les clubs

Pour participer au changement politique, les citoyens fondent et fréquentent des clubs. A Versailles, l'un des premiers est ouvert par les députés bretons; il est très vite suivi par nombre de patriotes de l'Assemblée et de la ville, puis prend une importance nationale. Une fois la Constituante installée à Paris, à l'automne 1789, il s'établit dans l'ancien couvent des Jacobins.

 

On l'appelle "Société des Amis de la Constitution" ou club des Jacobins. Des dizaines de sociétés similaires sont fondées: 21 à la fin de l'année 1789, plus de 300 un an plus tard et 1 100 à la fin de l'année 1791.

 

Le club est une association politique. Souvent abonné à des journaux, qui connaissent un développement inédit, il permet à ses membres de se tenir informés. Il est également un lieu d'échanges et de débats, de même qu'un centre d'impulsion, qui dote les citoyens d'une culture politique et leur offre l'occasion d'exprimer leurs attentes ou de faire pression sur les nouveaux pouvoirs. Les hommes hostiles à la Révolution fondent leurs propres clubs.

 
Une séance au Club des jacobins en 1791 dans la bibliothèque des Dominicains. Alexandre de Lameth préside, tandis que Mirabeau prononce un discours.

Une séance au Club des jacobins en 1791 dans la bibliothèque des Dominicains. Alexandre de Lameth préside, tandis que Mirabeau prononce un discours.

Document : le club des Jacobins.

"Le soir M. Decrétot et M. Blin m'ont mené à ce club des Jacobins [...]. Il y avait plus de cent députés présents. [...] Un me dit qu'à présent je puis toujours être admis en ma qualité d'étranger. On procéda ainsi à dix ou douze autres élections. On débat dans ce club toute question qui doit être portée à l'Assemblée nationale, on y lit les projets de lois, qui sont rejetés ou approuvés après correction. Quand ils ont obtenu l'assentiment général, tout le parti s'engage à les soutenir. On y arrête des plans de conduite, on y élit les personnes qui devront faire partie des comités, on y nomme des présidents pour l'assemblée."

Arthur Young, Voyages en France en 1787, 1788, 1789, 1794, traduction d'Henri Sée.

C -... Malgré l'échec de la monarchie constitutionnelle.

PPO n°2: Décembre 1792-janvier 1793: Procès et mort de Louis XVI.

La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation

Depuis la fuite du roi et son arrestation à Varennes, en juin 1791, la confiance en Louis XVI est fragilisée. Certains envisagent sa déchéance, et même l'instauration d'une république.

La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation
Les caricatures montrent bien l'opposition farouche au roi... Et à la reine.

Les caricatures montrent bien l'opposition farouche au roi... Et à la reine.

Au printemps 1792, les premiers revers militaires et la défiance croissante envers Louis XVI encouragent le débat sur la déchéance du roi. L'Assemblée législative refuse cette éventualité et entend appliquer strictement la constitution. Mais les pétitions affluent sur le bureau de son président, de la part de citoyens, de clubs... Le mouvement s'amplifie en août, en particulier à Paris, dès lors que la crainte d'une invasion devient plus vive.

Le matin du 10 août, une commune insurrectionnelle s'installe à l'hôtel de ville. Des sans-culottes et des fédérés (notamment de Marseille) s'emparent du château des Tuileries. L'Assemblée cède et suspend provisoirement le roi.

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Elle convoque une Convention et donne le droit de vote à tous les hommes majeurs, sans condition de cens. Dès 1792, on date de ce "10 août" la chute de la monarchie. Mais celle-ci ne disparaît officiellement que le 21 septembre 1792La République naît alors dans un moment de tension: crainte de l'invasion, massacre de prisonniers à Paris...

Le 7 novembre 1792, la Convention a décidé que le roi sera jugé par elle en tant que simple citoyen. Le 20 novembre, des documents révélant la duplicité du roi sont découverts dans "l'armoire de fer".

Louis XVI éclairant le serrurier Gamain en train de confectionner l'armoire de fer", illustration extraite de l'"Histoire des Girondins" (1866), de Lamartine. Photo © Leemage

Louis XVI éclairant le serrurier Gamain en train de confectionner l'armoire de fer", illustration extraite de l'"Histoire des Girondins" (1866), de Lamartine. Photo © Leemage

Cet événement précipite le procès qui se tient en décembre 1792 et janvier 1793.

387 votent pour la mort, 46 pour la mort avec sursis, 288 pour la détention. Le 21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné.

387 votent pour la mort, 46 pour la mort avec sursis, 288 pour la détention. Le 21 janvier 1793, Louis XVI est guillotiné.

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Document: La mort de « Louis Capet »
Charles-Henri Sanson est l’un des exécuteurs officiels du royaume depuis 1766. C’est lui qui est chargé d’exécuter Louis XVI.

[Au sujet de Louis Capet] Voici suivant ma promesse l’exacte vérité de ce qui s’est passé. Descendant de la voiture pour l’exécution, on lui dit qu’il fallait ôter son habit. Il fit quelques difficultés, en disant qu’on pouvait l’exécuter comme il était : quand on lui eût expliqué que c’était impossible, il aida lui‑même à ôter son habit […]. Il demanda si les tambours s’arrêteraient de battre : on lui répondit qu’on n’en savait rien. Il monta sur l’échafaud et voulut foncer sur le devant, comme s’il voulait parler. Mais on lui expliqua que c’était impossible. Il se laissa alors conduire à l’endroit où on l’attacha et où il s’écria très haut : « Peuple, je meurs innocent. » Ensuite, se retournant vers nous, il nous dit : « Messieurs, je suis innocent de tout ce dont on m’inculpe. Je souhaite que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français. » Voilà, citoyens, ses dernières et véritables paroles […]. Pour rendre hommage à la vérité, il a soutenu tout cela avec un sang‑froid et une fermeté qui nous a tous étonnés.


Charles-Henri Sanson, lettre envoyée au Thermomètre du jour, 21 février 1793.

Partie II: La République dans la tourmente
Activité N°2 (à partir de la page 7)
A - ... En guerre contre l'Europe

Les révolutionnaires, croyant à l'universalité de leur cause, veulent répandre en Europe leurs idées. De l'autre côté des frontières, les régimes absolutistes ne veulent pas que les idées révolutionnaires se propagent : ils veulent même abattre la Révolution pour montrer qu'elle était vouée à l'échec.

1- Une guerre préventive ?

Depuis l'été 1791, une crainte monte: celle de la guerre. (Les Français se souviennent que la révolution des Provinces-Unies s'est terminée par l'intervention des Prussiens en 1787 et que celle des Pays-Bas s'est achevée avec l'entrée des troupes autrichiennes en 1790.)  Dans ce contexte, certains pensent que la guerre est inévitable et prônent une attaque préventive contre l'Autriche.

La guerre donne lieu à un vif débat au cours de l'hiver 1791-1792, marqué par l'opposition entre Brissot (pour) et Robespierre (contre).

La guerre, également voulue par le roi qui y voit une occasion de retrouver son trône, est finalement déclarée le 20 avril 1792. Les premières défaites accentuent l'incertitude et fragilisent Louis XVI.

2- Une coalition européenne contre la France révolutionnaire

De nombreux nobles exilés forment une véritable armée à la frontière, au niveau des Pays-Bas autrichiens.   La Prusse, qui est l'autre principale puissance du Saint Empire romain germanique, se joint rapidement à l'Autriche.

Ces cartes sont à nuancer. Les régions ne se soulèvent pas dans leur ensemble.

Ces cartes sont à nuancer. Les régions ne se soulèvent pas dans leur ensemble.

Les armées austro-prussiennes s'avancent victorieuses jusqu'à Verdun, mais sont finalement arrêtées à Valmy le 20 septembre 1792. (date de la fondation de la Ière République)

Horace Vernet — The National Gallery Français : Bataille de Valmy, le 20 septembre 1792.

Horace Vernet — The National Gallery Français : Bataille de Valmy, le 20 septembre 1792.

La France reprend l'avantage et s'avance hors de ses frontières. Elle annexe notamment le comté de Nice et la Savoie, ce qui provoque une hostilité générale en Europe.

 

Ces cartes sont à nuancer. Les régions ne se soulèvent pas dans leur ensemble.

Ces cartes sont à nuancer. Les régions ne se soulèvent pas dans leur ensemble.

Début 1793, l'exécution de Louis XVI entraîne la formation d'une vaste coalition contre la France, tandis que des révoltes monarchiques se déclarent à l'intérieur du territoire, notamment en Vendée.

Révolte de Fouesnant Les révoltés du Fouesnant ramenés par la garde nationale de Quimper en 1792, peinture de Jules Girardet, xixe siècle.

Révolte de Fouesnant Les révoltés du Fouesnant ramenés par la garde nationale de Quimper en 1792, peinture de Jules Girardet, xixe siècle.

Peu à peu, les armées françaises reprennent le dessus : en 1794, la bataille de Fleurus permet à la France de s'emparer des Pays-Bas autrichiens, tandis qu'elle progresse à l'est en direction de Francfort.

La bataille de Fleurus, par Jean-Baptiste Mauzaisse, 1837.

La bataille de Fleurus, par Jean-Baptiste Mauzaisse, 1837.

La frontière est fixée sur les rives du Rhin. La France impose l'instauration de la «République batave» aux Provinces-Unies en 1795, qui devient en pratique sous tutelle française. 

La france en 1800

La france en 1800

3- Ses conséquences

Les besoins de l'armée déclenchent des troubles. Après la victoire de Jemappes (6 novembre 1792), des dizaines de milliers de volontaires ont quitté l'armée. En février 1793, la Convention lance une levée de 300 000 volontaires (levée en masse). 

Cela provoque des troubles dans de nombreux départements, notamment dans l'Ouest, où se déclenche le soulèvement "vendéen". (La chouannerie se déroulait elle sur la rive droite de la Loire).

Néanmoins ces mouvements contre-révolutionnaires ne sont pas uniformes. Leurs motivations et leurs intensités peuvent être diverses.

Henri de La Rochejaquelein au combat de Cholet, 17 octobre 1793, peinture de Paul-Émile Boutigny, musée d'art et d'histoire de Cholet.

Henri de La Rochejaquelein au combat de Cholet, 17 octobre 1793, peinture de Paul-Émile Boutigny, musée d'art et d'histoire de Cholet.

La guerre et la révolution bouleversent les activités productives traditionnelles et aggravent la crise sociale car les prix des denrées sont trop élevés. La convention Girondine se retrouve en difficulté...

 

Brissot, Vergniaud, Condorcet, Isnard, Roland sont restés comme de grandes figures de la convention girondine.

Brissot, Vergniaud, Condorcet, Isnard, Roland sont restés comme de grandes figures de la convention girondine.

... et chute le 2 juin 1793. Les Montagnards prennent le pouvoir avec le soutien des sans-culottes. (voir partie IIC) C'est le début de la convention Montagnarde (2 juin 1793 au 10 thermidor an II (28 juillet 1794)

La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation

Face aux difficultés, la Convention diffère l'application de la Constitution et le 10 octobre 1793 le gouvernement est déclaré "révolutionnaire", au sens d'extraordinaire, jusqu'au retour de la paix. La Convention devient le centre majeur du pouvoir: ses pouvoirs sont renforcés pour faire face aux périls qui menacent la République.

La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation

La révolution bascule progressivement dans la Terreur (la notion même de Terreur fait l'objet d'un débat historiographique sur sa pertinence)  (voir partie IIC).  Ses mesures sont autoritaires. La loi des suspects (17 sep 1793) est votée pour réprimer les opposition, loi du maximum général (29 sep 1793) pour lutter contre la hausse des prix. 

 

La terreur est le nom donné par les opposants de Robespierre pour qualifier les années précédentes et lui imputer toutes les violences. Le mot a été conservé pour désigner ensuite une période mal définie, souvent de 1792 à 1794.

Jean-Clément Martin a démontré que la « Terreur » n’avait jamais été mise à l’ordre du jour ; il n’y a pas eu volonté centralisée de gouverner de façon globale par la terreur et cette période n’est pas la genèse des totalitarismes. Au contraire, même, les violences découlent souvent d’une perte de contrôle du pouvoir central, dépassé par ses franges les plus radicales et qui tente, peu à peu, de retrouver le monopole de la violence légale.

Jean-Clément Martin a démontré que la « Terreur » n’avait jamais été mise à l’ordre du jour ; il n’y a pas eu volonté centralisée de gouverner de façon globale par la terreur et cette période n’est pas la genèse des totalitarismes. Au contraire, même, les violences découlent souvent d’une perte de contrôle du pouvoir central, dépassé par ses franges les plus radicales et qui tente, peu à peu, de retrouver le monopole de la violence légale.

La Convention décrète ensuite la levée en masse concernant la tranche d'âge de 25 à 35 ans , le 23 août 1793.

Jean-Baptiste Lesueur (1749-1826) La levée en masse, 12 Août 1793

Jean-Baptiste Lesueur (1749-1826) La levée en masse, 12 Août 1793

Robespierre, Danton, Desmoulins, Marat, Saint-Just ... ont été des figures importantes de la convention montagnarde du 24 juin 1793 au 9 thermidor an II (27 juillet 1794)

Robespierre, Danton, Desmoulins, Marat, Saint-Just ... ont été des figures importantes de la convention montagnarde du 24 juin 1793 au 9 thermidor an II (27 juillet 1794)

On sacralise alors la victoire des citoyens soldats (ex: Marseillaise devenue hymne officiel le 14 juillet 1795). Les soldats-citoyens, soldats professionnels, sont rejoints par des citoyens-soldats, dès lors que la patrie est en danger. C'est la naissance du lien entre citoyenneté et Défense nationale.

La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation

Les réformes touchent aussi de nombreux aspects du quotidien des français. Le 6 octobre 1793 (15 vendémiaire an II) c'est l'entrée en vigueur du Calendrier républicain. L'an I de la République commence le 22 septembre 1792. 

 

Le compte twitter @Ererepublicaine fait perdurer le calendrier républicain

Le compte twitter @Ererepublicaine fait perdurer le calendrier républicain

Le système métrique et de poids et mesures (défini définitivement  le 7 avril 1795 (10 millionième de l'arc du méridien terrestre compris entre l'équateur et l'arc boréal). Une base naturelle pour éviter les orgueils nationaux.

La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation

Les décisions des Montagnards effraient certains députés et la bourgeoisie libérale. Un coup d’État contre Robespierre met fin à la Terreur et à la convention montagnarde (8‑10 thermidor an II (26 juillet 1794). Il s'en suit une période de troubles (insurrection du 12 germinal an III (1er avril 1795) et du du 1er prairial an III (20 mai 1795)) 

La nuit du 9 au 10 thermidor an II, gravure coloriée de Jean-Joseph-François Tassaert d'après Fulchran-Jean Harriet, musée Carnavalet, vers 1796.

La nuit du 9 au 10 thermidor an II, gravure coloriée de Jean-Joseph-François Tassaert d'après Fulchran-Jean Harriet, musée Carnavalet, vers 1796.

La convention thermidorienne s'installe finalement du 27 juillet 1794 au 26 octobre 1795  (4 brumaire an IV) . La constitution ayant été votée le  5 fructidor an III (22 août 1795)   la convention cède la place à un nouveau système: le Directoire (1795-1799).

Le Directoire (1795‑1799) instaure un système censitaire et donne le pouvoir à cinq directeurs. À l’extérieur, l’expansion française se poursuit . À l’intérieur, le régime lutte à la fois contre les mouvements monarchistes et jacobins.

Paul Barras est directeur du début à la fin du Directoire.

Paul Barras est directeur du début à la fin du Directoire.

L'appel aux volontaires (levée en masse) et les réquisitions (sous la Terreur) ne suffisant plus à alimenter les effectifs, le Directoire invente la conscription avec la loi Jourdan du 5 septembre 1798 (19 fructidor an VI). L'inscription des jeunes hommes de 20 à 25 ans devient obligatoire. Ils sont divisés en classe. L'Etat fixe chaque année le contingent, c'est-à-dire le nombre de conscrits à lever pour cinq ans. Le remplacement et le tirage au sort sont proscrits (mais réapparaissent très vite). Le critère de désignation est l'âge: les plus jeunes de la classe des vingtenaires sont appelés les premiers. Cette armée de conscription identifie la citoyenneté à la défense de la patrie. Le principe de cette loi — « Tout Français est soldat et se doit à la défense de sa patrie » resta en vigueur jusqu'en 1996

Louis-Léopold Boilly, le départ des conscrits en 1807, Paris, Musée Carnavalet

Louis-Léopold Boilly, le départ des conscrits en 1807, Paris, Musée Carnavalet

B - ... En guerre contre l'Eglise.

1- 1789-1794

Les réformes religieuses mises en place sous la Révolution et l'Empire avaient déjà fait l'objet d'un débat sous la monarchie absolue. Elles ne seront d'ailleurs pas fondamentalement remises en cause par la monarchie restaurée après 1815. 

La sécularisation amorcée par les Lumières a conduit à redéfinir les rapports entre l'Eglise et l'Etat dès le XVIIIème siècle.

 

La première grande mesure religieuse de l'Assemblée constituante est l'instauration de la liberté des cultes (DDHC du 26 août 1789). En octobre, c'est l'évêque d'Autun qui propose à l'Assemblée nationale de vendre les propriétés de l'Eglise catholique au profit de l'Etat afin de réduire le déficit. Le 2 novembre, l'Assemblée nationale décrète la nationalisation de biens ecclésiastiques et adopte le principe du salariat du clergé. Convaincus que la religion catholique est un "service public", les députés s'estiment aptes à réformer l'Eglise de France : les vœux monastiques sont suspendus le 28 octobre 1789 puis interdits le 13 janvier 1790. Les congrégations religieuses sont supprimées.

Le 12 juillet 1790, l'Assemblée nationale vote le décret réorganisant le clergé séculier, plus connu sous le nom de "constitution civile du clergé".

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Comment faire prêter le serment constitutionnel au clergé réfractaire. Gouache. Collection Liesville, B.N.F, Paris

Comment faire prêter le serment constitutionnel au clergé réfractaire. Gouache. Collection Liesville, B.N.F, Paris

Les limites des diocèses sont calquées sur celles des départements. Les évêques et les curés deviennent des fonctionnaires publics salariés par l'Etat, et sont élus par les citoyens. Naît ainsi une Église constitutionnelle.

Pie VI, Carte des prêtres jureurs en 1791.

Pie VI, Carte des prêtres jureurs en 1791.

Après avoir d'abord toléré l'existence de l'Eglise réfractaire, l'Assemblée législative vote entre septembre 1791 et juillet 1792 des mesures coercitives contre les prêtres réfractaires considérés comme des agents de la Contre-Révolution aristocratique. Mais Louis XVI utilise son droit de veto pour en empêcher l'application.

 

Après la destitution du roi le 10 août 1792, les députés contraignent les clercs à un nouveau serment, sous peine de déportation. Des milliers de prêtres réfractaires décident alors d'émigrer dans les pays européens voisins.

En France, un réseau clandestin s'organise progressivement pour cacher les prêtres fugitifs et aménager des lieux de prière secrets.

La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation
La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation

Les prêtres réfractaires sont mis "hors-la-loi" par le décret des 29-30 vendémiaire an II (20-21 octobre 1793), qui prévoit leur exécution dans les 24 heures suivant la reconnaissance de leur état par un tribunal, en compagnie de leurs complices laïcs. Plus de 1 000 prêtres et près de 200 religieuses sont fusillés ou guillotinés. Pour les catholiques, ces hommes et ces femmes sont morts en martyrs. Les martyrologes dénoncent aussi l'impiété des autorités républicaines qui laissent libre cours aux violences anticléricales exercées par certains sans-culottes.

De cette période sanglante date le long divorce entre les catholiques et la République. Avec la Révolution, apparaît une Eglise d'Etat dans un pays désormais sans religion d'Etat.

2- 1794-1801

A partir du 18 septembre 1794, les prêtres ne sont plus salariés par l'Etat. Pour la première fois en France, depuis Clovis, l'Eglise est séparée de l'Etat. Un nouveau serment "de soumission et d'obéissance aux lois de la République" doit être prêter par les ecclésiastiques. 

La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation
La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation
Extrait de l'acte d'état civil de décès du pape Pie VI en date du 29 août 1799 (12 fructidor an VII) à Valence (Drôme).

Extrait de l'acte d'état civil de décès du pape Pie VI en date du 29 août 1799 (12 fructidor an VII) à Valence (Drôme).

C - ... En guerre contre Elle même.
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Ni la Gironde ni la Montagne n'est majoritaire sans la Plaine.

 

Le désaccord entre Girondins et Montagnards porte notamment sur le rôle reconnu à la Commune de Paris, qui exige de la Convention des mesures radicales.

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Elle est souvent critiquée par les Girondins alors que la Montagnards cherchent à s'appuyer sur elle.

Sans-culottes en armes, gouache de Jean-Baptiste Lesueur, 1793-1794, musée Carnavalet.

Sans-culottes en armes, gouache de Jean-Baptiste Lesueur, 1793-1794, musée Carnavalet.

La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation

En effet, de 1793 à l'été 1794, plusieurs organes de pouvoir mettent en oeuvre une répression que certains historiens nomment "Terreur" (Jean-Clément Martin a démontré qu'il n’y a pas eu volonté centralisée de gouverner de façon globale par la terreur et cette période n’est pas la genèse des totalitarismes. Au contraire, même, les violences découlent souvent d’une perte de contrôle du pouvoir central, dépassé par ses franges les plus radicales et qui tente, peu à peu, de retrouver le monopole de la violence légale.).

Deux comités issus de la Convention concentrent les pouvoirs: le comité de Salut public (né le 6 avril 1793), qui dirige la politique impulsée par la Convention; le comité de Sûreté générale, qui centralise les opérations de surveillance, les arrestations vers le Tribunal révolutionnaire, chargé de juger les "crimes des contre-révolutionnaires".

La loi du 22 prairial an II (10 juin 1794) réorganise ce tribunal en supprimant les défenseurs et en réduisant les sentences au choix entre l'acquittement et la mort. Résultat: 1 376 prisonniers sont guillotinés en six semaines. En province, les suspects et les émigrés sont traqués et des cours de justice extraordinaires exercent une justice expéditive.

Le 9 thermidor an II (27 juillet 1794), la Convention fait arrêter Robespierre, homme fort du gouvernement, et ses partisans qui sont guillotinés avec lui le lendemain. En faisant de Robespierre un bouc-émissaire, la Convention s'auto-amnistie de ses propres responsabilités: les députés ont voté tous les décrets mettant en place des mesures répressives.

Après la mort de Robespierre et la fin de la Terreur, la Convention est dominée par des députés modérés, souvent issus de la Plaine (les Thermidoriens). Ils votent une nouvelle Constitution qui donne donc naissance à un nouveau régime: le Directoire (1795-1799).

Ils rétablissent le suffrage censitaire car ils se méfient du peuple et de ses excès. Mais les inégalités sociales se renforcent, la misère se propage et des oppositions politiques réapparaissent: certains veulent rétablir la monarchie, les Jacobins veulent rétablir la Terreur, d'autres comme Graccus Baboeuf veulent fonder une "République des Egaux". Un "scandale" qui choque encore aujourd'hui.

Article de la Nouvelle République du 2 octobre 2018

Article de la Nouvelle République du 2 octobre 2018

Orangerie du parc de Saint-Cloud, coup d'État des 18-19 brumaire an VIII. Le général Bonaparte au Conseil des Cinq-Cents, à Saint-Cloud. 10 novembre 1799 par François Bouchot, 1840, château de Versailles.

Orangerie du parc de Saint-Cloud, coup d'État des 18-19 brumaire an VIII. Le général Bonaparte au Conseil des Cinq-Cents, à Saint-Cloud. 10 novembre 1799 par François Bouchot, 1840, château de Versailles.

Partie III L'ordre napoléonien en France et en Europe

« La Révolution est fixée aux principes qui l’ont commencée : elle est finie. » Napoléon BONAPARTE (1769-1821), Déclaration consulaire (résumée), 25 décembre 1799

 

A -  Napoléon établit un ordre politique autoritaire

Avec le soutien de l'armée, le général Napoléon Bonaparte s'empare du pouvoir par un coup d'état le 9 novembre 1799 / 18 brumaire. Il crée un nouveau régime et se proclame consul de la République. En 1802, Napoléon se fait nommer consul à vie, par plébiscite. Puis il établit un Empire (1804) qu'il dirige sous le nom de Napoléon Ieraprès son sacre par le pape Pie VII.

Le couronnement de l'impératrice Joséphine. Napoléon et Joséphine. Jacques-Louis David

Le couronnement de l'impératrice Joséphine. Napoléon et Joséphine. Jacques-Louis David

La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation
La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation
Joseph Fouché, dit Fouché de Nantes, (1759-1820). Il est particulièrement connu pour la férocité avec laquelle, durant la Révolution, il réprima l'insurrection lyonnaise en 1793 et pour avoir été ministre de la Police sous le Directoire, le Consulat et l'Empire.

Joseph Fouché, dit Fouché de Nantes, (1759-1820). Il est particulièrement connu pour la férocité avec laquelle, durant la Révolution, il réprima l'insurrection lyonnaise en 1793 et pour avoir été ministre de la Police sous le Directoire, le Consulat et l'Empire.

Après les troubles de la Révolution, Napoléon cherche à réconcilier les Français. Il se rapproche des partisans de l'Ancien Régime: nouvelle forme de monarchie avec une cour impériale et la reconstitution d'une noblesse d'Empire (sans privilège), Concordat de 1801 signé avec le Pape (toujours valable en Alsace-Moselle)et ralliement des Catholiques au régime, rappel des nobles émigrés à des postes dans l'administration...

La réconciliation nationale selon Bonaparte

La réconciliation nationale selon Bonaparte

Des réformes permettent un certain retour à la paix civile: mission pacificatrice des préfets,   Banque de France et une nouvelle monnaie stable: le franc germinal (1803).

La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation

 

B - Mais il conserve certains principes de la révolution qu'il diffuse en Europe.

PPO n°31804: Le Code civil permet l'égalité devant la loi et connaît un rayonnement européen

 

Napoléon maintient l'essentiel des acquis de la Révolution, réunis dans le Code civil qui établit des règles juridiques claires et communes (cf. PPO).

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Document : extraits du Code civil.

Article 1 – Les lois sont exécutoires dans tout le territoire français.

Article 8 – Tout Français jouira des droits civils.

Article 9 – Tout individu né en France d'un étranger pourra, dans l'année qui suivra l'époque de sa majorité, réclamer la qualité de Français [...]

Article 212 – Les époux se doivent mutuellement fidélité, secours, assistance.

Article 213 – Le mari doit protection à sa femme, la femme obéissance à son mari.

Article 214 – La femme est obligée d'habiter avec le mari, et de le suivre partout où il juge à propos de résider: le mari est obligé de la recevoir, et de lui fournir tout ce qui est nécessaire pour les besoins de la vie, selon ses facultés et son état. [...]

Article 229 – Le mari pourra demander le divorce pour cause d'adultère de sa femme.

Article 230 – La femme pourra demander le divorce pour cause d'adultère de son mari, lorsqu'il aura tenu sa concubine dans la maison commune. [...]

Article 275 – Le [divorce par] consentement mutuel ne sera point admis, si le mari a moins de vingt-cinq ans, ou si la femme est mineure de vingt-un ans.

Article 276 – Le consentement mutuel ne sera admis qu'après deux ans de mariage.

Article 373 – Le père seul exerce cette autorité [parentale] durant le mariage.

Article 374 – L'enfant ne peut quitter la maison paternelle sans la permission de son père, si ce n'est pour enrôlement volontaire, après l'âge de dix-huit ans révolus.

Article 375 à 377 – Le père qui aura des sujets de mécontentement très graves sur la conduite d'un enfant [...] pourra le faire détenir.

Article 545 – Nul ne peut être contraint de céder sa propriété si ce n'est pour cause d'utilité publique et moyennant une juste et préalable indemnité.

Article 1124 – Les incapables de contracter sont: les mineurs, les femmes mariées [...].

Article 1781 – Le maître est cru sur son affirmation, pour le montant des salaires; pour le paiement des salaires de l'année échue; et pour les acomptes donnés pour l'année courante.

A partir de l'estampe proposée dans le PPO et d'autres illustrations mettant en scène Napoléon premier consul puis empereur, s'interroger sur l'exercice du pouvoir et démontrez la dérive autoritaire du pouvoir.

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Il confirme l'égalité devant la loi, la vente des biens du clergé, l'abolition des privilèges et la reconnaissance de la valeur du mérite: lycées publics créés en 1802 sur le modèle de l'armée pour former des fonctionnaires qualifiés et dociles, Légion d'honneur pour récompenser les mérites civils et militaires et s'attacher l'élite de la nation.

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Napoléon conserve aussi l'armée de conscription. Les conscrits sont maintenus sous les drapeaux, deviennent des professionnels, persuadés de libérer les peuples européens du "joug des  tyrans et des prêtres". Cette armée de conscription est un instrument de la conquête de l'Europe. Des jeunes gens sont alors levés et mobilisés avant 20 ans. Des levées extraordinaires et rétroactives sont organisées. La conscription s'applique aussi aux pays vassaux. La nation en armes devient alors la Grande Armée. A sa tête, Napoléon Ier remporte de nombreuses victoires contre le grands pays coalisés.

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25 mars 1802 (4 germinal an X): paix d'Amiens, accords signés par la France, l'Angleterre, la République batave et l'Espagne. La France doit alors abandonner toute visée sur l'Egypte, mais son influence s'étend sur toute l'Europe.

La Paix d'Amiens par Jules-Claude Ziegler (1853)

La Paix d'Amiens par Jules-Claude Ziegler (1853)

La France s'est agrandie avec les guerres révolutionnaires: elle compte 108 départements en 1802.

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A son apogée en 1812, la France napoléonienne compte 130 départements.

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Ces conquêtes sont réalisées par une armée de masse: 2 millions d'hommes sont mobilisés entre 1803 et 1815 dans la "Grande armée". Elle permet les victoires (Austerlitz, 1805) mais n'évite pas les défaites (Trafalgar, 1805).

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Napoléon Ier soumet les Etats européens qui doivent s'allier à la France ou avoir à leur tête un membre de la famille Bonaparte. Bonaparte impose une mise sous tutelle des différents territoires occupés. L'empereur place ses frères, sœurs et beaux-frères à la tête des Etats.

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Partout où Napoléon impose la présence française, les lois sont influencées par les principes nouveaux issus de la Révolution: égalité devant le loi, abolition des privilèges, liberté religieuseLes institutions des différentes républiques sont ainsi réformées sur le modèle français et leurs territoires sont réorganisés sur le modèle français: introduction de la conscription, réforme des tribunaux, des poids et mesures, administration, statistiques et bien sûr: Code civil.

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Les autorités françaises lancent aussi une politique de grands travaux. Les Français rendent possible la réouverture des clubs politiques et la circulation des journaux.

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C - Mais l'Empire napoléonien se heurte à des résistances.

Ces résistances à l'interventionnisme français se cristallisent contre la vie chère, l'impôt, la conscription, les spoliations et alimentent le nationalisme et un sentiment anti-français dans les territoires occupés. Napoléon organisant et autorisant le pillage systématique d'œuvres d'art en Europe.

 

Article: Ces chefs-d'oeuvre que Napoléon avait rapportés d'Italie...

Anonyme, “Seizing the Italian Relics”, Musée de l’Armée, Paris

Anonyme, “Seizing the Italian Relics”, Musée de l’Armée, Paris

Entre 1808 et 1814, la population espagnole mène une guérilla contre l'occupation française, au prix d'une répression sanglante. 

Tres de Mayo, Goya

Tres de Mayo, Goya

La domination française suscite une réaction de rejet dans les pays conquis. De nouvelles coalitions sont formées contre la France:

- 1804-1806: Angleterre, Autriche et Russie, victoire de la France.

- 1806-1807: Russie, Prusse et Angleterre. (blocus continental)

- 1809: tentative autrichienne vaincue.

A partir de 1812, la coalition des souverains européens fait subir plusieurs défaites (désastreuse campagne de Russie), qui poussent Napoléon à abdiquer en avril 1814.

Dans le sens horaire en commençant en haut à gauche : La bataille de Borodino ; le grand feu de Moscou ; l'arrière-garde dirigée par le Maréchal Ney et les traînards de la Grande Armée.

Dans le sens horaire en commençant en haut à gauche : La bataille de Borodino ; le grand feu de Moscou ; l'arrière-garde dirigée par le Maréchal Ney et les traînards de la Grande Armée.

- 1813: 6ème coalition et campagne d'Allemagne.

- 1814: campagne de France = 1ère abdication. Déportation à l'île d'Elbe. Puis retour (Cents jours)

 

Malgré ce retour éphémère en 1815, la défaite de Waterloo marque la fin de l'Europe napoléonienne (juin 1815).

La Bataille de Waterloo. 18 juin 1815, par Clément-Auguste Andrieux, 1852.

La Bataille de Waterloo. 18 juin 1815, par Clément-Auguste Andrieux, 1852.

Déportation à Saint Hélène jusqu'à sa mort en 1821. Ses Cendres reviennent en France en 1840 et sont encore exposées aujourd'hui aux Invalides.

La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation

Les puissances victorieuses se réunissent à Vienne (1814-1815) pour réorganiser l'Europe ravagée par les guerres révolutionnaires et napoléoniennes. Il s'agit de rétablir la paix et l'ordre monarchique. Les monarchies sont restaurées. Mais les idées diffusés par la Révolution restent dans l'esprit des peuples.

Analyse de documents: carte de l'Europe du Congrès de Vienne.
La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation
La Révolution française et l’Empire : une nouvelle conception de la nation
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Conclusion

La Révolution française constitue bien une rupture en France et en Europe. Elle impose une nouvelle conception de la nation, désormais souveraine, par la formulation des grands principes de la modernité politique. La Révolution a été animée par des conflits et des débats qui ont conduit à des tentatives de reconstruction d'un ordre politique stable. Ainsi, Napoléon Bonaparte a finalement établi un ordre politique autoritaire qui a conservé certains principes de la Révolution, diffusés en Europe.

Sources:

- Le travail colossal de Madame Genty

Le Livre scolaire

Histoire-images 

La nécrologie comme genre rédactionnel

Gallica 

Histoire en citations

Histoire par les femmes

Sur le site du ministère de la justice: un rappel du contexte, de l'instruction, des faits imputés, des débats et du jugement.

http://www.justice.gouv.fr/histoire-et-patrimoine-10050/proces-historiques-10411/le-proces-de-louis-xvi-22604.html

 

https://www.herodote.net/21_janvier_1793-evenement-17930121.php

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Rédigé par M. Orain

Publié dans #Europe, #Cours de première, #Techno, #Technologique, #Révolution

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Publié le 18 Août 2021

 

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HISTOIRE

« Construire une nation démocratique dans l’Europe des monarchies et des empires : la France de 1789 aux lendemains de la Première Guerre mondiale »

 

Thème 1 : L’Europe bouleversée par la Révolution Française  (5-7 heures)

Chapitre 1.  L'Europe bouleversée par la Révolution française (1789-1815)

 

Thème 2 : Les transformations politiques et sociales de la France de 1848 à 1870 (5-7 heures) 

Chapitre 1. Politique et société en France sous la Deuxième République et le Second Empire.

 

Thème 3 : La Troisième République  : un régime , un empire colonial (5-7 heures) 

Chapitre 1. La Troisième République avant 1914 : un régime , un empire colonial

 

Thème 4 : La Première Guerre mondiale  et la fin des empires européens (5-7 heures) 

La Première Guerre mondiale bouleverse les sociétés et l'ordre européen.  

GEOGRAPHIE

« Les dynamiques d’un monde en recomposition »

 

Thème 1 :  La métropolisation : un processus mondial différencié (6-8 heures)

Question 1.  Les villes à l’échelle mondiale : le poids croissant des métropoles.

 

Thème 2 :  Une diversification des espaces et des acteurs de la production (6-8 heures)

 Métropolisation, littoralisation des espaces productifs et accroissement des flux.

 

Thème 3 :  Les espaces ruraux : une multifonctionnalité toujours plus marquée (6-8 heures)

  Des espaces ruraux aux fonctions plus variées

 

Thème 4 conclusif:  La Chine : des recompositions spatiales multiples (3-4 heures)

  urbanisation, littoralisation, mutation des espaces ruraux

 

Notions et vocabulaire à maîtriser à l’issue de la classe de première  :

 Recomposition : notion transversale à l’ensemble des thèmes.

 Centralité, centre-périphérie, métropole/métropolisation, ville.

 Espace productif, entreprise multinationale, chaîne de la valeur ajoutée, flux, production, système productif.

 Espace rural, multifonctionnalité, fragmentation, périurbanisation, ruralité.

Annales

 

Sujet 0-1

Sujet 0-2

 

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Rédigé par M. Orain

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Publié le 10 Juin 2021

Et en géo le rigolo Geo Guessr

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Rédigé par M. Orain

Publié dans #Quizz, #histoire, #Géographie, #Seconde, #Première, #Terminale

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