Éloge de la démocratie par Périclès

Publié le 5 Décembre 2017

Eloge de la démocratie par Périclès

 

« Notre constitution politique n'a rien à envier aux lois qui régissent nos voisins ; loin d'imiter les autres, nous donnons l'exemple à suivre. Du fait que l'État, chez nous, est administré dans l'intérêt de la masse et non d'une minorité, notre régime a pris le nom de démocratie. En ce qui concerne les différends particuliers, l'égalité est assurée à tous par les lois ; mais en ce qui concerne la participation à la vie publique, chacun obtient la considération en raison de son mérite, et la classe à laquelle il appartient importe moins que sa valeur personnelle; enfin nul n'est gêné par la pauvreté ni par l'obscurité de sa condition sociale, s'il peut rendre des services à la cité. La liberté est notre règle dans le gouvernement de la république et, dans nos relations quotidiennes, la suspicion n'a aucune place ; nous ne nous irritons pas contre le voisin, s'il agit à sa tête ; enfin nous n'usons pas de ces humiliations qui, pour n'entraîner aucune perte matérielle, n'en sont pas moins douloureuses par le spectacle qu'elles donnent. La contrainte n'intervient pas dans nos relations particulières ; une crainte salutaire nous retient de transgresser les lois de la république ; nous obéissons toujours aux magistrats et aux lois, et, parmi celles-ci, surtout à celles qui assurent la défense des opprimés et qui, tout en n'étant pas codifiées, infligent à celui qui les viole un mépris universel. »

 

Thucydide, Histoire de la guerre du Péloponnèse, II, 36-43, V` siècle av. J.-C.

 

Sujet : « Après avoir présenté le document (nature, date, auteur, contexte) vous expliquerez en quoi Périclès présente un discours orienté (non neutre) de la démocratie et en quoi il peut être remis en cause».

 

Ce document est un discours prononcé par Périclès, grand stratège Athénien, en l'honneur des soldats morts au combat, durant la guerre du Péloponnèse (conflit opposant Athéniens et Spartiates). Cette traduction, issue du livre II de l'histoire de la Guerre du Péloponnèse, écrit en 423-411 avant JC, est l'oeuvre de Thucydide, historien Grec réputé considéré comme l'un des plus grands et le premier à expliquer les évènements par la raison, en les distinguant de la Mythologie et de l'intervention des Dieux. Périclès, tente, de démontrer les avantages de son système politique. En effet ce système est unique à l'époque et est donc décrié.

 

 I - Bases du système démocratique

Pour Périclès, la démocratie « sert les intérêts de la masse des citoyens et pas seulement d'une minorité » à la différence d'un régime oligarchique (où d'un seul homme pour une tyrannie. Ce système repose sur trois critères fondamentaux: l'égalité devant la loi (isonomie), l'égalité de pouvoir (isocratie) et l'égalité de parole (isagoria)

A Athènes, il s'agit d'une démocratie directe. Périclès le rappelle en disant que « nous intervenons tous personnellement dans le gouvernement de la cité au moins par le vote ou même en présentant à propos nos suggestions ». En effet, tous les 10 jours environ, les citoyens se réunissent en assemblée (L'Ecclésia ) sur la colline de la Pnyx pour décider de toutes les affaires importantes et voter les lois à main levée. Chaque citoyen dispose d'une entière liberté de parole (et du même temps) et peut proposer des amendements sur les projets de lois, proposés par la Boulé.

Celle-ci est un conseil de 500 membres, choisis par tirage au sort pour un an. Elle prépare les séances de l'Ecclésia, fait appliquer ses décisions et surveille les magistrats.

Deux tribunaux se partagent les affaires de justice : L'aréopage ( dirigé par les archontes qui juge les meurtres ) et l'Héliée, composé de 6 000 citoyens tirés également au sort pour un an. Les désignations des bouleutes et héliastes par tirage au sort donne à tous les citoyens des chances égales d'exercer des fonctions politiques.

Enfin, les magistrats veillent à l'exécution des lois. Les plus importants sont les dix stratèges qui dirigent l'armée et la politique extérieure d'Athènes. Par contre, ces stratèges étaient selon Périclès « désignés selon leur mérite plutôt qu'à tour de rôle ». En effet, il était vital pour la cité de désigner les citoyens les plus compétents pour les fonctions majeures, aussi les stratèges sont-ils élus par l'Ecclésia pour un an renouvelable.

 

II -  Périclès présente-t-il un discours réaliste ?

 

Périclès le proclame « nous sommes égaux devant la loi ». En effet, à Athènes, l'égalité est assurée en droits, juridiquement, c'est l'isonomie. Les citoyens qu'ils soient riches ou pauvres, bénéficient de droits politiques et civils et ont les mêmes devoirs. Seul « le mérite » peut introduire des distinctions dans ce système, d'où l'élection des stratèges plutôt que leur tirage au sort.

Mais cela n'est pas vrai pour tous les Athéniens. La citoyenneté n'est accordée qu'à une faible minorité de la population. Les femmes, les métèques, les esclaves en sont exclus.

Seul un quorum de 5000 personnes assiste aux débats à l'ecclesia (les ruraux éloignés de la ville ou pour les plus pauvres pouvant difficilement se permettre de perdre une journée de travail, même si le misthos compense en partie cette perte de revenus.

Les Magistratures importantes restent encore, quoiqu'en dise Périclès, réservés aux citoyens les plus riches.

Enfin, les assemblées subissaient l'ascendant de brillants orateurs, ayant reçu une éducation coûteuse (cours de rhétorique). Aussi, dans une cité où l'art de la parole était prépondérant, l'égalité entre tous les citoyens était en partie théorique. Sans compter la présence d'une certaine démagogie, voire d'une corruption possible.

 

III- Un régime hors normes

 

Le système Athénien reste exceptionnel d'égalitarisme pour l'époque. Même si certains sont exclus du système ils ne sont pas pour autant complètement oubliés. Ainsi ils participent à la vie religieuse (grandes panathénées) qui fait partie intégrante de la vie civique. Ces fêtes sont l'occasion d'affirmer l'unité, la grandeur de la cité et de souder l'empire Athénien.

D'après Périclès, Athènes rayonne sur « toute la terre », en réalité plus modestement dans tout le bassin méditerranéen. Elle est un carrefour commercial mais se montre aussi impérialiste à travers la ligue de Délos. Elle vit donc "à crédit" au dépend des autres (Les cités alliées devant un serment d'obéissance, le paiement d'un tribut en argent.

 

Conclusion

Ce document, nous renseigne sur l'idée que les Athéniens avaient de leur système politique et d'eux-mêmes. Ainsi, Thucydide l'Athénien, par la bouche de Périclès, donne une vision idéalisée de la démocratie de sa cité. Ce texte résume les fondements du régime mais en masque les limites et imperfections. 

 

Pour aller plus loin:

- Un résumé du cours

- Le cours en version TBI  http://muides2.free.fr/smart.jpg 

Rédigé par M. Orain

Publié dans #Cours de seconde

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