Le redoublement n’améliore pas la performance des élèves, en général (Blog Le Monde)

Publié le 24 Octobre 2012

Article original ici

 

 

La  France : championne des pays de l’OCDE pour le redoublement

La France est connue pour ses taux élevés de redoublement, mais comment se situe-t-elle par rapport à ses voisins ? La statistique que je vous présente dans cet article est extraite de l’enquête PISA 2009 (pour plus de précisions, consulter le Volume IV du rapport, Chapitre 3). Dans cette enquête, il était demandé aux élèves de 15 ans d’indiquer s’ils avaient déjà redoublé au primaire, au collège ou au lycée. En moyenne, dans les pays de l’OCDE, 13 % des élèves de 15 ans ont répondu qu’ils avaient déjà redoublé au moins une fois. En France, plus d’un élève sur trois affirmait être dans ce cas (38 % pour être exact).

 

Il s’agit d’un record absolu, comme le montre le graphique ci-dessous, sans compter que ce chiffre serait encore bien plus élevé si on mesurait les taux de redoublement à 18 ans (c’est-à-dire en couvrant l’ensemble du lycée).

 

 Graphique : Pourcentage d’élèves de 15 ans ayant redoublé au moins une fois durant leur scolarité

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La décomposition par niveau d’enseignement se fait comme suit : 17.8 % des élèves de 15 ans ont redoublé au moins une fois une classe du primaire en France (contre 7 %, en moyenne, dans les pays de l’OCDE), tandis que 23.5 % des élèves interrogés ont connu la même mésaventure au collège (contre 6 %, en moyenne, dans les pays de l’OCDE). On obtient un total supérieur à 38 % car certains élèves de 15 ans ont pu redoubler à la fois au primaire et au collège.

Ces chiffres sont alarmants et pourtant, des progrès ont été réalisés. Dans les années 60, près de la moitié des élèves étaient en retard dès le CM2. Dans les années 90, cette proportion était descendue à 25 % (voir la note de 2004 du Haut conseil de l’Évaluation de l’École), pour s’établir, comme on l’a vu, à « seulement » 18 % en 2009.

Des écarts significatifs existent entre les pays en matière de redoublement. À titre de comparaison, il est inexistant en Corée, au Japon et en Norvège, et inférieur à 5 % dans 8 autres pays de l’OCDE. À l’inverse, à l’instar des élèves français, plus de 25 % des élèves de 15 ans en Belgique, en Espagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas et au Portugal indiquent avoir déjà redoublé au moins une fois.

 

Le redoublement : un mal pour un bien ? 

Disons-le tout de suite, il existe une forme de consensus – fait assez rare dans le domaine de l’éducation pour qu’on le souligne – pour suggérer que, de manière générale, le redoublement n’améliore pas les résultats d’éducation. De ce principe de base découlent différents arguments pour justifier sa suppression ou, tout du moins, sa diminution :

  •  -Les pays à forts taux de redoublement affichent de moins bonnes performances.

(...)

  •  -La pratique du redoublement est un facteur de démotivation.

(...)

  •  -Le redoublement est injuste.

Dans la majorité des pays, le redoublement fait généralement suite à une évaluation (formelle ou non) des élèves par les enseignants ou l’établissement à la fin de l’année scolaire. Cependant, les critères utilisés pour décider d’un redoublement ne sont pas normalisés et diffèrent non seulement entre les régions, villes et établissements scolaires, mais aussi parfois entre les classes d’un même établissement. Ce manque d’harmonisation crée une injustice dans le processus de décision de redoublement.

  •  -Le redoublement a un coût économique non négligeable.

 Le redoublement est une pratique coûteuse dont l’efficacité est contestée. Il a un coût économique : les élèves restent non seulement scolarisés plus longtemps que prévu dans le système d’éducation, mais leur entrée sur le marché du travail s’en trouve également retardée. En 2009, le coût du redoublement a ainsi été chiffré à 2 milliards d’euros par an par le ministère de l’Éducation, une somme conséquente, surtout en période de crise économique. À titre indicatif, une année d’étude supplémentaire représente pour le système d’éducation un coût d’environ 5 500 euros par élève du primaire et 8 000 euros par collégien.

 

Quelles alternatives au redoublement ? 

La diminution ou la suppression du redoublement, même si c’est une mesure nécessaire, ne permettra pas de résoudre tous les problèmes du système d’éducation français si d’autres initiatives ne sont pas mises en place pour lutter contre l’échec scolaire. À ce propos, quelques pistes :

  •  -La Finlande et les Pays-Bas figurent tous deux dans le haut du classement de performance. Ces deux pays essaient de limiter le redoublement : en Finlande, par des pratiques pédagogiques où l’enseignant adapte son cours au niveau des élèves et aux Pays-Bas, par du soutien scolaire organisé au sein des établissements.
  •  -Les élèves coréens et japonais, quel que soit leur milieu socio-économique, ont tous recours aux cours privés après l’école (...)
  •  -Au Portugal, le taux élevé de redoublement était considéré comme un obstacle à la réussite des élèves issus d’un milieu défavorisé. Le gouvernement portugais a donc investi, entre 2005 et 2009, davantage de ressources en triplant le nombre de bénéficiaires de son programme d’action sociale scolaire. (...) Sur la période 2004-09, le taux de redoublement dans la 9e année d’études a également connu un recul important, passant de 21.5 % à 12.8 %.

Rédigé par M. Orain

Publié dans #Actualités

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J
Hello ! un passage et un petit coucou pour te signaler que suite à l'ouragan Sandy, et les debâts sur les conséquences du réchauffement climatique j'ai fait une carte des catastrophes naturelles<br /> dans le monde depuis 2008, très instructif sur certains points ! @+
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