Jusqu’où peut aller la recherche sur l’embryon humain ?

Publié le 15 Novembre 2013

La recherche sur les cellules souches et l’embryon : de quoi s’agit-il ?

 

Les différentes catégories de cellules souches

Les cellules souches se distinguent des cellules différenciées qui sont des cellules spécialisées dans une fonction tissulaire précise.

Il existe deux grandes catégories de cellules souches : les cellules souches embryonnaires et les cellules souches adultes.

Parmi les cellules souches embryonnaires, il existe :

  • des cellules souches totipotentes, capables de former un organisme complet  ;
  • des cellules souches pluripotentes qui sont susceptibles de former tous les tissus de l’organisme, mais sans pouvoir aboutir à la formation d’un individu complet.

Parmi les cellules souches adultes, il existe :

  • des cellules souches multipotentes qui peuvent donner naissance à plusieurs types de cellules et qui sont déjà engagées dans un programme tissulaire spécifique ;
  • des cellules souches unipotentes qui ne peuvent former qu’un seul type de cellules différenciées.

Enfin, les progrès de la science ont récemment permis d’obtenir des cellules pluripotentes induites (dites IPS). Elles sont obtenues à partir de cellules humaines différenciées adultes « reprogrammées » pour retrouver les capacités des cellules souches embryonnaires (cellules pluripotentes).
 
Les potentialités thérapeutiques des cellules souches adultes font aujourd’hui l’objet de recherches.

Certaines de ces cellules souches adultes sont d’ores et déjà utilisées dans la pratique quotidienne des soins (exemple : la thérapie cellulaire hématopoïétique utilise des cellules souches hématopoïétiques issues de la moelle osseuse pour le dans le cadre des traitements de certaines maladies graves du sang. Voir fiche Prélèvement et greffe).

La recherche sur les cellules souches adultes et leur utilisation ne posent pas de problème éthique spécifique et sont donc autorisées par la loi, tandis que la recherche sur les cellules souches embryonnaires et sur l’embryon nécessite un encadrement pour savoir s’il faut l’interdire, l’interdire avec dérogation ou l’autoriser.

La recherche sur les cellules souches embryonnaires et sur l’embryon : de quoi s’agit-il ?

Actuellement, la recherche sur l’embryon humain porte essentiellement sur les cellules obtenues à partir d’embryons, cellules que l’on appelle « cellules souches embryonnaires».

 

1) De quels embryons parle-t-on ?

La rencontre d’un spermatozoïde et d’un ovule aboutit à un embryon. Des embryons sont obtenus « in vitro », c’est-à-dire dans une éprouvette en verre, pour des couples infertiles, dans le cadre d’une assistance médicale à la procréation (Voir fiche Assistance médicale à la procréation). Tous les embryons obtenus ne peuvent être placés en même temps dans l’utérus de la femme pour conduire à une grossesse. Certains sont alors congelés et conservés pour une autre tentative de transfert en cas d’échec de l’implantation précédente. Ils sont qualifiés de « surnuméraires ».

Lorsque le couple n’a plus de projet parental, il peut donner son accord pour que les embryons ainsi conservés fassent l’objet d’une recherche. Ces embryons sont congelés et conservés à un stade très précoce de leur développement. La recherche sur l’embryon comme le prélèvement de cellules souches embryonnaires pour la recherche impliquent la décongélation de l’embryon puis sa destruction.

 

2) Quel est l’intérêt de ces recherches ?

Les cellules souches embryonnaires humaines sont obtenues à partir des embryons surnuméraires donnés à la recherche. Elles sont mises en culture pour obtenir des lignées. Elles présentent la particularité d’être pluripotentes c'est-à-dire de pouvoir se transformer en tout type de cellules du corps humain (peau, cerveau, cœur,…). Leur étude peut donc aider à comprendre les mécanismes qui commandent ces transformations. La recherche sur ces cellules ouvre également des pistes pour le traitement de certaines maladies graves. La perspective d’une « médecine régénérative » est parfois évoquée.

Quelques chiffres à retenir :
En 2006, l’Agence de la biomédecine a recensé environ 176 000 embryons congelés conçus par assistance médicale à la procréation (AMP). Un peu plus de la moitié est destinée à concevoir à nouveau des enfants. En revanche, 20 % de ces embryons n’entrent plus dans un projet parental et, avec l’accord du couple, ils pourraient être donnés à la recherche.


3) La recherche en France

Depuis la loi de bioéthique de 2004, ces recherches sont autorisées à titre dérogatoire et exceptionnel dans le cadre de protocoles soumis à l’appréciation de l’Agence de la biomédecine.

De 2004 à 2008, ont été accordées, en France :

  • 57 autorisations de protocole de recherche sur les cellules souches embryonnaires humaines et sur l’embryon
  • 20 autorisations de conservation de cellules souches embryonnaires humaines ;
  • 39 autorisations d’importation de cellules souches embryonnaires humaines  ;
  • 7 refus d’autorisation ont été opposés.

Il existe actuellement en France 28 équipes impliquées dans ces recherches.

Les recherches autorisées sur les cellules souches embryonnaires en France se répartissent en 3 grands groupes :

  • celles qui visent à comprendre de quelles façons se transforment les cellules embryonnaires pour devenir des cellules spécialisées de foie, de rein…Ces travaux pourraient conduire, dans le futur, à des développements thérapeutiques palliant les défaillances des organes (thérapie cellulaire) ;
  • celles qui visent à développer des travaux portant sur la compréhension de la survenue des maladies (modélisation de maladie) ;
  • celles qui servent à tester en laboratoire l’efficacité et la toxicité des médicaments.

 

4) Le clonage : de quoi s’agit-il ?

Le clonage dont il est question ici est la technique qui consiste à transférer le noyau d’une cellule d’une personne (exemple : noyau d’une cellule de peau) dans un ovule auquel on a retiré son noyau.

Il ne faut pas confondre le clonage dit reproductif et le clonage dit thérapeutique.

Dans le premier cas (clonage dit reproductif) si l'on transférait « l’embryon » ainsi obtenu dans l’utérus d’une femme en le laissant se développer, on obtiendrait théoriquement le double génétique de la personne qui aurait fourni initialement le noyau de la cellule. Dans la grande majorité des pays, ce clonage « reproductif » est interdit et n'a pas été réalisé dans le monde. En France, il est considéré comme un crime contre l’espèce humaine. Actuellement, seuls des clones animaux ont été obtenus. Le plus célèbre est Dolly, la brebis clonée en Angleterre en 1998.

Dans le second cas, (clonage dit thérapeutique) l’objectif est d’obtenir également un « embryon» dans le but d’extraire des cellules embryonnaires » susceptibles d’apporter un traitement à la personne qui a fourni initialement le noyau de la cellule (dans l’idéal par greffe compatible). En France, le clonage à visée thérapeutique est également interdit.

D’emblée, le clonage pose un premier problème éthique et technique majeur : se procurer des ovules humains. Cela supposerait que des femmes prennent de fortes doses de médicaments pour produire ces ovules (stimulation ovarienne), uniquement à des fins de recherche et non pour permettre la naissance d’un enfant.

Pour contourner le problème de cet « approvisionnement » en ovules humains, certains scientifiques, à l’étranger, utilisent les ovules d’autres espèces (lapin, vache). Dans ce cas, c’est un embryon « hybride » qui est obtenu à des fins de recherche.

Rédigé par M. Orain

Publié dans #ECJS Terminale

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article