Vers un conflit régional ?
Publié le 15 Octobre 2023
Vers un conflit régional ?
La situation au Moyen-Orient est très inquiétante. Le jeu des dominos se met en place tranquillement sans que rien ne paraisse en mesure de l’arrêter.
Le Hamas sort – pour l’instant – victorieux de cette séquence. Son action terroriste par son ampleur a remis la question Palestinienne au centre de l’actualité alors qu’elle était consciencieusement oubliée depuis de longues années. Israël se sentant à l’abri derrière le mur et le dôme de fer. La communauté internationale de son côté ne voyant pas d’issue possible s’arrangeait très bien de ce statuquo pourtant intenable. La population Gazaouie de son côté restait enfermée dans un espace minuscule et sous le joug d’un régime tyrannique et corrompu.
Le gouvernement Netanyahou gagne un répit lui aussi. Les manifestations massives contre son régime se sont transformées en unité nationale (temporaire).
- Et maintenant ?
Plusieurs logiques vont s’affronter. Certains évènements sont prévisibles, d’autres le sont beaucoup moins.
L’armée israélienne va envahir le Nord de la bande de Gaza. Puis certainement le sud. Cette opération militaire est difficile car en zone urbaine mais très largement accessible à Tsahal. Cette zone ne fait que 365km². C’est-à-dire 17 fois plus petit que le Loir-et-Cher (mais 7 fois plus peuplé).
- Les premiers dominos
Logiquement l’Iran va venir en soutien au Hamas. Et l’Iran domine aujourd’hui l’Irak, une partie de la Syrie et le Liban sud (avec le Hezbollah).
L’armée israélienne aura l’appui des USA (qui a envoyé deux porte-avions sur zone, chose exceptionnelle) et du Royaume-Uni.
- Les voisins directs
La suite est beaucoup plus difficile à prévoir.
Pour les voisins direct, la Jordanie va certainement rester neutre. Ce pays réussi avec brio a tenir un équilibre fragile. Il va continuer.
L’Egypte, elle est dans une situation critique. Elle est en effet la seule à avoir une frontière avec Gaza. Elle joue un double jeu. Elle envoie une aide humanitaire importante tout en fermant sa frontière. Cette situation est intenable. Surtout quand la masse de réfugié arrivera à Rafah. Deux solutions pour elle. Ouvrir sa frontière et voir potentiellement 2 millions de réfugiés sur son sol ou la fermer et montrer la limite de la solidarité entre pays Arabes. Depuis 1978, l’Egypte a eu un grand avantage économique a être le premier pays Arabe à signer la paix avec Israël. Le Maroc est en train de suivre le même chemin aujourd’hui (avec en échange la reconnaissance de sa conquête du Sahara Occidental).
Au passage, cette solidarité n’a jamais réellement existé. L’Egypte et la Jordanie ne se sont pas gêné pour prendre en Gaza en 1948 et annexer la Cisjordanie en 1950 alors qu’ils auraient très bien pu mettre en place un état palestinien indépendant.
- Les incertitudes
Certaines puissances importantes vont être décisives par leurs choix.
Quel sera le positionnement géostratégique de l’Arabie Saoudite ?
Les informations sont contradictoires. Ex-ennemi juré de l’Iran elle devrait logiquement se placer en opposition à ce pays qui tend à devenir hégémonique au Moyen-Orient malgré les sanctions internationales.
Mais ce pays est en froid avec Biden (qui voulait sanctionner Mohammed Ben Salman pour le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi). Et malgré les efforts de Biden, la rupture paraît consommée. L’Arabie Saoudite soutenant les efforts Russes pour maintenir le cours du pétrole au plus haut se positionne clairement contre les USA et leurs itnérêts.
A la surprise générale, l’Arabie Saoudite a réussi – en même temps – à se rapprocher de l’Iran et d’Israël en 2023 de manière spectaculaire. Bien évidemment ce pays devra faire un choix. Et il sera sans doute décisif. L’Arabie reste marquée par l’intervention Américaine au Koweït et en Irak. La présence de troupes Américaines sur son sol restant une humiliation tenace.
La place de la Chine dans le rapprochement avec l’Iran est décisive. Pour rappel l’Arabie Saoudite et l’Iran sont opposés par la langue, l’ethnie (Arabe/Persan), la religion (Sunnite/Chiites), les frontières (limites dans le Golfe Persique) et la guerre (Au Yemen et en Syrie où ils soutiennent des camps opposés).
La Turquie devrait rester neutre. Elle garde depuis la seconde guerre mondiale cette stratégie d’équilibre qui lui réussit plutôt bien. Cela lui permet de faire un chantage efficace à toutes les parties et vendre des armes à tout le monde.
Son allié proche, l’Azerbaïdjan va soutenir Israël. Ses deux pays sont liés par leur opposition à l’Iran. Au détriment de l’Arménie qui a dû s’appuyer sur l’Iran (étant sa seule porte de sortie avec la Géorgie).
Le basculement ?
Reste le cas Russe. On sait depuis hier que des fonds ont été transférés depuis la Russie pour financer l’attaque du Hamas. L’alliance entre la Russie, la Corée du Nord, la Syrie et l’Iran permet de maintenir la Russie à flots pour l’instant. Reste à savoir si Poutine va aller jusqu’au bout de la logique en soutenant l’Iran contre Israël. L’Ukraine elle a déjà choisit son camp en soutenant Israël.
Il est probable qu’Israël pousse sa logique jusqu’à intervenir contre les intérêts Iraniens au Liban, en Syrie voire en Iran même. Peut-être le début d’un domino géopolitique dont l’issue sera une recomposition totale des