Les espaces maritimes: approche géostratégique

Publié le 24 Novembre 2016

Les espaces maritimes: approche géostratégique

 

Sujet de composition :

"Les espaces maritimes, approche géostratégique"

 

 

Les espaces maritimes comprennent l'ensemble des mers et océans de la planète. Ils couvrent 71 % de la surface du globe, et totalisent plus de 80 % des échanges mondiaux de marchandises. Ces deux éléments montrent leur importance majeure  pour toute puissance économique dans le cadre actuel d'une économie mondialisée.

C'est pourquoi aborder la question des espaces maritimes à partir d'un regard géostratégique revient à se demander en quoi leur accès, leur sécurisation, leur contrôle revêt un caractère essentiel et donc vital pour les puissances économiques du monde aujourd'hui.

Cela pose plusieurs questions. En premier lieu, il importe de se demander pourquoi les espaces maritimes se trouvent portés aujourd'hui au coeur de la mondialisation, ce qui permettra ensuite de mieux comprendre les enjeux majeurs qu';ils revêtent pour les puissances économiques majeures.

 

I -  Des espaces au coeur de la mondialisation

a) Des flux croissants liés à une diminution des coûts  

Le développement de la conteneurisation pour les transports de marchandises va réduire le coût de transport et favoriser une Division Internationale du Travail (DIT). La conception et la vente se faisant dans la triade et la fabrication dans des pays à bas coût de main d'oeuvre (comme la Chine). Les Frimes Transnationales (FTN) étant les grands acteurs de cette DIT. Les flux sont aussi immatériels. On peut ainsi penser aux câbles sous-marins pour le transfert des données (internet, achats et ventes d'actions etc.)

Ceci entraîne une littoralisation des activités humaines. Les façades maritimes de la triade et des pays de main d'oeuvre (Côte Est des Etats-Unis, Northern Range en Europe et littoral Chinois) se développent rapidement avec les plus grands ports mondiaux (Rotterdam, Singapour...) Ces pôles sont hiérarchisés (hubs) et spécialisés (conteneurs, roulier, méthanier, pétrolier...)

De grandes routes maritimes circumterrestres ("autoroutes de la mer")  relient les 4 façades maritimes de la triade et de l'Asie littorale. A ceci s'ajoute d'autres voies plus secondaires nord-sud reliant la triade au reste du monde en développement. Certaines de ces routes sont menacé par la piraterie (côtes somaliennes par exemple)

A ceci s'ajoute des flux illicites (drogues, armes, migrants clandestins) qui sont par nature difficiles à évaluer mais aussi très profitable aux trafiquants.

b) Les ressources et leurs limites

La mer recèle de nombreuses ressources halieutiques mais est aussi menacée par la surpêche (hausse de la population, surexploitation des ressources) qui pousse à aller chercher des ressources de plus en plus loin (Terres Australes et Antarctiques Françaises notamment).

Les ressources énergétiques et minières sont considérables (terres rares, hydrocarbures...). Elles peuvent être source de conflit pour leur appropriation. La mer pourrait aussi être une source d'énergie propre (hydrolienne, utilisation de la houle).

Ces milieux sont fragilisés par problèmes de pollution et d'épuisement des ressources halieutiques. La littoralisation de l'économie entraîne aussi une urbanisation de plus en plus intense. Entraînant des risques accrus pour les populations (tsunamis, hausse du niveau des mers liée au réchauffement climatique.

II -  Une importance géostratégique de plus en plus vitale pour la triade

a) La sécurisation des flux :

En prenant en compte le constat fait dans la première partie, les points de passages obligés pour les bateaux vont avoir un attrait stratégique accru. Ce sont de véritables portes maritimes qu'on peut contrôler, fermer, pirater (Malacca, Ormuz, Suez et Panama). Ces points stratégiques permettent  l'accès aux hydrocarbures  du Golfe (60% des réserves mondiale), aux marchés de l'UE,  de l'Amérique du  nord et asiatiques en forte croissance. 

Ces espaces sont donc convoités. Les pirates recherchent un profit rapide. Les terroristes cherche à déstabiliser l'équilibre mondial. De nombreuses régions sont donc impactées (Caraïbes, Golfe de Guinée, Côtes somaliennes, ...) Or ces espaces sont difficiles à surveiller (les surfaces sont immenses, les actions rapides), malgré renforcement sur place des marines US, UE, japonaises et, plus récemment, chinoise.

b) L'accès aux ressources :

Les Etats ne se content pas de surveiller les accès. Ils cherchent aussi à s'assurer de la souveraineté territoriales sur de larges zones marines. La convention de Montego Bay (1982) de 1982 a permis d'étendre les souveraineté des Etats sur des zones qui auparavant faisaient parties des eaux territoriales. Cette  convention de l'ONU signée par la plupart des pays du monde est toujours refusée par les Etats-Unis qui entendent ainsi protéger leurs droits de seule hyperpuissance mondiale.

Ces rivalités entre Etats sont encore accentuées pour l'accès aux zones de pêche (Russie/Japon au large des îles Kouriles), d'hydrocarbures offshore (îles Paracels et Spratley entre la Chine et ses voisins)

Les demandes d'extension des Zones Economiques Exclusives (ZEE)  se multiplient. Les tensions s'accentuent (rivalités en arctique, en Mer de Chine) Avec le réchauffement climatique s'ouvrent de possibles nouvelles routes maritimes (passage du Nord Ouest au Canada).

L'ouverture de larges parcs marins (Hawaï notamment) et la signature du traité sur l'Antarctique en 2016 pour 50 nouvelles années permettent d'espérer une patrimonialisation de certaines parties du globe.

Conclusion

Les espaces maritimes, leur accès, leur sécurisation, un enjeu essentiel pour toute puissance qui entend assurer son propre développement économique et donc sa sécurité. Un enjeu car existe nombreuses rivalités non résolues entre Etats,

Un enjeu majeur de communication et d'échanges, mais aussi, pour tous les Etats du monde, de survie de la biodiversité et du maintien de la vie sur Terre.

En somme, des espaces reflets de la mondialisation : ils la rendent possible en même temps qu'ils constituent un objet de convoitise pour les FTN et pour les Etats ; ils traduisent une contradiction entre le principe de libre circulation et la volonté de contrôle.

Leur surexploitation intensive entraînerait une destruction de ce qui est indispensable à notre survie.

Correction librement inspirée de celle de M.Gentils.

Rédigé par M. Orain

Publié dans #Espaces, #Maritimes, #Géo, #Bac

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