La France de 1945 à nos jours : une démocratie

Publié le 25 Juillet 2020

Programme

A – La France depuis 1945: politique et société

Notions

Régime politique.
Démocratie.
République.
Institutions.
Décolonisation.
Immigration.
Puissance.
Parité.

Mise en oeuvre

Cette question montre l’évolution de la place de la France dans le monde et en Europe depuis 1945. Sont aussi étudiées les transformations institutionnelles qui marquent la démocratie française en lien avec les évolutions du modèle républicain, alors que la société connaît de profondes mutations.

On peut mettre en avant :
 les réformes politiques et sociales du Gouvernement provisoire de la République française ;
 la fin de l’empire colonial français ;
 la Cinquième République et ses principales réformes institutionnelles ;
 les transformations de la société : démographie, immigration, place des femmes, évolution du Code civil pour de nouveaux droits des personnes (autorité parentale, évolution du mariage …) ;
 l’évolution de la puissance française (échelle européenne et mondiale).

 

B – Un sujet d’étude au choix :
 La guerre d’Algérie.

Ce sujet d’étude permet d’évoquer les différentes dimensions de la guerre d’Algérie : la spécificité du statut de l’Algérie, les différents mouvements indépendantistes, la mobilisation des appelés du contingent, les attentats, la torture, les accords d’Évian, les conséquences politiques et humaines de cette guerre, pendant et après le conflit, en Algérie et en France.

 L’évolution de la place et des droits des femmes dans la société française.

Ce sujet d’étude porte sur l’évolution de la société et des moeurs, et sur les combats et les changements des mentalités qui ont permis aux femmes, depuis 1944, d’accéder à une égalité de droits avec les hommes entérinée par une évolution du droit positif
(Constitution, Code civil …).

Thème 3 : La France de 1945 à nos jours : une démocratie

(3-4  heures)

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Introduction: Pour le cas Français cela s’inscrit dans une longue tradition d’Etat-Nation centralisateur, directif (Colbert, Révolution Française…). Ainsi on parle d’Etat Jacobin.

 

Problématique : Ce modèle d’Etat-Nation est-il compatible avec l’évolution du modèle de gouvernance contemporain:

- Décentralisation

- Progression de l’Union Européenne

- Mondialisation ?

 

I : L’Etat au cœur de l’après-guerre 1945-1958
A- La reconstruction

 

Le programme du CNR (Conseil National de la Résistance) insistait sur le rôle d’un Etat fort, interventionniste, inspiré du Keynésianisme* (relance de l'économie par l'Etat).  Ce consensus dépasse les clivages politiques et permet des avancées sociales importantes

 

comme le droit de vote des femmes (1944, effectif en 1945), a sécurité sociale (en 1945)

 

des nationalisations  l'industrie (comme Renault) et dans le secteur bancaire (Société générale, Crédit Lyonnais par exemple).

 

il s'agissait aussi, sous l'influence du parti communiste français, le plus grand parti en 1945, de faire « retour à la nation des grands moyens de production ». L' exposé des motifs de la loi indiquait qu'en raison de l'importance de leur réseau, les 4 grandes banques s'apparentaient à un service public et avaient un caractère national .Cette mesure ne fit quasiment pas débat dans l'opinion et obtint 94% des voix à l'Assemblée nationale.

 

Les besoins sont immenses, certaines villes sont détruites à plus de 90% (Saint-Nazaire, Lorient, Brest…)

 

Saint-Nazaire et sa base sous-marine en 1945

L'avenue de la République de St Nazaire en 1948 et 1957.

B- Les limites de  la IVème République

L’Etat se donne les moyens de retrouver une élite de fonctionnaire avec la création de l’ENA en 1945. Une institution décriée aujourd’hui (voir photo promo Voltaire page 179).

 

Le promotion Voltaire de 1980 est souvent citée en exemple d'un système de caste, fermé à la société civile et au monde de l'entreprise

Renaud Donnedieu de Vabres, ancien ministre de la Culture et de la Communication

François Hollande président de la République française, depuis le 15 mai 2012

Jean-Pierre Jouyet, ancien directeur du Trésor, ancien secrétaire d'État aux Affaires européennes,  puis secrétaire général de l’Élysée (avril 2014-).

Ségolène Royal, présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes, candidate du Parti socialiste pour l'élection présidentielle de 2007, ministre de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie depuis le 2 avril 2014

Michel Sapin, député de l'Indre, ancien président PS du conseil régional du Centre, ancien ministre du Travail, de l'Emploi et du Dialogue social, ministre des Finances et des Comptes Publics depuis le 2 avril 2014

Dominique de Villepin, diplomate, secrétaire général de la présidence de la République française de 1995 à 2002, ancien ministre des Affaires étrangères, ancien ministre de l'Intérieur, Premier ministre français de 2005 à 2007

 

L’Etat trouve néanmoins rapidement ses limites.

- 1947: Exclusion des communistes suite à l'acceptation du Plan Marshall.

- Blocages des salaires et mouvements de grèves importants.

- Echec de la Communauté Européenne de Défense (CED) en 1954.

Englué dans la guerre d’Indochine (1945-1954)  puis dans celle d’Algérie (1954-62) c’est un régime instable qui n’a pas les moyens d’imposer des réformes importantes. La faiblesse des institutions est illustrée en 1953 par l'élection, à l'issue de 13 tours de scrutin, du président de la République René Coty.

II : L’Etat providence 1958-1982
 
A – Une « certaine idée de la France »

Rappel du premier chapitre: Le 13 mai 1958, un Comité de salut public est constitué à Alger par les partisans du maintien de l'Algérie dans la France.
Pour éviter la guerre civile, le président Coty fait appel à de Gaulle qui prépare une nouvelle constitution.

Le retour de De Gaulle met en place un président fort. Avec le référendum de 1962 le président est élu au suffrage universel.

Rappel premier chapitre: Règlement des questions coloniales

Indépendance de l'Algérie, acquise en 1962, au terme des accords d'Evian. Décolonisation de l'Afrique noire française qui est effective dès 1960.

 

o   Création du nouveau franc (1958-2002)

 

o   Planification de l’économie.

o   Création de la DATAR (1963) pour aménager le territoire.

 

 

De grands projets pour réhabiliter la grandeur de la France.

 

Rejet la double hégémonie exercée par les États-Unis et l'URSS. La France se retire du commandement militaire intégré de l'OTAN. La France se dote d'une force de dissuasion nucléaire. De Gaulle privilégie le rapprochement franco-allemand, mais combat toute idée de supranationalité et s'oppose à l'adhésion du Royaume-Uni à la CEE.

 

  • Le concorde développé avec les britanniques (1969-2003)
  • Le bateau "France" (1962-1977-2006):
  •  
  • L'aérotrain (1945-1974)
  • Le sous-marin redoutable (1967-2002)
  •  
  • La série des fusée saphir, diamant, topaze  (1961-1975) précurseurs d'Ariane

 

Ces réalisations de prestige se heurtent à la réalité économique (vente du « France » devenu « Norway », échec commercial du concorde,  échec technique de l'aérotrain).

 

B- De nouveaux besoins de l’opinion publique

La génération des baby-boomers arrive à l’âge adulte et s’oppose à la vision Gaullienne de la société :

 

Vidéo de la chronologie de mai 1968

 

Daniel Cohn Bendit défie un CRS

La crise de mai 1968
Grève étudiante puis  grève générale de solidarité déclenchée par les syndicats.
Celle-ci débouche sur les accords de Grenelle qui sont rejetés par la base.
 François Mitterrand, soutenu par la gauche non communiste qui croit que le pouvoir est vaquant, se déclare candidat à la présidence de la République.

 

-  Liberté d’expression

- pluralisme dans les médias (voir doc 4 page 173).

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Critique de l'ORTF

 

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La France du Général de Gaulle version OSS 117

  • Place des femmes dans la société (accès au travail, contraception, avortement, divorce)
    • Démocratisation de l’école (les écoles ne sont pas mixtes et le collège est réservé à une "élite")

     

    De Gaulle disparaît puis réapparaît, s'adresse au pays à la radio, dissout l'assemblée, provoque des élections législatives gagnées par les gaullistes. 

    Le voyage à Baden-Baden (RFA)

    En 1969, au lendemain de l'échec du référendum sur la réforme régionale, il démissionne et se retire à Colombey où il meurt l'année suivante.

    Le voyage en Irlande

    "La continuité dans le changement"  Georges Pompidou (1969-1974)

    Fort développement industriel de la France, Pompidou est le dernier président des "30 glorieuses".

    - Roissy

    - Développement des villes nouvelles (Melun-Senart, Marne-la-vallée, Cergy Pontoise, Saint-Quentin en Yvelines)

    - Destruction des halles de Paris

    - Centre d'art contemporain "Georges Pompidou" au coeur de Paris.

    Le septennat est brutalement interrompu par la mort de Pompidou en avril 1974. Sa maladie (maladie de Waldenström) ayant été cachée aux français malgré un changement physique évident lié aux traitements.

    L’accession au pouvoir de Valery Giscard d’Estaing en 1974  et de Mitterrand en 1981  va – en partie – permettre d’accéder aux droits réclamés en 1968.

    Valéry Giscard d'Estaing (1974-1981), premier président non gaulliste de la Vème République

    Valéry Giscard d'Estaing nomme Jacques Chirac Premier ministre, mais les relations entre les deux hommes se tendent et le second démissionne en 1976. Il est remplacé par Raymond Barre.

    Le début de sa présidence est marqué par une grande volonté de jeunesse et de modernisation. Il souhaite une rupture avec le Gaullisme (De Gaulle, Pompidou).

     

    L'apparence, les médias

    - il donne des interviews en anglais, pose en complet veston pour la photo officielle, simplifie le protocole de l'Élysée et, cherchant à se rapprocher des Français, multiplie les occasions de se montrer à leurs côtés, notamment dans des dîners dans des familles.

- 1975: Fin de l'ORTF, naissance de TF1, Antenne 2 et FR3.

 

Néanmoins, toutes ces chaînes restent publiques. Il n'y a toujours pas de radios "libres" (privées).

-          1975 : Droit à l’avortement

-          1977 : Collège unique. (réfome Haby adoptée le "collège unique")

Le conservatisme perdure dans certains domaines

- Bien que personnellement favorable au remplacement de la peine de mort par la prison à vie « sans possibilité de remise de peine »  , Valéry Giscard d'Estaing refusa la grâce à trois condamnés à mort (Christian Ranucci en 1976, puis Jérôme Carrein et Hamida Djandoubi en 1977), estimant que tant que la peine de mort existait, elle devait être appliquée. Ce seront les dernières exécutions en France.

 

Il faudra attendree 1981 (et l'arrivée au pouvoir de François Mitterrand) pour voir la naissance des « radios libres » (privées)

Et 1984 pour la première chaîne de télévision privée (et payante), Canal +

L'économie se heurte à la crise sans remettre en cause -pour l'instant - le rôle de l'Etat.

 

- Lancement de l'étude sur le TGV.

- Deux chocs pétroliers brisent la dynamique des Trente glorieuses.

- Restauration en 1976 du changement d'heure pendant les mois d'été, mesure permettant une économie d'électricité pour l'éclairage du soir.

- Développement de l'énergie nucléaire civile.

- Apparition du chômage de masse.

C- Une remise en cause du rôle économique de l’Etat

 

Dès 1953 Pierre Mendès France admet les limites de l’action de l’Etat

(doc 2 page 73, « gouverner c’est choisir »).

 

L’Etat ne peut pas tout.

La libéralisation sociale est vécue comme un soulagement. Le courant néo-libéral commence alors à reprocher à l’Etat de trop intervenir aussi dans le domaine économique.

L’élection de François Mitterrand paraît alors en contradiction avec la période (élection de Reagan en 1980). 

Les nationalisations d’entreprises de divers secteurs paraissent alors « archaïques » aux yeux des libéraux.

III : Le rôle de l’Etat en mutation 1982 à nos jours.

 

L’échec de l’Etat à résoudre la crise économique née en 1973 (et toujours d’actualité) va discréditer l’action de l’Etat aux yeux de l’opinion publique. Il va alors déléguer ses pouvoirs.   

A – Un Etat qui délègue ses prérogatives

 

-          A l’Union Européenne : commerce, frontières, monnaie (traité de Maastricht en 1992, de Lisbonne en 2007).

 

  Le traité de Maastricht sur la monnaie unique, qui divise profondément les Français, n'est ratifié par référendum que d'extrême justesse. La constitution européenne sera rejetée en 2005.

 

-          Aux régions : Lois de décentralisations de 1982-83, 2003, 2015 ? Lycées, transports.

-          Aux départements : Collèges, fonctionnaires territoriaux

-          Aux actionnaires : Privatisation de nombreuses entreprises par vagues (1986, 1993) ou progressives (désengagement progressif de Renault)

L'Etat garde un rôle primordial dans:

- Les mesures sociétales.

Abolition de la peine de  mort en 1981, mariage pour tous en 2013.

- La préservation ou l'avancée d'acquis sociaux.

Retraite à 60 ans en 1981 (puis 62 ans en 2014), règlementation du temps de travail ( loi des 39h en 1981 puis 35h en 2000, 5ème semaine de congés payés en 1981)

- Le développement et la maîtrise des réseaux et del 'innovation technologique.

Mais il échoue dans la politique de relance économique keynesienne et se voit contraint à la rigueur dès 1983.

- Le chômage progresse

- La dette est de plus en plus élevée.

 

L'Etat délègue donc une partie de son rôle social aux associations:

- Fondation des restos du coeur par Coluche en 1985.

B- Une affirmation libérale de l’économie, une perte de la capacité à agir de l'Etat.

 

La cohabitation Mitterrand-Chirac (1986-1988 )

Après la victoire de la droite aux élections législatives de 1986, Jacques Chirac est appelé au poste de Premier ministre.
 
C'est une période de tension au sein de l'exécutif, conduisant à une relecture de la constitution et à un rééquilibrage des pouvoirs en faveur du Premier ministre.

 

Paradoxalement moins l’Etat est engagé économiquement plus les citoyens sont en attente d’un « sauvetage » de sa part.

 

1999 : Jospin "l’Etat ne peut pas tout".

Avec la crise économique le consensus social s'effrite, les réformes deviennent difficiles.

 

Les relations se crispent, le rejet de l'Etat et de son incapacité à agir concrètement s'accentue:

Les contestations sociales sociales peuvent être fortes voire violentes (1986,1995). Le pays est même confronté à des émeutes urbaines en 2005.

manifestation contre le projet de loi Devaquet qui voulait  introduire la sélection à l'Université en 1986.

 émeutes de 2005, des milliers de voitures brûlées, des entreprises détruites, deux mois d'état d'urgence.

 

La logique des grandes entreprises est transnationale (FTN), les techniques d’optimisation fiscales sont la règle dans une économie mondialisée.

 

Les gesticulations ministérielles (de droite ou de gauche) sont souvent vaines. La communication l’emporte sur l’efficacité. (ex doc 2 page 175).

Création d’un ministère du redressement productif dirigé par Arnaud Montebourg.

L'Etat tend à prendre des mesures symboliques notamment au niveau mémoriel (voir chapitre 1)

Le temps politique est trop long pour le temps médiatique.

La réduction du mandat présidentiel à cinq ans (quinquennat à partir de 2002) et  l'impossibilité de cumuler plus de deux mandats consécutifs  (2008) en sont les symboles.

 

Le "bashing politique" devient la règle, l'Etat de grâce n'existe plus

 

Sarkozy (2007-2012) Bashing

Hollande (2012- 2017)  Bashing

 

Les premiers ministres "durent" plus longtemps, mais pas forcément leurs gouvernements. Le rythme d'usure semble s'accélérer de nouveau ce qui n'est pas forcément bon signe pour l'exécutif.

C- Un Etat Schizophrène (1988-2014).

 

Pour compenser son inefficacité dans le domaine économique l'Etat accentue son rôle dans le domaine social, accentuant ainsi ses dépenses.

- 1988: Michel Rocard instaure le revenu minimum d'insertion ( RMI ) remplacé par le RSA en 2009.

- 1999 : Création de la  Couverture Maladie Universelle (CMU)

- 2002: Création de l'Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA)

Jacques Chirac (1995-2002-2007) a été élu sur le thème de la "réduction de la fracture sociale"

 

L'Etat ne renonce pas à son rôle de bâtisseur centralisateur tout en décentralisant ses activités.


 Voir les grands travaux de Mitterrand (1988-1995) à Paris

La France, une grande puissance militaire ? Les interventions militaires françaises à l'étranger sont de plus en plus fréquentes (jusqu’à 3 théâtres d’opérations en même temps :Centrafrique, Côte d’Ivoire, Mali). Elles répondent à une attente de l’opinion mais  sont difficilement supportable financièrement.

La France soutient les États-Unis lors de l'intervention en Afghanistan (2001), mais Jacques Chirac refuse d'intervenir en Irak (2003).

 

Quelques changement ont néanmoins été notables dans ce domaine:

- 1988: Accord de sortie de conflit ratifié par référendum en Nouvelle-Calédonie.

- 1996: Professionnalisation des armées

- 2009: Retour dans le commandement intégré de l'OTAN. Création d'une première base militaire française à l'étranger depuis 50 ans (EAU) dans un territoire qui n'est pas une ancienne colonie.

Conclusion

 

Faute de choix politique et idéologique clair (keynesien ou libéral ?), l’Etat se contraint à l’inefficacité. L’opinion publique paraît elle même partagée quant aux attentes vis-à-vis de l’Etat (moins d’impôts mais plus de recours à la justice, aux soins…).

Voir étude 3 page 180-181.

L'Etat peut néanmoins encore se montrer efficace s'il s'en donne les moyens. La lutte contrela mortalité sur la route en est un exemple.

 

La France tend aussi à s'ouvrir plus sur les autres cultures et se veut plus respectueuse de l'environnement. Symbole ou réalité concrète ?

Sujet d'étude: la guerre d’Algérie

Le fichier du cours complet  

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 Cet extrait n'est qu'un résumé.

 

Pbmtique : Pourquoi la mémoire du conflit est-elle si difficile ?

La mémoire n'est pas l'histoire, elle est une construction, un jugement sur une période historique. C'est un travail rigoureux, scientifique d'historien. Travail qui se heurte souvent à l'émotion de ceux qui ont vécu le conflit. La mémoire peut se perdre, changer, être sélective au fil du temps. Les archives restent et servent d'appui pour reconstruire le passé au-delà de l'affect. Ce travail est nécessaire pour mieux comprendre le présent.

 

Introduction : Contexte, repères 

 

1-      Colonisation

1830 : Colonisation.

Fichier:Carte du gouverrnement d alger 1835.jpg

Protectorat d'Alger en 1835

Motif officiel : Réprimer les actes de piraterie et la vente d’esclaves sur les marchés d’Alger.

Nov 1942 : L’Afrique du Nord est libérée par le débarquement américain, contrairement à la métropole.

8 mai 1945 : La commémoration de la fin de la seconde guerre mondiale tourne au massacre à Sétif et Guelma (102 européens tués puis  20 000 Algériens tués en représailles).

2-      Conflit

Un article détaillé sur le conflit 

1954 : Début du conflit avec la « toussaint rouge » ou « toussaint sanglante ». 9.4 millions d’Algériens musulmans, 1 million d’européens (pieds-noirs). Dans le même temps la France perd l’Indochine (Dien Bien Phu)

 

1957 : Sommet du conflit. Bataille d’Alger. Utilisation massive de la torture et des exécutions sommaires dans les deux camps.

1958 : Chute de la IVème Rep (1946-1958) à cause du conflit. Retour au pouvoir du général de Gaulle.

1961 : Algériens dans la Seine (17-18 octobre, Papon préfet de Paris), Charonne. Putsch de généraux contre l’indépendance.

1962 : Fin du conflit.

 

700 000 pieds-noirs et 80 000 harkis quittent l’Algérie pour s’installer en France.

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L’Organisation de l’Armée Secrète (OAS)  multiplie les attentats pour lutter pour le maintien de « l’Algérie Française » 

Les archives sont bloquées pour des raisons politiques dans les eux camps.

PARTIE I : La mémoire immédiate (1962-1970). 

 

A - Une colonisation injuste difficile à assumer

-          Expropriation des terres fertiles lors de la colonisation

-          Inégalité civique entre colons et indigènes

-          Non reconnaissance de la participation des indigènes aux deux conflits mondiaux pour la France

-          Libération du territoire par des troupes étrangères opposées à la colonisation (USA)

-          Un crime passé sous silence : Massacre de Sétif et Guelma le 8 mai 1945.

B - Une guerre niée et  « sale »

 

-          La France a le mauvais rôle. La colonisation est rejetée par l’ONU, les USA, l’URSS.

-          On parle « d’évènement » pas de « guerre » (jusqu’en 1999) malgré l’utilisation des conscrits.

-          La torture est utilisée massivement, ceux qui la dénonce sont arrêtés (général Pâris de Bollardière, Henri-Irénée Marrou, Henri Alleg) voire tués (Maurice Audin).

C- Une guerre « ensevelie » (Benjamin Stora )

 

-          Les pieds-noirs doivent se réadapter dans un contexte difficile (exode rural massif, naissance des cités). Ils se retrouvent souvent mélangés avec des immigrés maghrébins venus en France pour trouver du travail (30 glorieuses)

-          Une guerre à oublier pour la France. 1968 : Loi d’amnistie générale votée dans l’indifférence.

-          Le FLN impose sa dictature en Algérie (1965 : Boumediene président, FLN parti unique). Son pouvoir tient grâce à son rôle dans l’indépendance. La guerre devient un mythe. L’affrontement avec le MNA de Messali Hadj est passé sous silence.  (10 000 morts). L’opposition à la France devient un ciment national d’un pays qui n’existait pas avant la colonisation(+pb avec Berbères)  (financement du film « la bataille d’Alger de Gillo Pontecorvo en 1966. Voir Etude N°4 page 56-57 Magnard.

 

PARTIE II : L’apaisement propice au retour de la mémoire (1970…) 

 

A-     Les temps des revendications.

- Chaque groupe s’organise (Anciens combattants, Harkis, OAS, FLN), crée des associations et ont des revendications :

o   Accès aux tombes pour les pieds-noirs

o  Reconnaissance de combattants pour les harkis (jugés comme traîtres en Algérie)

o   Reconnaissance du conflit pour le PCF.

 

B-      Le travail des historiens commence

-   Malgré l’absence d’accès aux archives certains historiens se montrent précurseurs. Ils s’appuient sur les (très nombreux) témoignages.

o   Pierre Vidal-Naquet « La torture dans la République », 1972.

o   Charles-Robert Ageron «  Politiques coloniales au Maghreb », 1973.

-   Le cinéma essaie timidement de s’intéresser au conflit (contrairement aux USA avec le Viet Nam).  La censure baisse en intensité au fur et à mesure que l’on s’éloigne du conflit.

o   René Vautier  « Avoir 20 ans dans les Aurès », 1972.

o   Bertrand Tavernier « Une guerre sans nom », 1992.

 

C-      Le temps de l’acceptation.

-  1997 : Ouverture de certaines archives.

- 1999 : Reconnaissance de l’existence d’une guerre. Reconnaissance des anciens combattants (pension).

-  2000 : Reconnaissance de l’usage de la torture.  Général Paul Aussaresses (texte page 62. texte 3 page 47)

-  2002 : Création d’un mémorial  de la guerre d’Algérie. Voir carte des principaux lieux de mémoire (doc 3 page 45)

-  2012 : Visite de François Hollande en Algérie.

 

 

Conclusion : Un travail inachevé.

Les polémiques ne sont pas totalement apaisées.

-  L’histoire des harkis reste à écrire (voir pages 54-55)

-  2005 : Loi Mekachera sur les « bienfaits de la colonisation ».

Une mémoire bloquée en Algérie : MNA, nombre de morts, « génocide », rôle des berbères, de l’islam, tortures et massacres, rôle des harkis… (voir pages 56-57)

- Certains jugent que la France ne doit pas abuser de repentances (esclavage, collaboration, colonisation…)  

-   Lieux de mémoires conflictuels : Ex Palestro (page 50-51)

-   19 mars ou 5 décembre ? On s’affronte aussi sur la date de commémoration (page 58-59)

Rédigé par M. Orain

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