La France et la construction de nouveaux États par la guerre et la diplomatie
Publié le 15 Août 2019
Thème 2 : La France dans l’Europe des nationalités : politique et société
(1848-1871)
(11-13 heures)
Chapitre 3. La France et la construction de nouveaux États par la guerre et la diplomatie
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Objectifs : Ce chapitre vise à montrer le rôle de la France lors de la construction des unités italienne et allemande. Cette politique d’unification est menée par des régimes monarchiques qui s’appuient sur le mouvement des nationalités, la guerre et la diplomatie.
On peut mettre en avant :
la participation du Second Empire à la marche vers l’unité italienne ;
la guerre de 1870 qui entraîne la chute du Second Empire et permet l’unité allemande.
Points de passage et d’ouverture :
Le rattachement de Nice et de la Savoie à la France.
1871 – Bismarck et la proclamation du Reich
Introduction:
Alors que les populations européennes découvrent au milieu du XIXe siècle la modernité urbaine, sociale et économique, le continent est dominé par des régimes réactionnaires à la suite de la répression du Printemps des peuples (1848). Napoléon III, désireux de refaire de la France une grande puissance, favorise les mouvements nationaux. De nouveaux États‑nations se construisent, par la guerre et la diplomatie : l’équilibre géopolitique de l’Europe se modifie profondément.
Napoléon III reprend les acquis de la Révolution française, notamment l’idée du droit des peuples à disposer d’eux‑mêmes, ainsi que l’idéal de liberté. Ces idées sont populaires et diffusées dans le continent européen malgré la répression du Printemps des peuples
2 - L’héritage de Napoléon Ier
L’empereur s’appuie sur le principe d’autodétermination des peuples et leur aspiration à l’unité, une politique que son oncle avait lui‑même favorisée. Paris accueille les émigrés nationalistes italiens, polonais, croates, roumains, etc. Napoléon III fait un temps du comte Walewski un membre clé de sa diplomatie.
3- Un argument de politique intérieure.
Se poser en défenseur de l’autodétermination des peuples permet à Napoléon III de trouver des appuis populaires et nationalistes en France puis en Europe. Il s’agit donc d’une stratégie diplomatique visant à conforter la puissance de la France et l’autorité de l’empereur.
1- La France aide les mouvements nationaux.
La diplomatie française impériale soutient de nombreux mouvements autonomistes ou indépendantistes. Napoléon III aide les Italiens, les Bulgares, les Serbes, etc. Le soutien français est notamment déterminant dans l’unification des deux principautés roumaines entre 1856 et 1859.
2- De nombreuses réussites.
Cet engagement permet à Napoléon III de montrer que la France est une grande puissance militaire : en Crimée contre la Russie, en Italie contre l’Autriche. Entre diplomatie secrète et grandes réunions diplomatiques multilatérales, l’empereur affirme la place de la France sur l’échiquier européen. L’organisation du congrès de Paris (1856), présenté comme une correction du congrès de Vienne (1815), lui permet de se poser comme le chef d’orchestre du concert des nations
1 - Des unifications qui dépassent les attentes de la France...
Si l’unité des États‑nations se fait grâce à l’appui français, elle ne sert pas toujours le pays. L’unification italienne apporte à la France la Savoie et Nice en 1860. Mais le processus continue et de moins en moins avec l’appui direct de Napoléon III : il s’achève en 1870 après plusieurs guerres.
2- … et se retournent contre Napoléon III.
Alors que Napoléon III avait, par un pacte secret, d’abord soutenu la Prusse contre l’Autriche en 1866, Bismarck se retourne contre lui en 1870 : l’unité allemande se fait par la chute de Napoléon III, la défaite de la France et l’annexion de l’Alsace‑Lorraine.
1- L’unité populaire a été réprimée après 1848.
Au début des années 1850, le Printemps des peuples appartient au passé. Les princes conservateurs ont restauré leur pouvoir, souvent par la force et la répression.
2- L’unité voulue.
Dans la péninsule italienne, le souvenir de la puissance de la Rome antique demeure. De même, en Allemagne, l’idée d’une unité s’appuie sur le souvenir du Ier Reich, le Saint‑Empire romain germanique établi en 962 et détruit par Napoléon Ier suite à la bataille d’Austerlitz (1805). Des souverains s’emparent de ces symboles de puissance passée.
1- Bismarck, artisan de l’unité.
Issu du monde des junkers et profondément conservateur, Otto von Bismarck est chancelier du royaume de Prusse à partir de 1862. Sa priorité est de reconstruire le Reich perdu de 1806.
2- Construire l’Allemagne contre les voisins.
La Prusse mène d’abord la guerre contre le Danemark (guerre des Duchés) puis contre l'Autriche (victoire de Sadowa en 1866). La victoire de Sedan débouche enfin sur la conquête de l’Alsace et de la Moselle.
3- La Prusse absorbe les États allemands.
L’affrontement contre Napoléon III (1870‑1871) permet de réaliser l’unité des autres États allemands autour de la Prusse face à un ennemi commun. En 1871, les États du Sud restés indépendants, comme la Bavière, intègrent le nouvel État‑nation. Guillaume devient kaiser du Deuxième Reich en 1871
1- Le rôle du royaume de Piémont‑Sardaigne.
Le petit État, dirigé par Victor‑Emmanuel II, se modernise et se pose comme l’artisan principal de l’unification italienne. Mais sans une aide étrangère, le Piémont ne peut pas lutter contre l’Autriche, beaucoup plus puissante militairement.
2- La France en appui.
Napoléon III décide dès 1858 de soutenir le Risorgimento. En 1859, la guerre éclate entre l’Autriche et la France alliée au Piémont. Les alliés l’emportent à Magenta (4 juin 1859) et la France obtient en 1860 la Savoie et Nice en échange de son aide. Garibaldi pousse les peuples du Centre et du Sud à se révolter et l’unité italienne se construit peu à peu.
3- L’unité sans la France.
En 1866, l’Italie soutient la Prusse contre l’Autriche : elle obtient la Vénétie sans l’aide de la France. Cette dernière décide de soutenir le pape Pie IX à Rome, qui s’oppose à l’unité italienne. La défaite de Sedan entraîne le retrait de la France et Rome, envahie, devient la capitale du royaume italien.
1- Les nouveaux États évincent d’anciens dirigeants.
La construction des États‑nations engendre l’effacement progressif de vieilles dynasties : les Bourbons d’Italie du Sud, par exemple, perdent leur trône de Naples.
2- Les guerres d’unification laissent de mauvais souvenirs.
Le nouvel État est généralement né par la guerre : le processus allemand est le plus meurtrier. Ces guerres laissent le souvenir des morts et des destructions, en particulier parmi les vaincus.
3- Le cas de l’Autriche‑Hongrie.
Les Habsbourg s’adaptent à ce nouveau contexte et accordent une autonomie à la Hongrie en 1867 : l’Empire autrichien devient l’Autriche‑Hongrie. Les aristocrates hongrois comme Kálmán Tisza sont de plus en plus indépendants en termes de politique intérieure. La dynastie tente de surmonter les divisions culturelles, notamment en valorisant la figure de François‑Joseph Ier.
1- Des États-nations inaboutis.
L’idée était de réunir autour d’un même monarque les populations parlant une même langue. Mais les nouvelles frontières ne remplissent pas cet objectif. L’Europe, en particulier l’Europe centrale et orientale, reste une complexe mosaïque de peuples, de langues, de religions et d’États.
2- Des frustrations.
En Allemagne, les pangermanistes veulent se réunir avec l’Autriche. En Italie, Victor‑Emmanuel a délaissé plusieurs territoires où des Italiens sont laissés sous domination extérieure, notamment la Dalmatie. Partout en Europe, en particulier dans l’Empire autrichien, les peuples qui n’ont pas obtenu leur indépendance ou l’autonomie la demandent en s’appuyant notamment sur leur identité culturelle. Pour les pouvoirs en place, la création d’une culture commune devient le nouvel enjeu.
1- La place de la France.
Plusieurs États naissent en se détachant de la France ou contre celle‑ci. En réaction se développe en France un nationalisme de rancœur qui aspire à la Revanche contre l’Allemagne. Après la chute du Second Empire, la France républicaine est isolée dans une Europe très largement monarchique.
2- La radicalisation des mouvements.
L’unité par « le haut », par les dirigeants et les monarchies, ne satisfait pas entièrement les aspirations des peuples. Beaucoup, notamment dans les Balkans, revendiquent plus de libertés et ressuscitent les idéaux de 1848. D’autres veulent une unité complète, comme les Slaves du Sud.
3- De nouvelles tensions.
Les nouveaux États s’opposent fréquemment entre eux pour des querelles frontalières ou commerciales. L’essor économique et maritime de l’Allemagne, l’expansionnisme russe, les nombreuses tensions dans les Balkans rendent l'équilibre géopolitique européen très fragile.
Sources: