Les Africains

Publié le 12 Août 2017

 

 

 

  Paroles:

C'est nous les Africains
Qui arrivons de loin,
Nous venons des colonies
Pour sauver la Patrie (pour défendre le pays)
Nous avons tout quitté
Parents gourbis, foyers
Et nous avons au cœur
Une invincible ardeur
Car nous voulons porter haut et fier
Le beau drapeau de notre France entière
Et si quelqu'un venait à y toucher, à y toucher,
Nous serions là pour mourir à ses pieds
Battez tambours, à nos amours,
Pour le Pays, pour la Patrie, mourir au loin
C'est nous les Africains !

I
Nous étions au fond de l'Afrique,
Gardiens jaloux de nos couleurs,
Quand sous un soleil magnifique
A retenti ce cri vainqueur :
" En avant ! En avant ! En avant ! "

II
Pour le salut de notre empire,
Nous combattons tous les vautours,
La faim, la mort nous font sourire
Quand nous luttons pour nos amours,
En avant ! En avant ! En avant !

III
De tous les horizons de France,
Groupés sur le sol africain,
Nous venons pour la délivrance
Qui par nous se fera demain.
En avant ! En avant ! En avant !

IV
Et lorsque finira la guerre,
Nous reviendrons dans nos gourbis,
Le cœur joyeux et l'âme fière
D'avoir libéré le Pays (d'avoir défendu la Patrie)
En criant, en chantant : en avant !

 

Ce chant a eu plusieurs vies:

 

1- C'est tout d'abord une marche de de 1915 de la Division marocaine  sur l'air de l'hymne de l'Infanterie de marine et écrit par le commandant Reyjade, officier des tirailleurs marocains.

 

 

2- Puis il devient un chant militaire composé en 1943 par le capitaine de l'armée française Félix Boyer (1887-1980), chef de la Musique régionale des Chantiers de la Jeunesse d’Afrique du Nord française, puis de la musique du Gouvernement provisoire de la République française à Alger.

 

  Félix Boyer

 

 

C'est ce même Félix Boyer qui lui donna son titre en changeant le C'est nous les Marocains… du texte original par le célèbre C'est nous les Africains du texte actuel.

Le chant est dédié au colonel Van Hecke, commandant du 7e régiment de chasseurs d'Afrique, régiment issu des Chantiers de la jeunesse d'Afrique du Nord dont Félix Boyer eut la responsabilité de la musique avant d'être nommé chef de musique de la garnison d'Alger où il baptisa son œuvre « Chant de guerre des Africains ».

 

3- L'armée d'Afrique l'adopte rapidement et en fait sa marche officielle. Elle rend célèbre le chant à travers ses campagnes au point qu'il en devienne le symbole de la gloire de l'armée d'Afrique.

Tirailleurs marocains dans les rues de Sienne , le 3 Juillet 1944 .

 

 

  Il est pour cette raison très souvent repris lors des cérémonies militaires commémoratives de la Seconde Guerre mondiale. À noter que le général De Gaulle refusa que ce chant soit interprété lors des obsèques du maréchal Alphonse Juin, lui-même pied-noir.

 

4- Il fut par la suite repris pendant la guerre d'Algérie par les Pieds-Noirs et les partisans de l'Algérie française pour affirmer leur fidélité à la métropole.

 

Après l’indépendance algérienne en 1962, les musiques et fanfares militaires françaises ne furent pas autorisées à le jouer, car étant devenue « séditieuse ».

Cette interdiction fut levée en août 1969.

 

 

Le Chant des Africains est, avec la Marseillaise, le seul chant militaire qui se chante et se joue au garde-à-vous lors des prises d'armes.

 

5- Le 28 mai 2006 le jury du 59e Festival de Cannes décerne le prix d'interprétation masculine à Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem, Sami Bouajila et Bernard Blancan pour le film Indigènes, de Rachid Bouchareb. Quand les cinq acteurs montent sur scène pour recevoir leur récompense, ils entonnent Le Chant des Africains,

 

Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem, Sami Bouajila et Bernard Blancan entonnent «Le Chant des Africains».
Jamel Debbouze, Samy Naceri, Roschdy Zem, Sami Bouajila et Bernard Blancan entonnent «Le Chant des Africains». Crédits photo : LORENVU//BENAROCH/LYDIE/SIPA
D'un coup, des parallèles sont établis entre le sort de ces soldats oubliés et les travailleurs immigrés et leurs enfants qui vivent dans des quartiers déshérités.

indigene

Le 59e Festival de Cannes a eu lieu seulement quelques mois après les émeutes des banlieues qui avaient secoué la France pendant trois semaines. La star Jamel Debbouze, fils de Marocains immigrés, élevé dans une cité de Trappes, en région parisienne, devint pour quelque temps le porte-drapeau de cette jeunesse qui enrage.
 

 


 
L'humoriste-acteur-producteur aujourd'hui un des mieux cotés au boxoffice français s'est lui-même engagé dans le collectif Devoirs de mémoires, qui s'est donné pour but la lutte contre la discrimination raciale et la préservation de l'histoire de la colonisation et de l'esclavage. Cette association s'est saisie à plusieurs reprises de la «question noire» en France. Elle revendique, entre autres, que l'histoire de France inclue une «mémoire plurielle», notamment celle de l'esclavage.
Pour conclure ce chant de sacrifice à la patrie est revendiqué tout autant par l'extrême droite que par certains descendants d'immigrés.

Rédigé par M. Orain

Publié dans #Histoire des arts

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F
Merci de votre commentaire ;-)
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W
Cela peut être la première occasion de passer par ce site. Je suis tombé sur plusieurs questions intéressantes et Permettez-moi aussi m'inscrire à la croissance impliquant notamment le site de blog. Merci pour but de donner des informations utiles.
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