La France : la métropolisation et ses effets
Publié le 16 Août 2019
Thème 1 : La métropolisation : un processus mondial différencié (12-14 h)
Question spécifique: La France : la métropolisation et ses effets (4h)
Programme Smart Notebook pour TNI/TBI
Cours pour version Smart Notebook pour TNI/TBI
Un grand merci à Catherine Jossi pour son aide très précieuse.
Programme:
Depuis 2007, la moitié de la population mondiale vit en ville ; cette part ne cesse de progresser. Cette urbanisation s’accompagne d’un processus de métropolisation : concentration des populations, des activités et des fonctions de commandement. En dépit de ce que l’on pourrait identifier comme des caractéristiques métropolitaines (quartier d’affaires, équipement culturel de premier plan, nœuds de transports et de communication majeur, institution de recherche et d’innovation…), les métropoles sont très diverses. Elles sont inégalement attractives et n’exercent pas la même influence. À l’échelle locale, l’étalement urbain combiné à l’émergence de nouveaux centres fonctionnels (dans la ville-centre comme dans les périphéries) contribuent à recomposer les espaces intramétropolitains. Cela se traduit également par une accentuation des contrastes et des inégalités au sein des métropoles.
Activité de contrôle continu
- 1 h : Travail en groupes en salle informatique :
5 études de cas . Deux groupes de trois élèves par ville.
- Londres pour la question 1: groupe 1 groupe 2
- Mégalopolis de BosWash pour la question 1: groupe 3 , groupe 4
- Mumbai pour la question 2: groupe 5 , groupe 6
- Grand Paris pour la question 3: groupe 7 , groupe 8
- Bordeaux pour la question 3: groupe 9 , groupe 10
groupe 11
à Présentation orale de chaque groupe avec diaporama : 5 minutes par groupe soit 1 h au total.
Introduction
La France possède 66,9 millions d'habitants en 2019 dont 65 millions en métropole.
Les Français vivent très majoritairement dans les villes (82%) et celles-ci structurent le territoire français.
Problématiques
- Quel est le poids de Paris dans la hiérarchie métropolitaine française ?
- Comment les métropoles régionales peuvent-elles renforcer leur attractivité ?
- Quelles en sont les conséquences sur le tissu urbain ?
Paris est la deuxième plus grande métropole d'Europe.
Paris est une des rares villes globales de rayonnement mondial (avec New-York, Tokyo, Londres). Elle est la quatrième ville mondiale inclue à l'AMM (Archipel Megalopolitain Mondial)
- Son aire urbaine est supérieur à 12,5 millions d’habitants (Lyon, la 2ème ville française est seulement classée 33ème ville européenne en nombre d’habitants).
- Région métropolitaine de dimension mondiale : Paris-Île-de-France
- Poids politique et diplomatique car capitale et siège d’institutions internationales (ex : UNESCO)
Paris concentre les pouvoirs
Carte de la France en anamorphose, basée sur les temps de trajet en train depuis Paris, qui illustre bien la révolution de la grande vitesse ferroviaire (source Audiar, agence d'urbanisme de Rennes)
Paris est un hub (plate-forme de correspondance, zone d'interface privilégiée par sa position spatiale et ses infrastructures de communication.) à l'échelle mondiale
ex: Aéroports d’Orly et de Roissy (2ème aéroport mondial). Ses fonctions logistiques sont importantes.
Un rayonnement culturel et une attractivité touristique très forte en matière d'IDE (Investissements Directs Étrangers) grâce aux grandes réalisations architecturales et à son patrimoine historique et naturel (Louvre, Tour Eiffel).
Louvre, Disneyland, Versailles, Tour Eiffel. C’est un pouvoir économique important (89 millions en 2017, 100 millions de touristes visés en 2024).
30% du PIB français avec La Défense (1er quartier d’affaires d’Europe), le pôle Paris-Saclay (grdes écoles, centres de recherche et universités)
1- Etude de cas, le grand Paris.
- Créée en 2016, la Métropole du Grand Paris réunit Paris à 123 communes de la Petite couronne pour développer une gouvernance à l’échelle de l’agglomération.
- Projet du Grand Paris Express : priorité donnée à une gestion durable des mobilités pour les liaisons Paris-banlieues et surtout entre banlieues
Objectifs:
- Améliorer l’accessibilité internationale : développement de Roissy et Orly
- Maintenir la compétitivité de la métropole à l’échelle mondiale, freiner les inégalités territoriales
- Influence écrasante de la capitale qui a limité le développement des villes les plus proches (Rouen, Reims) et maintient dans la dépendance les villes plus éloignées.
- Problème de la gouvernance : quelles compétences et pour qui ? Etat, collectivités territoriales ?
- Problème environnemental: Le premier grand projet connu à l’heure actuelle, et rendu possible grâce au Grand Paris, est Europa City, une sorte de village-loisir de plus de 80 hectares qui devrait voir le jour en 2024 à Gonesse (Val d’Oise).
150 000 m2 de surfaces de loisirs
50 000 m2 de surfaces culturelles
2 700 chambres d'hôtels
230 000 m2 de surfaces commerciales
100 000 m2 de parc urbain
100 000 m2 d'espaces en plein air à usage public
70 000 m2 de ferme urbaine
20 000 m2 de restaurants
20 000 m2 pour les congrès et séminaires.
Un énorme sacrifice de terres agricoles
Autre problème en périphérie de Paris : Paris-Saclay
Paris-Saclay est un pôle scientifique et technologique (cluster) en cours d'aménagement à vingt kilomètres au sud de Paris, sur une zone couvrant 27 communes des départements de l'Essonne et des Yvelines. Sa construction, lancée en 2006, doit durer quinze à vingt ans pour permettre de regrouper à terme entre 20 et 25 % de la recherche scientifique française. Le projet Paris-Saclay vise à regrouper organismes de recherche, grandes écoles, universités et entreprises privées afin de créer un pôle d'excellence scientifique et technique de dimension internationale, comparable à la Silicon Valley ou à la région de Cambridge.
Liens: Préservons les terres : demandons l'arrêt du méga-projet Paris-Saclay !
Aurélien Bellanger : De mon point de vue, ce serait une erreur d'aller vivre ailleurs. Il n'y a qu'une seule vraie ville en France, c'est Paris. Certes, les avantages de la capitale sont plutôt mystérieux. Paris est trop petit, trop cher, trop concentré. Mais si on veut détenir du pouvoir économique, culturel et bien sûr politique, il n'y a pas vraiment d'alternative. La proximité des instances de gouvernement, des médias, des sièges sociaux des grandes entreprises, tout cela fait que Paris reste la capitale des ambitieux de France. Il existe un pacte indéfectible entre l'ambition et Paris. L'argument de la qualité de vie est une façon de requalifier ou d'abandonner ses rêves. Paris ne pose aucun problème aux gens qui réussissent. Et les difficultés de la ville constituent un motif supplémentaire de satisfaction pour tous les Rastignac de France qui parviennent à leurs fins.
A vos yeux, Paris ne laisse donc aucune place aux autres métropoles françaises, telles Lyon, Nantes, Bordeaux ou Toulouse ?
Paris écrase démographiquement les autres villes. Il y a quelque chose de sacrificiel par rapport au reste du territoire. Il est d'ailleurs assez miraculeux qu'un pays comme la France, en voie de déclassement sur la scène mondiale, garde une capitale toujours présente sur la carte des villes-monde. En même temps, sur 12 millions d'habitants, seuls 2 millions sont traités comme de véritables résidents de Paris ; les autres sont considérés comme des Franciliens, des banlieusards, relégués au second plan : c'est un échec majeur d'intégration urbaine, un véritable naufrage urbanistique de la région parisienne.
Ce qui explique le départ vers des grandes villes plus accueillantes...
En effet, il est plus agréable de vivre dans le quartier central d'une grande ville plutôt que d'être relégué à la périphérie de Paris comme un citoyen de second rang. Ce qui a "déprovincialisé" la province, plus que les projets d'aménagement du territoire, c'est la remise à plat, par la culture numérique, des privilèges que détenait Paris. Avant, ce qui sautait aux yeux en province, c'était la lourdeur de la bourgeoisie. Aujourd'hui, ce qu'on voit dans des villes comme Nantes, Bordeaux, Lyon, c'est une série de symboles de la ville et de la vie parisienne : de bons restaurants, des loisirs raffinés, des déplacements alternatifs ; en bref, des centres-villes à la mode parisienne, en plus fonctionnels et moins denses. Et une élite qui reprend les mêmes codes. Grâce aux TGV, de petits Paris se reproduisent en province. Il leur manque cependant la griffe du showbiz, ce succédané d'aristocratie qui n'appartient qu'à Paris.
Angers, première ville de notre palmarès des villes où il fait bon vivre, cela vous étonne-t-il ?
Ce qui me frappe avec des villes comme Angers, c'est qu'elles ont réussi cette chose sur laquelle Paris a échoué : un mini "Central Park" au coeur de la cité. Le végétal est absent de Paris, les bois de Vincennes et de Boulogne sont trop périphériques, les parcs de Sceaux et de La Courneuve sont éloignés en banlieue. Paris est constitué comme une ville asiatique. Ce n'est pas normal d'être aussi nombreux par kilomètre carré avec aussi peu d'espaces verts !
Par Valérie Lion, publié le 22/09/2018 : https://www.lexpress.fr/region/il-n-y-a-qu-une-seule-vraie-ville-en-france-c-est-paris_2034239.html
Paris, avec 12,5 millions d’habitants dans les limites de l’aire urbaine, s’affirme comme
une ville mondiale dans toutes ses dimensions. Mais elle doit aussi se projeter dans l’avenir pour relever des défis sociaux et spatiaux, dans le cadre du Grand Paris.
1- Quels sont les atouts et les faiblesses de Paris, ville mondiale ? groupe 7
Correction de l'activité
3- A quels défis socio-spatiaux le grand Paris doit-il répondre ?
A l'aide des documents et de vos connaissances complétez les schémas ci-dessous.
- Progression des pouvoirs d’aménagement, d’enseignement supérieur et de développement économique (lois de décentralisation à partir de 1982).
Hors Paris, les aires urbaines les plus dynamiques se trouvent en périphérie (hors de sa zone d'influence)
Ces métropoles tentent de renforcer leur attractivité notamment en rénovant leurs centres villes (Euralille, l'île de Nantes, Confluences à Lyon, Euroméditerranée à Marseille) ou en développant de nouveaux quartiers (cité du vin à Bordeaux). Elles sont en compétitions avec les autres métropoles Européennes de taille comparable.
On parle alors de requalification urbaine. Cela fait partie d'une plan de marketing territorial. On aménage les centre-villes, on piétonise certains quartiers, on travaille sur l'identité de la ville: on recherche l'originalité pour séduire.
Rappel: cela participe au mouvement de Gentrification. La gentrification (mot anglais de gentry, « petite noblesse ») est un phénomène urbain d'embourgeoisement. C'est le processus par lequel des arrivants plus aisés s'approprient un espace initialement occupé par des habitants ou usagers moins favorisés
- Les plus dynamiques se localisent à l’Ouest et au Sud de la France car bien connectées aux réseaux de transports et/ou spécialisées dans les hautes technologies (ex : Toulouse, Grenoble).
- Les métropoles du Nord, de l’Est et du Centre ont souffert des crises industrielles. Leur attractivité résidentielle est inférieure aux métropoles proches des littoraux et au passé peu industrialisé.
Attention : Il faut différencier dynamiques spatiales (solde migratoire) et les dynamiques démographiques (solde naturel)
B - Etude de cas : Bordeaux.
1: La place de Bordeaux dans les métropoles françaises groupe 9
Créée en 2017, la métropole de Bordeaux réunit 29 communes. Métropole avant tout régionale, elle développe des relations avec les nombreuses villes moyennes de la région.
2 - Quelles sont les relations de Bordeaux avec les villes petites et moyennes de Nouvelle-Aquitaine ? groupe 10
3- Quelles mutations renforcent cette métropole régionale ? groupe 11
À la tête de la Nouvelle-Aquitaine, Bordeaux est une des métropoles régionales les plus dynamiques et attractives de France. Elle est à deux heures de Paris depuis 2017, avec la création d’une LGV.
La « belle endormie » est en pleine réhabilitation mais certaines inégalités persistent.
RÉDIGER LE BILAN :
À l’aide des deux questions rédiger un bilan de l’étude de cas : Bordeaux,
métropole de la Nouvelle-Aquitaine.
1. Pourquoi Bordeaux est-elle une métropole nationale ?
2. Dans quelle mesure Bordeaux dynamise-t-elle les villes
de la Nouvelle-Aquitaine ?
930 villes entre 10 et 100 000 habitants (22 millions de français), aujourd’hui en crise car :
- Les populations jeunes et aisées partent vers les métropoles
- la périurbanisation vide les villes centres
- départ des services et surtout des commerces en périphérie.
Intégration progressive aux métropoles régionales proches (Albi, Sète…) ou drainage des espaces ruraux alentours (Aurillac, Cahors…).
Déclin dû à la désindustrialisation (Nevers, Fécamp…) : 82 % des villes moyennes ont un taux de chômage supérieur à la moyenne nationale.
Attractivité résidentielle sur les littoraux atlantique et Méditerranéen, et dans le Sud : retraités et touristes, générant des emplois de services, mais aussi une spéculation immobilière source d’inégalité.
Tentatives de coopération (Fédération des villes moyennes)
Actions de rénovation urbaines
à Aides publiques de l’État : 222 villes bénéficient depuis 2018 du plan « Action Cœur de ville » ciblant la réhabilitation des logements et la revitalisation des commerces des centres-villes. il est encore trop tôt pour percevoir des résultats concrets.
- Résultat de l’étalement urbain qui a alimenté les banlieues (où vivent un quart des français) et de la périurbanisation (recherche d’un habitat individuel et d’un « sentiment de nature »)
Entre 1945 et 1975 la croissance urbains s'est réalisée par l'extension spatiale de la ville-centre.
Les banlieues ne sont pas constitués uniquement de grands ensemble. Il y a eu aussi un étalement pavillonnaire (processus de getthoïsation spatiale).
Depuis 1975, le mouvement s'est accentué. On part de plus en plus loin de la ville centre, c'est le mouvement de périurbanisation qui n'est pas sans inconvénients.
- Ce développement des mobilités s'est déroulé en même temps que l'apparition de nouvelles fonctions en périphérie : la zone commerciale devient un nouveau centre.
- Résultat de la hausse des prix de l’immobilier dans les centres-villes : gentrification et multiplication des bureaux et commerces.
La fragmentation socio-spatiale c'est le fait d'avoir des espaces urbains (quartiers) contigus sans lien entre eux à cause des écarts sociaux (richesse/pauvreté). C'est une des formes de la fracture sociale. Selon les prix des terrains très variables dans l’espace périurbain.
- Les grands ensembles qui avaient représentés un réel progrès social à leur création sont désormais boudés par la population en raison d'un déficit d’investissements et de leur dégradation. Ils se juxtaposent alors avec des banlieues pavillonnaires. Accentuant ainsi le contraste. cela donne un urbanisme excluant (faible mixité sociale).
- Existence de bidonvilles dans certaines villes d’Outre-mer.
Pendant ce temps, les résidences sécurisées fermées (« gated community ») se développent... Ils représentent 20 % des logements à Marseille.
Les politiques de la ville ont été peu efficaces pour résoudre le problème.
Leur objectif depuis les années 1970 est d'atténuer cette "fracture sociale".
Bilan
Malgré les efforts de l'Etat (loi SRU votée en 2000 qui impose 20% de logement sociaux par commune en 2020 non respecté à 45% en 2010) la fracture spatiale et sociale tend à s'accentuer.
Le bilan des actions pour réduire la fracture urbaine et freiner l’étalement urbain paraît donc bien mitigé (émeutes en 2005, taux de chômage et délinquance élevé, économie parallèle).
- Par la politique de la ville depuis les années 1960 : rénovation urbaine par des mesures favorisant les quartiers prioritaires (1 500 quartiers, dont 200 dans les DROM).
- Par la loi SRU (Solidarité et Renouvellement Urbain) pour la mixité sociale s'est durcie et oblige certaines municipalités de plus de 3 500 habitants à avoir 25 % de logements sociaux. certaines communes encadrent les loyers (notamment Paris).
- Par l’obligation à la coopération des différentes communes des aires urbaines :
- Création d'un SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale) permettant de planifier la croissance urbaine et de contrôler les mobilités internes.
- Création d'un PDU (Plans de déplacement urbains) pour créer des alternatives à l’auto : les mobilités douces internes à la ville-centre (ex : vélos en libre-service, tramway …) (Ex : Grenoble)
Conclusion
Le processus de métropolisation concerne les villes à toutes les échelles, mais à des degrés différents selon leur taille. Elle renforce les polarités urbaines et des inégalités territoriales.
Les mouvements de population (accroissement naturel et migrations internes) continuent de renforcer les aires urbaines. Le processus d’urbanisation se traduit par une spectaculaire extension spatiale, ce qui rend de plus en plus difficile de définir ce qui est urbain. Il faut donc s’interroger sur les notions de ville, d’agglomération, de métropole...
Sources:
- J.-P. Paulet,La France : villes et systèmes urbains, Armand Colin, 2010.
- L. Cailly et M. Vanier,La France. Une géographie urbaine, Armand Colin,2010.
- Base documentaire du Secrétariat général à la ville : http://i.ville.gouv.fr
- Géoconfluences :http://geoconfluences.ens-lsh.fr
- Bande annonce film « L’outsider » 2016
- Lyon : « Le futur de la Part-Dieu entre gratte ciel et développement durable » 6mn21
- Marseille quartiers fermés : 3mn58
- Désertification des centres-villes :
- Paris La Défense : This is where it's happening - Paris dépasse New York : 1 mn 10